31 oct. 2006

La mauvaise idée du jour

Ce matin, George, mon ami américain (oui, moi aussi, j'ai un ami qui s'appelle George), m'a dit en anglais: Tiens, Rhum Raisin, tu t'es déguisé pour Halloween? J'ai souri, un peu gêné que toute la classe ait entendu, rétorquant un à peine perceptible Non, j'ai pas fait exprès...
(Et puis quoi encore? Il n'a qu'à carrément me dire que je ressemble à une citrouille.)
Je crois que je n'aurais pas dû mettre ma nouvelle chemise orange flashy un 31 octobre.

29 oct. 2006

Quand les filles dominent

Rhum Raisin est ouvert d’esprit. Aussi accepte-t-il volontiers les remarques qui lui parviennent à propos des musiques qu’il n’aurait pas encore ouïes. Lorsque ces musiques lui plaisent, elles peuvent aisément faire partir d’un Top ten, à condition qu’elles soient récentes. Voici le nouveau Top ten (n’oubliez pas de descendre progressivement, pour préserver le suspense).

N°10 – Amies ennemies – Nadiya – (première entrée) Sur un air de Chopin, Nadiya nous chante une amitié d’enfance avec des hauts et des bas en franglais. Heureusement, cette fois-ci, elle ne nous prononce pas les mots français en anglais comme dans Roc. C’est pas mal, surtout pour l’histoire qu’elle raconte.

N°9 – La femme chocolat – Olivia Ruiz – (cinq places de perdues) Une chanson originale pour les amateurs de chocolat dont je fais partie. C’est original, même si je crains que la voix nasillarde à la parigote d’Olivia me lasse au fil du temps.

N°8 – Who knew – Pink – (même classement) Pink nous offre ici une chanson rythmée et pourtant pleine de mélancolie. C’est probablement grâce à son timbre de voix particulier qu’elle parvient à nous faire voyager dans un passé qu’on oublie un peu mais qu’on est tellement heureux de retrouver. J’aime bien.

N°7 – Slipping away (Crier la vie) – Moby & Mylène Farmer – (deux places de perdues) J’aime bien parce que ça bouge, mais en étant objectif, le succès de cette chanson me semble être prioritairement dû au coup marketing à la rencontre musicale de Moby et de Mylène, et non à la qualité de celle-ci. Sinon, question franglais, ils sont pas mal non plus : Seeing the good même si tout va si mal… C’est beau!

N°6 – I don’t feel like dancin’ – Scissor Sisters – (deuxième entrée) Ambiance disco, paillettes, seventies… C’est une récente découverte pour moi, mais j’accroche à cette chanson en particulier. C’est peut-être à cause de mon humeur mélancolique, mais en écoutant cette chanson, j’imagine une soirée qui se passerait excellemment bien, avec amis, danse, regards perçants, boules à facettes, suivie d’un retour à la maison, seul, avec des illusions plein la tête.

N°5 – Last request – Paolo Nutini – (troisième entrée) Voici la ballade romantique du Top ten. Le chanteur a une voix posée, l’air est languissant à souhait, les paroles sont un peu fleur bleue, le rythme est doux est on se laisse ainsi bercer par cette chanson.

N°4 – La ceinture – Elodie Frégé – (trois places de perdues) Mon souhait du mois dernier n’a pas été entendu: La ceinture ne passe toujours pas à la radio, j’en suis peiné pour Elodie, qui tient pourtant là de quoi faire un tube extraordinaire. Toute la chanson oscille entre le mièvre et le coquin, c’est divin!

N°3 – Pas le temps – Faf la rage – (quatrième entrée) Non, je n’aime pas vraiment le rap, mais là, on a du lourd: c’est surtout grâce au refrain que cette chanson s’offre la troisième place. J’ai fait un sondage auprès des amateurs de Prison break: une personne comprend Mon esprit is ailleurs; une personne comprend Mon esprit visse ailleurs; une personne comprend Mon esprit est ailleurs; une personne comprend Mon esprit miss ailleurs; et trois personnes comprennent Mon esprit desire (à l’anglaise). Mais non, c’est Mon esprit GLISSE ailleurs, enfin!

N°2 – Ain’t no other man – Christina Aguilera – (une place de gagnée) On a vraiment l’impression de ne pas être en 2006 en écoutant cette chanson, l’ambiance est agréable, et Christina assure grave! (yo!)

N°1 – C’est si bon – Arielle Dombasle – (non, je déconne)

N°1 – Temps pour nous – Axelle Red – (cinquième et meilleure entrée) Axelle renoue ici avec une chanson digne de Sensualité, même si les années ont passé… Le brin de voix nous titille dans le bon sens du terme. Ce qui me frappe dans cette chanson, et dans tout le répertoire d’Axelle Red en fait, c’est cette capacité à être toujours sincère, naturelle et pure dans ses interprétations.

