19 sept. 2008

Je, tu, elle

Ce soir, je ne dors pas, comme la toute toute première fois. Et une question me turlupine – quel laid verbe – depuis au moins trente-neuf minutes: aime-je les grosses ou préfère-je les petites? A priori, je dirais que les petites sont plus élégantes et que je les préfère. Mais les grosses, elles, ont l’avantage d’être imposantes et de forcer le respect.

Cette petite forme délicate qui dévie sur le côté m’est indispensable. Grâce à elle, on peut faire une petite pause, afin de se soulager. On n’en parle pas assez, et c’est la raison pour laquelle cette chronique d’une inutilité effroyable corrige un peu le tir. La virgule mérite qu’on y prête attention.

Le corps de la virgule, ce petit bulbe partant du haut et s’élançant de façon bombée vers le bas, cet inconnu bas, sa courbe, avec toute la sveltesse qui la caractérise, son épaule à la fois frêle et solide, son creux mystérieux et sa fine queue devraient illuminer davantage d’yeux. La virgule, terme enivrant rimant avec libellule, capsule, pédoncule, molécule, somnambule, bitadudule semble n’être rien, et pourtant, sans elle, cette présente phrase serait totalement incompréhensible. Pour rendre hommage à ce signe de ponctuation, venu tout droit du latin virgula, que je m’abstiendrai de traduire, je propose, en toute sérénité, de vous offrir une virgule, sur un piédestal, de cri-i-iiiii-istal :

14 sept. 2008

I am the Dancing Queen, young and sweet, only seventeen

Je ne peux pas vraiment trancher mon opinion quant au fait que Hairspray était meilleur ou moins bon, mais je peux d’ores et déjà affirmer que Mamma Mia ! est bien plus fun que les deux premiers volets de High School Musical. Si je n’ai pas pu attendre la rentrée du cinéma, dès aujourd’hui, avec ses entrées à trois euros cinquante, c’est en partie pour t’orienter, toi, cher lecteur, et toi, chère lectrice, et t’inciter à te précipiter dans ton multiplex favori pour passer deux succulentes heures abbasourdissantes. Je l’avoue, ‘succulentes’ est un peu terme un peu trop dithyrambique pour Mamma Mia !, surtout quand on considère que le début du film est moins succulent que la fin. Le point fort de Mamma Mia ! est le crescendo de plaisir qu’il offre au spectateur.

La critique s’est empressée de dire que le scénario de Mamma Mia ! était vraisemblablement un prétexte pour permettre au quidam confortablement installé sur le siège central de la salle obscure préférée de s’enivrer des tubes d’Abba. La critique a eu raison. Mais le spectateur qui choisit d’aller voir ce film attend-t-il du scénario qu’il soit cohérent et bien ficelé, ou attend-t-il surtout d’écouter les kitschissimes chansons qui ont fait la renommée du groupe suédois ?

Sophie a vingt ans. Elle se marie demain avec Sky. Pour l’occasion, elle a décidé d’inviter son père, qu’elle ne connaît pas, parce que sa mère lui a toujours dit que c’était un homme qui l’avait abandonnée pendant sa grossesse. En tombant sur le journal intime de Donna, sa mère, Sophie comprend que trois hommes peuvent être son père, Donna s’étant amusée avec eux trois l’été de la conception de Sophie. La future mariée décide alors d’inviter ses trois pères potentiels à son mariage afin de découvrir le bon, le tout sans en parler à sa mère. S’ensuivent les situations attendues, habilement tricotées par la mécanique du scénario. Les amateurs et trices de film sentimentaux à l’eau de rose –et je m’en fous de pléonasmer – ne pourront qu’être ravis.

Mais ce n’est finalement pas l’histoire qui est la plus intéressante dans Mamma Mia ! Deux points ont retenu mon attention. Le premier, c’est forcément l’ultra présence des chansons d’Abba. Dès que l’une d’entre elles se termine, on se demande quelle va être la suivante – chacune d’elles collant d’ailleurs parfaitement aux dialogues du film – et on l’attend impatiemment. Les plus drôles sont sans conteste celles qui commencent avec un ou une interprète et qui se terminent avec un chœur improbable de dizaines de personnes en fond, qui dansent et chantent, de préférence sur la plage. Mention spéciale à l’inévitable gay-friendly Dancing Queen, la sympathique Money x 3, et l’inconnue (de moi) Lay all your love on me et ses mâles à palmes très Pet Shop Boys s’éclatant sur les plages grecques.

