31 oct. 2006

La mauvaise idée du jour

Ce matin, George, mon ami américain (oui, moi aussi, j'ai un ami qui s'appelle George), m'a dit en anglais: Tiens, Rhum Raisin, tu t'es déguisé pour Halloween? J'ai souri, un peu gêné que toute la classe ait entendu, rétorquant un à peine perceptible Non, j'ai pas fait exprès...
(Et puis quoi encore? Il n'a qu'à carrément me dire que je ressemble à une citrouille.)
Je crois que je n'aurais pas dû mettre ma nouvelle chemise orange flashy un 31 octobre.

29 oct. 2006

Quand les filles dominent

Rhum Raisin est ouvert d’esprit. Aussi accepte-t-il volontiers les remarques qui lui parviennent à propos des musiques qu’il n’aurait pas encore ouïes. Lorsque ces musiques lui plaisent, elles peuvent aisément faire partir d’un Top ten, à condition qu’elles soient récentes. Voici le nouveau Top ten (n’oubliez pas de descendre progressivement, pour préserver le suspense).

N°10 – Amies ennemies – Nadiya – (première entrée) Sur un air de Chopin, Nadiya nous chante une amitié d’enfance avec des hauts et des bas en franglais. Heureusement, cette fois-ci, elle ne nous prononce pas les mots français en anglais comme dans Roc. C’est pas mal, surtout pour l’histoire qu’elle raconte.

N°9 – La femme chocolat – Olivia Ruiz – (cinq places de perdues) Une chanson originale pour les amateurs de chocolat dont je fais partie. C’est original, même si je crains que la voix nasillarde à la parigote d’Olivia me lasse au fil du temps.

N°8 – Who knew – Pink – (même classement) Pink nous offre ici une chanson rythmée et pourtant pleine de mélancolie. C’est probablement grâce à son timbre de voix particulier qu’elle parvient à nous faire voyager dans un passé qu’on oublie un peu mais qu’on est tellement heureux de retrouver. J’aime bien.

N°7 – Slipping away (Crier la vie) – Moby & Mylène Farmer – (deux places de perdues) J’aime bien parce que ça bouge, mais en étant objectif, le succès de cette chanson me semble être prioritairement dû au coup marketing à la rencontre musicale de Moby et de Mylène, et non à la qualité de celle-ci. Sinon, question franglais, ils sont pas mal non plus : Seeing the good même si tout va si mal… C’est beau!

N°6 – I don’t feel like dancin’ – Scissor Sisters – (deuxième entrée) Ambiance disco, paillettes, seventies… C’est une récente découverte pour moi, mais j’accroche à cette chanson en particulier. C’est peut-être à cause de mon humeur mélancolique, mais en écoutant cette chanson, j’imagine une soirée qui se passerait excellemment bien, avec amis, danse, regards perçants, boules à facettes, suivie d’un retour à la maison, seul, avec des illusions plein la tête.

N°5 – Last request – Paolo Nutini – (troisième entrée) Voici la ballade romantique du Top ten. Le chanteur a une voix posée, l’air est languissant à souhait, les paroles sont un peu fleur bleue, le rythme est doux est on se laisse ainsi bercer par cette chanson.

N°4 – La ceinture – Elodie Frégé – (trois places de perdues) Mon souhait du mois dernier n’a pas été entendu: La ceinture ne passe toujours pas à la radio, j’en suis peiné pour Elodie, qui tient pourtant là de quoi faire un tube extraordinaire. Toute la chanson oscille entre le mièvre et le coquin, c’est divin!

N°3 – Pas le temps – Faf la rage – (quatrième entrée) Non, je n’aime pas vraiment le rap, mais là, on a du lourd: c’est surtout grâce au refrain que cette chanson s’offre la troisième place. J’ai fait un sondage auprès des amateurs de Prison break: une personne comprend Mon esprit is ailleurs; une personne comprend Mon esprit visse ailleurs; une personne comprend Mon esprit est ailleurs; une personne comprend Mon esprit miss ailleurs; et trois personnes comprennent Mon esprit desire (à l’anglaise). Mais non, c’est Mon esprit GLISSE ailleurs, enfin!

N°2 – Ain’t no other man – Christina Aguilera – (une place de gagnée) On a vraiment l’impression de ne pas être en 2006 en écoutant cette chanson, l’ambiance est agréable, et Christina assure grave! (yo!)

N°1 – C’est si bon – Arielle Dombasle – (non, je déconne)

N°1 – Temps pour nous – Axelle Red – (cinquième et meilleure entrée) Axelle renoue ici avec une chanson digne de Sensualité, même si les années ont passé… Le brin de voix nous titille dans le bon sens du terme. Ce qui me frappe dans cette chanson, et dans tout le répertoire d’Axelle Red en fait, c’est cette capacité à être toujours sincère, naturelle et pure dans ses interprétations.