27 oct. 2006

La fille défoncée

Quand je vous dis qu’il y a des gens pas normaux à C.!

Les faits divers intéressent généralement assez le grand public, et quand il s’agit d’un fait divers très divers, il intéresse d’autant plus les gens, gens qui apprennent ce fait divers par une personne qui commence bien souvent sa phrase par Tu sais ce qu’on m’a raconté? ou bien T’as entendu parler de l’histoire de…? ou encore Tout le monde ne parle que de ça depuis deux jours…

La majorité des habitants de C. et de ses alentours est au courant de cette histoire. C’est arrivé en juin dernier (à moins que ce ne fut en mai, mais que voulez-vous, j’ai la mémoire qui flanche, j’me souviens plus très bien). Alors que plusieurs adolescents s’amusent autour, et à l’intérieur, d’une fontaine sur une place de la ville (oui, ici, les jeunes s’amusent à l’intérieur de la fontaine, tout habillés, allez savoir pourquoi), une jeune fille d’environ 16 ans patauge également dans l’eau avec ses amis. Ce que je n’ai pas dit, c’est que cette fontaine émet des jets d’une façon, d’une hauteur, et d’une puissance aléatoires. Par un malheureux hasard, le jet le plus haut (c’est-à-dire jusqu’à environ 15 mètres), le plus rapide, et le plus puissant a jailli au moment où cette jeune fille était au-dessus du tuyau projeteur. L’eau s’est engouffrée dans son entrejambes avec une violence inimaginable. La seule chose que la population a ouï dire par le biais du bouche-à-oreille, c’est que la jeune fille a vite été emmenée aux urgences, et que tout l’intérieur de son corps était fortement affecté. Je me suis dit, comme d’ailleurs la plupart des habitants, Qu’est ce que c’est que cette débile qui s’amuse à se mettre au-dessus du jet d’eau?

Je connais cette demoiselle depuis septembre, mais ce n’est que mercredi que j’ai su que c’était l’héroïne de cette histoire. C’est la première année qu’elle participe aux mêmes cours du soir auxquels je participe pour la deuxième année. Nous étions trois personnes, et elle.

Nous : Ça va?

Elle : Ouais ça peut aller, je me suis fait retirer mon sam.

Nous : (incompréhension)

Elle : Vous vous rappelez de l’histoire de la fille qui s’est fait défoncer la ch… par la fontaine? (Les mots employés sont véridiques, j’en ai censuré un uniquement parce qu’il est trop vulgaire et que je ne l’aime pas)

Nous : Oui.

Elle : Ben c’était moi!

Nous : (étonnement)

Elle : C’était très compliqué. Et maintenant il y a des dysfonctionnements dans mon organisme.

Nous : C’est-à-dire? (Oui, parfois, on se demande après coup la raison pour laquelle on a demandé ce genre de précision)

Elle : En fait, le jet m’a déchiré le canal vagino-rectal, et mon anus est endommagé.

Nous : (gêne)

Elle : Et aujourd’hui, je viens de me faire retirer mon sam.

Nous : Ton sam?

Elle : Mon sac à merde. Mon corps ne pouvait plus rien stocker, alors on m’a mis un sac artificiel, sam.

Nous : (dégoût)

Elle : Une poche à caca, quoi.

Oui, ben c’est bon, on avait compris! Déjà qu’il ne faut pas grand-chose pour me dégoûter, là, j’étais servi!