Le deuxième point à avoir retenu mon attention est le système relationnel joliment dépeint entre les différents personnages du film. Même si Sophie est logiquement l’héroïne du film, Donna, sa mère, tire largement la couverture et devient l’attraction principale. L’intensité du personnage de Meryl Streep s’étoffe tout au long du film, pour atteindre son zénith quelques instants avant le mariage de Sophie. Meryl Streep est sensationnelle face à Pierce Brosnan, lorsque qu’elle lui chante, d’abord doucement, puis puissamment, The winner takes it all, certainement la plus forte des chansons d’Abba, sur le plan émotionnel. La relation mère-fille atteint, elle, son apogée sur Slipping through my fingers, montrant que le temps file inexorablement, et que les enfants grandissent. Ont grandi. Les dernières relations mises en avant sont les relations d’amitié. La fille, comme la mère, ont deux grandes amies, qui les soutiennent. L’humour n’est pas en reste, notamment avec les deux vieilles amies de Donna, qui apportent une touche déjantée à Mamma Mia : Tanya, en plus d’être riche, mange les hommes, mais se méfie des petits blacks, furent-ils excitants, et Rosie, en plus d’être le sosie quasi-parfait de Christine Boutin, est la bonne copine rigolote et contribue au crescendo de plaisir offert par le film, en commençant la chanson finale, Take a chance on me. Puis arrive le bouquet final du film, délicieux. Forcément, Waterloo était difficile à intégrer dans les dialogues du film, alors l’astuce a été trouvée. Thank you for the film. Thank you for the music.

[Source photos : mammamiafans.com]

13 sept. 2008

Ils ont marqué la chanson française (4) - Bill Baxter

Parce qu’on parle trop souvent de Bill Gates, Bill Clinton, Bill Murray, Bill Cosby, Bill Éboule, ou bien Bill Dubigdil, il est bon de se souvenir d’un autre Bill et de lui rendre hommage. Dans l’un de ses tubes, ces derniers s’élevant à environ un, Bill Baxter chante avec une voix d’homme et une voix de femme. Or la femme chante le refrain exclusivement, ce qui m’a valu de vivre dans l’ignorance pendant environ vingt-deux ans : Bill Baxter n’est pas une femme. Tout citoyen ayant la tête sur les épaules peut aisément imaginer qu’avec un prénom pareil, Bill pouvait être une femme, à l’instar de George Sand ou Jil Caplan, ce que j’ai toujours cru. Mais Bill n’est pas une femme.

Ce n’est pas un homme non plus, puisque ladite chanson, unique véritable tube de Bill Baxter, possède justement une voix de femme dans le refrain, le pont musical, et quelques cris parcimonieusement distillés, validant ainsi ma théorie sus développée. En réalité, Bill Baxter est un groupe, ce qui en fait était très simple à deviner, mais que mon absence d’intérêt pour lui m’a malheureusement conduit à ignorer. Bill Baxter, c’est Joe Cool, Louis Primo et Bo Geste. Or aujourd’hui cette injustice est réparée puisqu’il faut rendre à Baxter ce qui lui appartient.

Et ce qui lui appartient, c’est avant tout ce tube, d’une originalité très discutable, d’une musicalité simpliste, mais qui a le mérite d’avoir un titre savoureusement intelligent : Embrasse moi idiot !. Cette chanson, ce sont en fait les trois hommes qui recensent leurs défauts, et leurs craintes face à leurs belles demoiselles respectives avec qui ils sont en couple. D’où les toniques Embrasse moi idiot ! lancés par la gent féminine pour insister sur le fait que le contact physique vaut parfois bien plus que des discours, aussi éloquents et flatteurs soient-ils.

Mais Bill Baxter, ce n’est pas seulement Embrasse moi idiot !, chanson, au passage, tirée – qui l’eut cru ? – d’un spectacle musical mis en scène par Patrick Timsit, sorte d’aïeul improbable des Aventures de Rabbi Jacob. C’est aussi Bienvenue à Paris, en 1987, un duo avec Trippa Irie, ainsi que quelques blagounettes musicales pour les Guignols de Canal. Mais Bill Baxter, c’est surtout un véritable trésor oublié de la chanson française – expression qui, heureusement pour moi, n’a pas (encore) été déposée – que dis-je, une délicieuse pépite musicale si chère à Flavie F., que le jeune Quentin M. a récemment su sortir de l’ombre (et toucher la lumière), quelque temps après, certes, les Laids crétins des Alpes. Petit avec des grandes oreilles est un petit bijou sorti tout droit des studios de Bill Baxter en 1982, soit trois ans avant Embrasse moi idiot !. Je ne m’en lasse pas.

Cher lecteur, chère lectrice, je te propose donc d’écouter Petit avec des grandes oreilles, doté d’un clip que je n’ai pas choisi, mais que je laisse quand même puisque je n’en ai pas trouvé d’autre. Et comme tu es gentil, et tille, je t’offre aussi Embrasse moi idiot !.