27 oct. 2006

La fille défoncée

Quand je vous dis qu’il y a des gens pas normaux à C.!

Les faits divers intéressent généralement assez le grand public, et quand il s’agit d’un fait divers très divers, il intéresse d’autant plus les gens, gens qui apprennent ce fait divers par une personne qui commence bien souvent sa phrase par Tu sais ce qu’on m’a raconté? ou bien T’as entendu parler de l’histoire de…? ou encore Tout le monde ne parle que de ça depuis deux jours…

La majorité des habitants de C. et de ses alentours est au courant de cette histoire. C’est arrivé en juin dernier (à moins que ce ne fut en mai, mais que voulez-vous, j’ai la mémoire qui flanche, j’me souviens plus très bien). Alors que plusieurs adolescents s’amusent autour, et à l’intérieur, d’une fontaine sur une place de la ville (oui, ici, les jeunes s’amusent à l’intérieur de la fontaine, tout habillés, allez savoir pourquoi), une jeune fille d’environ 16 ans patauge également dans l’eau avec ses amis. Ce que je n’ai pas dit, c’est que cette fontaine émet des jets d’une façon, d’une hauteur, et d’une puissance aléatoires. Par un malheureux hasard, le jet le plus haut (c’est-à-dire jusqu’à environ 15 mètres), le plus rapide, et le plus puissant a jailli au moment où cette jeune fille était au-dessus du tuyau projeteur. L’eau s’est engouffrée dans son entrejambes avec une violence inimaginable. La seule chose que la population a ouï dire par le biais du bouche-à-oreille, c’est que la jeune fille a vite été emmenée aux urgences, et que tout l’intérieur de son corps était fortement affecté. Je me suis dit, comme d’ailleurs la plupart des habitants, Qu’est ce que c’est que cette débile qui s’amuse à se mettre au-dessus du jet d’eau?

Je connais cette demoiselle depuis septembre, mais ce n’est que mercredi que j’ai su que c’était l’héroïne de cette histoire. C’est la première année qu’elle participe aux mêmes cours du soir auxquels je participe pour la deuxième année. Nous étions trois personnes, et elle.

Nous : Ça va?

Elle : Ouais ça peut aller, je me suis fait retirer mon sam.

Nous : (incompréhension)

Elle : Vous vous rappelez de l’histoire de la fille qui s’est fait défoncer la ch… par la fontaine? (Les mots employés sont véridiques, j’en ai censuré un uniquement parce qu’il est trop vulgaire et que je ne l’aime pas)

Nous : Oui.

Elle : Ben c’était moi!

Nous : (étonnement)

Elle : C’était très compliqué. Et maintenant il y a des dysfonctionnements dans mon organisme.

Nous : C’est-à-dire? (Oui, parfois, on se demande après coup la raison pour laquelle on a demandé ce genre de précision)

Elle : En fait, le jet m’a déchiré le canal vagino-rectal, et mon anus est endommagé.

Nous : (gêne)

Elle : Et aujourd’hui, je viens de me faire retirer mon sam.

Nous : Ton sam?

Elle : Mon sac à merde. Mon corps ne pouvait plus rien stocker, alors on m’a mis un sac artificiel, sam.

Nous : (dégoût)

Elle : Une poche à caca, quoi.

Oui, ben c’est bon, on avait compris! Déjà qu’il ne faut pas grand-chose pour me dégoûter, là, j’étais servi!