24 oct. 2006

Un regard neuf sur la folie

Il y a des gens bizarres qui prennent le bus, à commencer par moi (même si moi, je suis bizarre dans le sens le plus honorable du terme). Bon, il faut dire qu'une bonne partie de la population faisant partie de la catégorie dite bizarre habite à C.
Aujourd'hui, il y avait une dame qui parlait toute seule. Dans un premier temps, le citoyen lambda que je suis (enfin, un peu moins lambda que les autres, faut pas déconner, c'est quand même moi) aurait pu se dire que ce n'était pas si étrange que cela; c'est vrai, à moi aussi, il m'arrive de parler tout seul, tout bas quand je marche seul comme Jean-Jacques Goldman, ou quand je chante avec mon micro devant ma glace immense chez moi, comme tout le monde le fait (quoi tout le monde ne chante pas devant sa glace avec un micro? Les gens sont curieux...). La différence avec les gens qui se parlent à eux-mêmes discrètement est que cette dame parlait fort et pendant tout le trajet du bus...
Il m'a dit que j'étais dépensière. Si, il m'a dit que j'étais dépensière, mais j'ai le droit d'être dépensière à la fin. Alors je suis rentrée. Je lui ai dit que j'étais pas dépensière. Il m'a dit que si, j'étais dépensière. Comme si acheter du maquillage, c'était du gaspillage (notez que pour elle, non, ce n'était en effet pas du gaspillage). C'est faux, tout le monde se maquille (euh...oui...enfin, pas tous les jours non plus...). J'achète du maquillage, donc je ne suis pas dépensière.
Il n'avait qu'à l'amener à la SPA. C'est vrai, c'est fait pour ça la SPA. Alors, je lui ai dit que j'allais l'amener à la SPA, parce que s'il ne veut pas le garder, il faut l'amener à la SPA, et ce sera mieux pour lui. Mais il ne voulait pas m'écouter. Mais il était triste; la seule solution, c'était la SPA.
Je lui ai dit non. J'avais rien préparé, et la maison n'était pas rangée. Je ne voulais pas qu'elle vienne à la maison. La maison n'était pas rangée. J'ai voulu lui faire comprendre que la maison n'était pas rangée, mais rien n'y faisait, elle avait décidé de venir. Pourtant, je ne voulais pas. La maison n'était pas rangée, et je n'avais pas fait le ménage, donc je préférais y aller moi-même. Mais elle voulait venir. Alors, tant pis, je n'ai pas rangé la maison (du coup, la maison, elle n'était pas rangée; c'est bon, on a compris).
Cela prête à sourire au début, mais finalement, je me suis dit que c'était triste quelqu'un qui parle tout seul comme ça. Même si cette dame ne s'en rend pas compte, je suis gêné pour elle, je suis triste que la vie la rende presque folle ainsi, à parler toute seule, à proférer des banalités que tous les passagers du bus entendent.
Je me suis alors rendu à la fnac, acheter mon CD et mon DVD pour me remonter le moral, puisque vendredi ils ne les avaient toujours pas (oui, la fnac de C. est pourrie, aussi bizarre que les habitants de la ville), et ma mélancolie s'est atténuée lorsque la vendeuse m'a dit qu'à C., Lara Fabian avait ses fans, et qu'elle était la chanteuse francophone, deuxième plus grande vendeuse de disques, après Mylène Farmer. Et même si c'est dans une ville pourrie, ça m'a fait plaisir.

21 oct. 2006

Là où je me rends compte que la beauté est un thème récurrent de mes chroniques

Imaginez un peu.
Vous vous trouvez beau ou belle (oui, je sais, pour certains, c'est difficile, mais bon, ici, on est à Moominland, donc mes lecteurs, et trices, ne peuvent pas ne pas être beaux ou belles (quoi? Y a trop de virgules dans cette parenthèse? Et bien, je m'en fous, j'en rajoute encore: ,,,,,,,)), mais vous pourriez être encore mieux... La fée Minine vous offre une (et une seule) opération de chirurgie esthétique.
Pour vous, quelle est l'opération prioritaire?

19 oct. 2006

Orgie

J'ai récemment organisé une réunion à apéritif dinatoire pour discuter des méfaits des poissons rouges en milieu urbain, et par temps sec, en compagnie d'experts pointus à ce sujet. Nous étions tranquillement en train de parler du rôle majeur de la poussée d'Archimède et du Prix Goncourt sur la migration du cheval de Lucky Luke, avec une patte plâtrée, lorsque l'un des invités m'a dit: Rhum Anàleauderose! Quelqu'un frappe à la porte!
Euh... Moi, c'est Rhum Raisin...
Je me suis dirigé vers la porte, et ai regardé par le judas pour voir qui c'était. Or je me suis vite rendu compte que la porte était vitrée. J'ai souri avec un air presque niais, et ouvert ladite porte.
Quand il est arrivé chez nous, personne ne savait qui il était, d'où il venait; ce n'était qu'un étranger. Il avait un regard si doux qu'il vous faisait rêver. Tout de suite on l'a adopté, lui, notre ami l'étranger.
Il s'est installé avec nous, a parlé des choses qu'il maîtrisait, comme la recette de la soupe de poisson, ou l'architecture de la chapelle Sixtine, mais cela nous a paru louche lorsqu'il nous a montré une vidéo des coulisses de Disneyland Paris.
Il s'est levé, est allé dans l'arrière-salle, et a attendu. Deux invitées l'ont rejoint, et nous avons entendu des bruits étranges à travers la cloison en PVC. On entendait distinctement les demoiselles faire des bruits de satisfaction. Trois hommes se sont levés à leur tour, et se sont rendus dans cette salle. On entendit alors des sortes d'applaudissements lents et irréguliers. Les visiteurs se rendaient là-bas, de plus en plus nombreux, et les voix échappaient des petits cris, ainsi que des soupirs.
Je suis alors allé voir ce qu'il se passait, puisque, tout naïf que je suis, je ne comprenais guère ce qu'il se passait.
Mes yeux furent horrifiés de tant d'impudeur, et mes narines furent, elles, importunées par cette addition d'odeurs diverses. Les hommes et les femmes étaient debout, assis, accroupis, allongés, tordus; je n'en revenais pas. J'étais outré, à peu près autant que lorsque j'ai appris que Cyril allait chanter avec Lara Fabian. Les corps s'enchevêtraient, impatients, se mouvaient à travers les membres fermes et humides, la lumière orangée éclairant à peine, mais faisant augmenter la température de la pièce.