[Précédemment dans Ils ont marqué la chanson française : François Feldman, Ophélie Winter, Claude Nougaro]

12 sept. 2008

La nuit des sosies

La Star Academy, ce sont des jeunes gens comme toi, comme moi. Des gens nouveaux qui se ressemblent tellement qu’on croirait les avoir déjà vus. Reconnaîtras-tu les placebos de Christophe Maé, Rihanna, Willy Denzey, Emma Daumas, Yelle, Chantal Goya jeune, Benoît de Kyo, Kristov Delanouvellestar, Tété ou Ely Delastaracademy parmi les potentiels futurs nouveaux élèves ?

Ils sont .

7 sept. 2008

Comme des rêves d'adolescent

En cette fin d’été approchante, en ces jours de rentrée, en ces temps de morosité économique, seule la musique peut nous aider à vivre. La musique, oui, la musique, je le sais, sera la clé de l’amour, de l’amitié. Voici donc, pour (sur)vivre, le tout nouveau Top Ten.

N°10 – Jeune, je ne savais rien – Thomas Dutronc – Les sonorités sont assez inconnues pour mes oreilles, ce qui joue forcément en la faveur de cette chanson. Malheureusement, après l’écoute intégrale de l’album de Thomas, je crains que les deux meilleures cartouches aient déjà été tirées.

N°9 – Viva la vida – Coldplay – Evidemment, si je ne mets jamais Coldplay, alors que c’est le grand vainqueur de ventes de l’été en France, on va m’accuser d’avoir des goûts musicaux ringards. Ce n’est pas forcément la musique que j’écoute le plus, mais force est de constater que cet extrait est entraînant et plutôt agréable.

N°8 – Comme avant – Sheryfa Luna & Mathieu Edward – Objectivement, comme dirait Marc-O, cette chanson n’est pas top. Et pourtant, l’émotion que fait transparaître la voix de Sheryfa la rend plutôt bonne. Heureusement que Sheryfa est là pour transmettre l’émotion.

N°7 – All the times I cried – Sharleen Spiteri – L’exilée du Texas offre là une chanson à la mélodie lancinante absolument délicieuse pour les éternels mélancoliques.

N°6 – Place de Wazemmes – Bruno Maman – Parce que j’adore les interprètes qui insèrent des mots impromptus dans une chanson. Biniou et accordéon auront eu raison de mon intérêt. Et un garçon qui s’appelle Bruno Maman ne peut fondamentalement pas être mauvais.

N°5 – La jupe en laine – Julien Clerc – Je ne sais pas pourquoi j’ai toujours aimé Julien Clerc malgré mon jeune âge qui vieillit. Je sens cet homme posé, calme, réfléchi, intelligent. Et ça se ressent dans ses chansons. La jupe en laine, c’est de la qualité.

N°4 – Discobitch (C’est beau la bourgeoisie) – Kylian Mash feat. Laurent Konrad – Cette voix féminine volontairement vulgaire et hautaine représente à merveille ce petit monde de d’jeuns détestables que je côtoie parfois et qui boivent à gorgée que-veux-tu. La chanson est rigolote.

N°3 – Toi + moi – Grégoire – Cette chanson entre très facilement dans la tête, pour la simple et judicieuse raison qu’elle est répétitive du début à la fin. Quand j’ai découvert Grégoire dans un numéro de Capital au printemps, je me doutais qu’il allait réussir (au moins pour une chanson) puisqu’il allait être un précurseur.

N°2 – Cherchez le garçon – Quentin Mosimann – Je crois que le pauvre Quentin est maudit : il ne parviendra donc jamais à s’installer sur la première marche de ce satané Top Ten. Les hé hé de la version électro sont absolument divins. J’attends avec impatience les hé hé hé hé hé hé de la version électro de C’est la ouate, encore plus divins.

N°1 – Comme il se doit – Marc Antoine – J’aime quand Marc Antoine monte vaguement dans les aigus sur certaines notes du couplet. Cette chanson me rend triste. J’aime bien.