On m'a fait signe de venir. Je devais me laisser faire. Mais j'ai ma dignité. Je ne veux pas être perverti et donc je suis parti.

16 oct. 2006

Des mots et une guitare

Dans mes portraits de stars de la chanson francophone, j’essaie d’être le plus éclectique possible: hommes, femmes, années 60, années 90, rock, slow… C’est pourquoi avant de parler, la prochaine fois, d’un groupe, dont l’existence a sombré dans l’inconscient collectif, et dont le plus gros succès fut très « bi », je décide aujourd’hui de parler d’un chanteur dont les gens de mon âge se foutent éperdument, si tant est qu’ils le connaissent. C’est un chanteur qui a eu ses heures de gloires dans les années 70/80, mais qui n’a pour ainsi dire jamais eu de groupies, tel un Cloclo ou un Dave une Sylvie Vartan, parce que ses mélodies sont plus proches de celles de Georges Brassens que de celles de Michel Polnareff.

Aujourd’hui ringardisé par mes contemporains, Yves Duteil occupe pourtant une place de choix dans la variété française. C’est un parolier hors pair qui défend la langue française dans ses chansons (La langue de chez nous). Ses albums portent un message d’humanité, de paix, de bonheur et de simplicité, et c’est pour ceci qu’il est apprécié du public. Prendre un enfant est sa plus célèbre chanson; il se porte aux oreilles de tous tel un messager-médiateur entre les enfants, parfois trop peu aimés, et les adultes, parfois impitoyables. Sensiblement le même thème est abordé dans Pour les enfants du monde entier. Yves Duteil est un amoureux des mots, mes également de la musique douce. Aussi est-ce toujours à la guitare qu’il s’accompagne. Il a d’ailleurs montré son attachement profond à cet instrument en composant la chanson J’ai la guitare qui me démange, dans laquelle il ne faut voir aucun double sens. Lorsque la guitare le démange, Yves donne envie de danser, puisque dans La tarentelle, il s’attaque au dur labeur de faire bouger Mesdames et Messieurs. Il y parvient. Et enfin, pour terminer avec ses titres les plus connus, Le petit pont de bois est une ode aux nostalgies et aux souvenirs de la vie passée qu’on voudrait revivre, mais qui font définitivement partie du passé.

Le problème avec Yves Duteil, c’est qu’on a l’impression qu’il n’y a rien de sulfureux ou d’acide, et on peut se dire que c’est un chanteur un peu trop conventionnel. Ceci est bien dommage puisque peu de gens savent qu’il est le maire d’un petit village de Seine-et-Marne, Précy-sur-Marne, et qu’il a collaboré avec Liane Foly, avec Rose Laurens, ou avec Régine. Si ça c’est pas du sulfureux!

13 oct. 2006

L'autre dimension

Aux Etats-Unis, le cinéma est capable de tout. Hollywood a d’ores et déjà prévu de porter à l’écran le fait divers qui continue de fasciner l’Autriche: l’histoire hors du commun de Natascha Kampusch.

Natascha Kampusch a été retenue prisonnière pendant huit ans par Wolfgang Prikopil. Elle n’est que très peu sortie d’une pièce à l’abri de tout, véritablement cloîtrée et coupée du monde dans une cave avec une porte de trois quintaux. Elle était à la merci de son bourreau. Nul ne sait aujourd’hui ce qui a bien pu se passer entre le ravisseur et la jeune victime durant huit ans. Elle s’est enfuie en août dernier. Natascha déclare qu’elle ne souhaite en aucun cas évoquer d’éventuels rapports intimes avec Wolfgang. Tout ce que l’on sait, c’est qu’elle avait une vie privée. Privée de tout, certes, mais privée quand même.

Pourquoi de cette histoire sordide faire un film? Probablement parce que c’est davantage vendeur en 2006 qu’un livre. Et pourtant, ce fait divers ressemble étrangement à un livre que j’ai lu l’année dernière: The collector de John Fowles (au cinéma d’ailleurs en 1965, sous le titre français L’obsédé); l’histoire d’un enlèvement, d’une séquestration, de relations platoniques, d’une mort annoncée.

Pour faire un film sur ce sujet, il faut être sacrément vicieux; on aura beau nous dire que c’est pour l’impressionnante obsession de Wolfgang Prikopil, pour l’imaginaire extraordinaire de cette histoire, pour la force de caractère incroyable de Natascha Kampusch, que ce film sera porté à l’écran, et pourtant, je ne peux m’empêcher de penser que cela satisfera surtout les fantasmes de personnages tordus, puisqu’on y verra de la luxure et du trash. Scarlett Johanson et Keira Knightley sont pressenties pour interpréter le rôle de la prisonnière.

La télévision française doit s’en mordre les droits de ne pas avoir eu l’idée plus tôt, d’autant que, niveau moyens financiers, la production aurait pu faire des économies: pas besoin de filmer les extérieurs, ni d’effets spéciaux. Surtout qu’après Marie Besnard, Muriel Robin aurait encore pu être exceptionnelle dans le rôle de Natascha... Mais ne désespérons pas, la France aura peut-être l’idée lumineuse de faire un film sur les deux bébés congelés de Mme Courjault…

Non, du cinéma trash comme ça, pour en mettre plein la vue, c’est surfait, que dis-je, c’est surgelé!

10 oct. 2006

Dévorez-moi des yeux

Chaque être humain a quelque chose de beau dans son visage. J'aime regarder les gens, les dévisager, pour les trouver touchants, tenter de déceler la beauté intérieure de chacun, grâce à une ride sur le front, un petit sourire discret, ou des tâches de rousseur. Tous les hommes et toutes les femmes que l'on croise quotidiennement méritent qu'on leur prête attention. Aucun d'entre eux ne s'en doute, mais quelqu'un qui ne les connaît pas s'intéresse à eux, voit leurs tracas, les imagine à la maison, avec leurs enfants, leurs parents, leur soeur, leur frère, leurs amis: moi. Quelqu'un croit passer inaperçu dans la rue; c'est sans savoir que je l'ai remarqué ou quée: sa vie est singulière, et donc loin d'être inintéressante.
Ce matin, je sentais, alors que j'étais assis à ma place, au mileu dans le sens de la longueur du bus mais à gauche dans le sens de la largeur de ce même bus, un regard insistant en ma direction. Evidemment, j'ai l'habitude d'être scruté (pourquoi les gens s'en priveraient-ils?), mais là, c'était vraiment insistant. Au moment où j'ai levé la tête, une jeune demoiselle a très vite baissé la sienne, feignant de regarder ses pompes pourries; j'ai bien compris qu'elle ne pouvait pas être passionnée par lesdites pompes, puisqu'elle fixait un point particulier, la pointe peut-être, gênée d'être démasquée, honteuse d'être vue en train de me dévisager. Je l'ai donc à mon tour observée: elle avait les cheveux courts, bruns, non teints, les yeux bleus, une bouche quelconque. Mais là n'est pas le problème; son visage ne m'était pas inconnu (le mien ne devait certainement pas lui être inconnu non plus, d'où probablement son insistance de regard à mon égard). Et pourtant, il m'était impossible de me souvenir où j'avais déjà vu ce visage. A l'école? Lors d'une soirée? A Auchan? Au bowling? (Euh, non, ça peut être au bowling, j'y vais jamais)
Néanmoins, son prénom m'est réapparu comme par miracle: Elvire. Bien sûr, c'est un prénom qui marque, un peu comme Magda ou Aliénor, mais quand même, j'ai trouvé cela fort de se souvenir d'un prénom sans se souvenir de la situation dans laquelle on a rencontré le porteur dudit prénom. J'aurais peut-être du lui demander l'origine de notre connaissance, mais je n'ai pas osé. Je suis descendu du bus, et notre échange de regards ratés s'est achevé là.
(Ceci n'a rien à voir, mais je trouve Axelle Red très très très charmante ce soir chez Marc-Olivier. Je suis fatigué.)