3 sept. 2008

Septembre, j'oublie tout

Facebook
Facebook
DR

Parfois je me demande pourquoi je ne suis pas comme les autres. Vous allez me dire que c’est parce que je suis Rhum Raisin, donc par définition unique et inimitable. Certes. Mais quand même. Il m’arrive d’être triste d’être différent. Par exemple, alors que tout le monde a repris le chemin du travail ou de l’école, moi, je suis en vacances depuis le premier septembre. Pas question d’ordonner à mes doigts de pieds de se mettre en éventail, ni à mes doigts de mains de passer la journée à zapper. Alors, fidèle à ma réputation de garçonquifaittoutesleschosesimportantesdelavieenretard, j’ai décidé de me mettre à Facebook, au moment où Facebook commence à perdre tous ses «Ami(e)s»…

Oui, il paraît que Facebook est en perte de vitesse. Le Figaro relatait la semaine dernière que les fans de ce formidable réseau social se désinscrivaient peu à peu. On étale sa vie, à qui veut bien la lire. Pour ne pas vivre seul, on se fait des amis et on les réunit quand viennent les soirs d’ennui. Oui mais voilà, même sur Facebook, on n’est pas à l’abri du pot de colle. Vous savez, le genre de spécimen qui s’incruste dans votre vie virtuelle et qui veut à tout prix, comme Mary, devenir votre ami. C’est pour cette raison que Bill Gates, par exemple, a quitté Facebook. Mais qu’importe, je suis là, maintenant, pour vous faire oublier la morosité de ce site. Même si c’est après tout le monde, Rhum Raisin a désormais sa propre page (à condition de parler du bon Rhum Raisin).

J’étais un peu intrigué par cet engouement suscité par ce site communautaire, comme on dit. Et je ne suis pas déçu: en moins de vingt heures, Rhum Raisin a déjà 27 amis, tous aussi sincères les uns que les autres. Les gens qui ont des vrais amis dans la vraie vie étaient sans doute jaloux des gens qui ont des vrais amis dans la fausse vie, et se sont ainsi créé une fausse vie emplie de vrais amis et de faux amis, sans doute pour pallier le manquer de faux amis dans la fausse vie, si fausse qu’elle en devient vraie par excès de schizophrénie. Je ne sais pas si j’ai été clair, mais en tout cas, c’est ça Facebook. J’ai reconnu des gens dont j’avoue avoir parfois oublié l’existence, des gens que je n’aime pas mais qui risquent de devenir mes amis virtuels, mon prof d’histoire en anglais de Terminale européenne et ma prof d’allemand de prépa…

Si dans la vraie vie, tu n’aimes pas appartenir à des groupes, être mis dans des cases, Facebook t’offre la possibilité de goûter à ces plaisirs et de t’auto-discriminer. Tu peux faire le choix d’appartenir à des groupes tous aussi pathétiques originaux les uns que les autres: Je suis né dans les années 80, Je suis un adepte du Mots Fléchés de 20 minutes en cours, Lutte contre toutes les personnes qui finissent leurs phrases par Ou pas, Je me tape souvent des fous rires tout seul en repensant à un truc, ou encore Chuck Norris ne porte pas de montre, il décide de l’heure qu’il est… Facebook, c’est aussi un excellent moyen pour pourrir ta boîte à mails.

Bref je ne sais pas si je dois me réjouir d’avoir cédé à la folie Facebook, mais en tout cas, ça occupe mes vacances.


(Source: Le Figaro)

1 sept. 2008

Le Post erre

Quelle ne fut pas ma stupeur en me connectant sur ce fabuleux site qu’est Le Post (parce qu’il faut bien être un peu fayot, parfois, surtout en cette veille de rentrée des classes) ce matin. Réveillé, frais et guilleret en ce premier jour de mes vacances, je découvre que Le Post propose de faire des petites personnalisations sur sa page personnelle. Mon cœur ayant comme sauté à l’élastique en voyant l’horrible page neutre automatiquement délivrée, il ne fut que fort rassuré quand il comprit que la page pouvait être modifiée et personnalisée.

Le Post

Cher posteur, chère posteuse postrice femme qui poste, sache que tu as désormais plein de petits gadgets à ta disposition sur Le Post. Comme si tu bloguais sur Blogspot, Windows Live Spaces, Over-Blog ou Skyblog, tu peux changer la couleur du fond de ta page, celle du haut de ta page, ou encore celle de ta colonne de droite ou du titre de tes blocs, grâce aux modèles qui te sont proposés. Tu peux même mettre une belle image en haut de la page. Et ô grande nouvelle, tu peux aussi décider des blocs que tu acceptes d’insérer dans ta propre colonne de droite, sans oublier que tu peux ajouter un widget externe, à condition de savoir ce que c’est. Enfin, les statistiques ont évolué : ton nombre de posts publiés sont enfin séparés du nombre de tes commentaires parsemés ça et là, de même que tes posts repérés sont désormais comptabilisés.

Résultat, tout est mis en place comme si tu avais un vrai blogue, tout en conservant la visibilité qu’une page perso offre sur Le Post, même lorsque l’info n’est pas reprise en Une. Rhum Raisin va donc dès aujourd’hui se creuser les méninges pour t’offir, à toi lecteur, à toi lectrice, le plus beau fond de page possible, et la plus jolie image pour le haut de la page. Promis.