8 oct. 2006

Traduction = musique sud-américaine mystérieuse

Il était une fois, une fille et un garçon. La fille était un peu folle, et le garçon aimait bien rester avec cette fille un peu folle. Ils tombèrent amoureux et décidèrent de corriger les erreurs de jeunesse en faisant des choses bien, comme on dit. La fille était partie de chez elle à l'âge de treize ans, et le garçon, on ne sait pas à quel âge il a quitté le domicile parental, mais de toute façon, on s'en fout un peu. Pour oublier ses passages dans des films X, la fille a proposé au garçon de former un groupe de musique. Le garçon lui a répondu oui. (En fait, on ne sait pas s'il a exactement répondu oui, mais c'est un résumé de réponse totalement arbitraire)
La fille et le garçon étaient des gens un peu barrés, et se sont liés d'amitié avec une danseuse, prénommée Marcia, avec qui ils ont fait quelques concerts. Malheureusement, Marcia est décédée. Le garçon est la fille décidèrent de rendre un hommage, comme il se doit, à leur amie trop vite partie. Les cendres de Marcia Baïla ont été portées aux sommets des charts, ce qui apporta une digne reconnaissance posthume, mais publique, à Marcia. La fille et le garçon étaient au sommet de leur art, dans les années 1980, et leur look décalé plaisait.
Mais dans les années 1990, les railleries croissaient, en particulier au sujet de la fille, qui se négligeait. A chaque intervention médiatisée, elle perdait une dent, ce qui discréditait quelque peu le groupe. La fille, pourtant, etait fidèle, ce qui est une bonne chose en soi, mais le problème, c'est que dans ce cas précis, il aurait quand même fallu faire une petite infidélité à son dentiste. A chaque fois qu'elle nous parlait de son Andy, elle expulsait sa dent, telle un glaire projeté à 115 km/h, mais qu'elle réussissait néanmoins à rattraper au vol, grâce à une dextérité impressionnante de la langue, pour ne pas déguiser la scène en lit d'accouchement. On pourrait se dire que ce n'était pas de sa faute, au moins la fille avait de la classe, et puis c'est tout. Certes, mais où s'arrête la classe? La fille a toujours refusé de s'épiler les aisselles, ce qui donnait des images que l'on n'a pas l'habitude de voir à la télévision. La fille se laisse parfois aller; C'est comme ça. Tu m'étonnes que la fille fut d'humeur plaintive par la suite auprès de Marc Lavoine quand elle lui disait J'me sens pas belle!
Ceci est peut-être la raison pour laquelle le public a manifesté un peu moins d'engouement aux plus récents de la fille et du garçon. La romance entre les Rita Mitsouko, l'énigmatique Fred Chichin et la peu conventionnelle Catherine Ringer, et le public a des hauts et des bas. Mais que voulez-vous, les histoires d'Amour finissent mal en général.

(On voit d'ailleurs très bien ici que la fille essaie discrètement (enfin presque) de rechausser sa dent)

6 oct. 2006

Un vendredi soir tout seul ou comment passer une soirée à jongler entre la Star Academy et un téléphone portable

Pour une lecture plus plaisante, Rhum Raisin a gommé tout langage dit texto.
Textogirl à 21h54 : Tu regardes la Starac? Nous avons un Johnny aussi émouvant qu'une Muriel Robin en Marie Besnard!
Rhum Raisin à 21h55 : Ouais
Textogirl à 21h56 : Elle est con cette Laroche-Joubert quand même
Rhum Raisin à 22h00 : Je dirais même plus, elle fait pitié. Elodie est toute en beauté
Textogirl à 22h04 : Oui, mais ça tremblote un peu j'ai l'impression
Textogirl à 22h05 : J'aurais aimé plus sensuel mais bon
Textogirl à 22h08 : Je l'aime pas la Faustine. Une Faustine, c'est comme du mutella pour le nutella; c'est une Mélodie Frépé
Rhum Raisin à 22h09 : C'est très drôle Mélodie Frépé! J'ai lolé. Il est pas mal ce Jean-Charles, mais on a déjà Raphaël et Bénabar. Dommage
Textogirl à 22h09 : Frégé pardon...
Textogirl à 22h15 : Ouais il a une belle gueule mais moins beau que Raphaël et une voix moins jolie. Moi je l'aime bien au sein de la Starac. C'est moche ces fils avec ces barbelés.
Textogirl à 22h16 : Pas des barbelés, des bretzels géants
Rhum Raisin à 22h17 : Ils auraient pu inviter Jacques Brel quand même, il est encore jamais venu
Textogirl à 22h18 : J'ai bien aimé moi
Rhum Raisin à 22h21 : Ah, pub de Marianne James!
Textogirl à 22h22 : Je croyais que c'était un mec qui chantait les people! En fait non
Rhum Raisin à 22h25 : Les petites pétasses sont enregistrées depuis 2 semaines. Le logo "en direct" a disparu. BEEP!
Textogirl à 22h27 : T'as trop raison! Bien vu!
Rhum Raisin à 22h28 : Je sais, je sais...
Textogirl à 22h36 : Faudel physiquement c'est un mélange entre Aznavour et Samy Nacéri je trouve.
Rhum Raisin à 22h37 : Moi je trouve que je lui ressemble pas
Textogirl à 22h39 : Hmmm, t'as raison, z'avez pas la même coiffure
Rhum Raisin à 22h41: Etienne Daho chante: le son de ma télé marche plus ou quoi?
Textogirl à 22h42 : Elle est facile celle-là
Textogirl à 22h52 : C'est pas hygiénique de foutre sa bouche dans ce truc à pics en métal. Je le sais j'en ai un chez moi
Rhum Raisin à 22h54 : Je crois que Salomone avait fumé ce soir, il avait les yeux rouges
Textogirl à 23h00 : Moi j'aime bien Elodie c'est mieux que le cabaret de l'autre conne. Hein hein, la maturité d'Elfy! En plus, Elodie, elle a du voir Edouard
Textogirl à 23h03 : Tennessee!
Rhum Raisin à 23h15 : Le taulier chante en play-back!
Textogirl à 23h16 : J'avoue que j'ai coupé le son et j'ai pas regardé, mais je te fais confiance pour le play-back... Tu ressembles pas à Yvan le petit gros non plus
Rhum Raisin à 23h17 : Dieu soit loué, je ne ressemble pas non plus à Nicolas
Textogirl à 23h17 : Bon ben c'est fini, le Bastien est resté, il giclera la semaine prochaine. Bonne nuit.
Rhum Raisin à 23h18 : A la semaine prochaine!
Rhum Raisin a les pouces épuisés, ils vont faire dodo.

5 oct. 2006

Un être amer

Il est nécessaire d'avoir un peu d'orgueil quand veut être digne. Ce que je veux dire, c'est que lorsque l'on vient de subir un échec cuisant, mieux vaut attendre longtemps avant de retenter cette chose que l'on a ratée. Sinon c'est la honte. C'est une sorte d'humiliation. Imaginons une jeune demoiselle qui vient de se prendre un énorme rateau auprès d'un jeune damoiseau. Cette jeune demoiselle, dont la fierté s'est naturellement effondrée au moment où a retenti un Ecoute, je veux pas te faire de peine, mais je suis pas fait pour toi, ne doit en aucun cas se décourager; néanmoins elle doit attendre patiemment le moment le plus opportun pour faire sa nouvelle demande, histoire de ne pas montrer qu'elle est tellement accro au mec qu'elle ne songe nuit et jour qu'à lui.
Imaginons à présent la désillusion suprême à laquelle est confrontée la personne qui voit la place de président de la République lui passer sous le nez au deuxième tour d'une élection présidentielle. Il m'arrive de temps en temps de penser au destin hors du commun de Valéry Giscard d'Estaing. Ce vieil homme, qui était beaucoup moins vieux à l'époque, est devenu l'homme le plus influent de France en 1974. Alors, bien sûr, sous son règne, on a vu la fin des Trentes Glorieuses et le scandale des diamants de Bokassa, mais était-ce une raison valable pour infliger à Valéry une humiliation perpétuelle depuis tant d'années? Valéry paraît gentil avec son accent rural et son petit accordéon, comme Gilou. Et pourtant, la sentence de 1981 est sans appel: les français lui préfèrent François Mitterrand. Valéry est dépité: il pleure dans les bras de sa douce, Anne-Aymone, rumine tous les soirs, son nin-nin dans les mains, demande à tous les dieux pourquoi il se sent mal-aimé. Il se trouvait proche du peuple, et allait même dîner chez les gens, qui l'accueillaient volontiers chez eux, pour manger une tranche de pâté. Mais Valéry a son prestige, et son honneur: il sait qu'en tant qu'ancien président de la République, il a droit à un garde du corps, un secrétariat à Paris, une voiture de fonction, une prime, en euros, fort honorable, le privilège de se faire appeler Monsieur le Président, le tout, à vie. Profitant de ceci depuis vingt-cinq ans, il attend alors patiemment le moment où son come-back sera le mieux accueilli.
Européen dans l'âme, en souvenir des soirées de beuverie avec Willy Brant, Valéry a rédigé la Constitution pour l'Europe. Selon lui, la critique allait saluer ce travail d'écriture, les français allaient l'acclamer, la Constitution allait être votée, il allait devenir le re-nouveau président de la République française, puis le président de l'Union Européenne, Union Européenne qui allait devenir première puissance mondiale, et donc Valéry allait être le président du monde, avant George W. Bush. Mais le sort semble s'être acharné contre lui: en deux temps trois mouvements, la Constitution fut balayée, et Valéry désillusionné. Pour couronner le tout, son site Vulcania est, jours après jours, de plus en plus menacé de faillite. Heureusement, pour sa compensation, et sa fierté personnelle, Valéry est devenu un Immortel.
Mais l'amertume coincée au plus profond de son coeur a besoin de sortir. Le magma en fusion éclate parfois comme de la dynamite, même si la dynamite a un arrière-goût de pétard mouillé. Valéry vient de sortir le troisième tome de ses Mémoires, à l'intérieur desquels il égratigne ceux qui l'ont bien avant lui égratigné. Bien que son style soit travaillé, ses mots mûrement réfléchis et choisis, la haine envers notre actuel président de la République est palpable. L'anecdote qui sert de publicité pour son livre est la suivante: entre les deux tours de 1981, Valéry a appelé le secrétariat de Jacques Chirac, et, en modifiant sa voix, a demandé conseil sur l'homme à élire... Et là, trahison: Jacques appelle à voter PS, contre la droite, et contre Valéry. Giscard en veut à mort à Chirac, et l'attaque textuellement (oui, parce que physiquement, Giscard attaquant Chirac, mieux vaut ne pas imaginer). Entre nous, il faut être fort pour ne pas reconnaître Valéry au téléphone: Oui, bonchoir, pour qui me concheillez-vous de voter au checond tour? Est-ce la vérité? La politique est un monde où le mensonge fait partie de la vie de tous les jours. Il faut avoir les nerfs solides. Il existe des mystères qui resteront des mystères.

1 oct. 2006

Père CasGore, raconte-moi une histoire

La télé allumée sur M6 sans le son, il était presque minuit. Un silence lourd malgré un bourdonnement strident me pesait. Il était temps d'aller au lit, mais la fatigue m'empêchait de me lever pour appuyer sur le bouton off de la télé. J'entends un moustique. Je le vois qui bat des ailes autour de ma petite lampe. Je prends un mouchoir en papier, et Plot, je l'écrase, et découvre avec dégoût une auréole rougeâtre et jaunâtre de l'autre côté du mouchoir. De petits bruits s'accélèrent dans le silence profond: Tic tic tic tic... Je baisse les yeux et aperçois un rat gris-blanc d'une laideur affolante. J'ai hurlé aussi fort que Céline Dion sur le Titanic et ai vu apparaître instantanément sur mes tempes de grosses gouttes de sueur. L'incroyable Hulk est sorti de mon corps; le géant vert était devenu sadique...
J'ai attrapé le rat et ai retiré une à une ses moustaches avec la pince à épiler. Chaque moustache dissimulait une goutte de sang qui éclaboussait la moquette anti-acariens. Le rat miaulait comme une chatte en chaleur, ce qui aiguisait mon plaisir. J'ai inséré des ciseaux pointus dans son crâne uniquement dans le but d'entendre craquer ce dernier, Crak. Puis j'ai scotché une paille sur l'embout de l'aspirateur devant le rat toujours conscient, et mis l'autre bout de la paille dans la boîte crânienne, préalablement creusée. L'aspirateur s'est mis en marche. La paille est devenue rouge et le rat se vidait petit à petit de sa substance. Quand soudain, un deuxième rat est apparu. Je l'ai attrapé et je l'ai pressé aussi fort que j'ai pu, comme si le dentifrice allait sortir du tube. Ses yeux sont passés du jaune au rouge, puis du rouge au bleu/marron: on aurait dit un bel arc-en-ciel. La vessie et les intestins remplis du rat ont fait Pschittt et des morceaux d'abats ont décoré la moquette fraîchement brumisée par les goutelettes de sang du premier rat. Mes mains, que j'avais soigneusement gantées, dégoulinaient de sang, et la putréfaction des rats gisant sur le sol commençait déjà. Jamais deux sans trois, dit-on, un troisième rat est survenu au moment où j'enfonçais mon pouce dans la gueule du second rat pour écraser ses poumons et récupérer son foie, foie qui a malheureusement sauté, tel un aimant, sur l'écran de ma télé, toujours allumée. J'ai délicatement pris le troisième rat, et au moment où il ne s'y attendait pas, j'ai tiré sa queue, qui s'est violemment déchirée, emportant avec elle le scrotum, dont le contenu giclait à travers la pièce. Le rat hurlait: quel monstre! Pour le faire taire, j'ai placé mon pouce droit et mon index droit sur sa mâchoire supérieure, puis mon pouce gauche et mon index gauche sur sa mâchoire inférieure. Puis, lentement, j'ai écarté. Des vaisseaux éclataient un à un, jusqu'au moment où la mâchoire a cédé, un peu comme une banquette clic-clac, mais sans le clic: Clac. Les boyaux ont jailli tels un feu d'artifice de confettis gluants. Et je me suis retrouvé face à ces trois rats vidés et désossés. J'ai retiré le morceau collé sur ma télé qui commençait à rôtir, et j'ai appuyé sur le bouton off.
Surtout, ne les défendez pas, car même quand c'est un cauchemar, les rats, c'est sale et dégoutant.

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