24 oct. 2006

Un regard neuf sur la folie

Il y a des gens bizarres qui prennent le bus, à commencer par moi (même si moi, je suis bizarre dans le sens le plus honorable du terme). Bon, il faut dire qu'une bonne partie de la population faisant partie de la catégorie dite bizarre habite à C.
Aujourd'hui, il y avait une dame qui parlait toute seule. Dans un premier temps, le citoyen lambda que je suis (enfin, un peu moins lambda que les autres, faut pas déconner, c'est quand même moi) aurait pu se dire que ce n'était pas si étrange que cela; c'est vrai, à moi aussi, il m'arrive de parler tout seul, tout bas quand je marche seul comme Jean-Jacques Goldman, ou quand je chante avec mon micro devant ma glace immense chez moi, comme tout le monde le fait (quoi tout le monde ne chante pas devant sa glace avec un micro? Les gens sont curieux...). La différence avec les gens qui se parlent à eux-mêmes discrètement est que cette dame parlait fort et pendant tout le trajet du bus...
Il m'a dit que j'étais dépensière. Si, il m'a dit que j'étais dépensière, mais j'ai le droit d'être dépensière à la fin. Alors je suis rentrée. Je lui ai dit que j'étais pas dépensière. Il m'a dit que si, j'étais dépensière. Comme si acheter du maquillage, c'était du gaspillage (notez que pour elle, non, ce n'était en effet pas du gaspillage). C'est faux, tout le monde se maquille (euh...oui...enfin, pas tous les jours non plus...). J'achète du maquillage, donc je ne suis pas dépensière.
Il n'avait qu'à l'amener à la SPA. C'est vrai, c'est fait pour ça la SPA. Alors, je lui ai dit que j'allais l'amener à la SPA, parce que s'il ne veut pas le garder, il faut l'amener à la SPA, et ce sera mieux pour lui. Mais il ne voulait pas m'écouter. Mais il était triste; la seule solution, c'était la SPA.
Je lui ai dit non. J'avais rien préparé, et la maison n'était pas rangée. Je ne voulais pas qu'elle vienne à la maison. La maison n'était pas rangée. J'ai voulu lui faire comprendre que la maison n'était pas rangée, mais rien n'y faisait, elle avait décidé de venir. Pourtant, je ne voulais pas. La maison n'était pas rangée, et je n'avais pas fait le ménage, donc je préférais y aller moi-même. Mais elle voulait venir. Alors, tant pis, je n'ai pas rangé la maison (du coup, la maison, elle n'était pas rangée; c'est bon, on a compris).
Cela prête à sourire au début, mais finalement, je me suis dit que c'était triste quelqu'un qui parle tout seul comme ça. Même si cette dame ne s'en rend pas compte, je suis gêné pour elle, je suis triste que la vie la rende presque folle ainsi, à parler toute seule, à proférer des banalités que tous les passagers du bus entendent.
Je me suis alors rendu à la fnac, acheter mon CD et mon DVD pour me remonter le moral, puisque vendredi ils ne les avaient toujours pas (oui, la fnac de C. est pourrie, aussi bizarre que les habitants de la ville), et ma mélancolie s'est atténuée lorsque la vendeuse m'a dit qu'à C., Lara Fabian avait ses fans, et qu'elle était la chanteuse francophone, deuxième plus grande vendeuse de disques, après Mylène Farmer. Et même si c'est dans une ville pourrie, ça m'a fait plaisir.

21 oct. 2006

Là où je me rends compte que la beauté est un thème récurrent de mes chroniques

Imaginez un peu.
Vous vous trouvez beau ou belle (oui, je sais, pour certains, c'est difficile, mais bon, ici, on est à Moominland, donc mes lecteurs, et trices, ne peuvent pas ne pas être beaux ou belles (quoi? Y a trop de virgules dans cette parenthèse? Et bien, je m'en fous, j'en rajoute encore: ,,,,,,,)), mais vous pourriez être encore mieux... La fée Minine vous offre une (et une seule) opération de chirurgie esthétique.
Pour vous, quelle est l'opération prioritaire?

19 oct. 2006

Orgie

J'ai récemment organisé une réunion à apéritif dinatoire pour discuter des méfaits des poissons rouges en milieu urbain, et par temps sec, en compagnie d'experts pointus à ce sujet. Nous étions tranquillement en train de parler du rôle majeur de la poussée d'Archimède et du Prix Goncourt sur la migration du cheval de Lucky Luke, avec une patte plâtrée, lorsque l'un des invités m'a dit: Rhum Anàleauderose! Quelqu'un frappe à la porte!
Euh... Moi, c'est Rhum Raisin...
Je me suis dirigé vers la porte, et ai regardé par le judas pour voir qui c'était. Or je me suis vite rendu compte que la porte était vitrée. J'ai souri avec un air presque niais, et ouvert ladite porte.
Quand il est arrivé chez nous, personne ne savait qui il était, d'où il venait; ce n'était qu'un étranger. Il avait un regard si doux qu'il vous faisait rêver. Tout de suite on l'a adopté, lui, notre ami l'étranger.
Il s'est installé avec nous, a parlé des choses qu'il maîtrisait, comme la recette de la soupe de poisson, ou l'architecture de la chapelle Sixtine, mais cela nous a paru louche lorsqu'il nous a montré une vidéo des coulisses de Disneyland Paris.
Il s'est levé, est allé dans l'arrière-salle, et a attendu. Deux invitées l'ont rejoint, et nous avons entendu des bruits étranges à travers la cloison en PVC. On entendait distinctement les demoiselles faire des bruits de satisfaction. Trois hommes se sont levés à leur tour, et se sont rendus dans cette salle. On entendit alors des sortes d'applaudissements lents et irréguliers. Les visiteurs se rendaient là-bas, de plus en plus nombreux, et les voix échappaient des petits cris, ainsi que des soupirs.
Je suis alors allé voir ce qu'il se passait, puisque, tout naïf que je suis, je ne comprenais guère ce qu'il se passait.
Mes yeux furent horrifiés de tant d'impudeur, et mes narines furent, elles, importunées par cette addition d'odeurs diverses. Les hommes et les femmes étaient debout, assis, accroupis, allongés, tordus; je n'en revenais pas. J'étais outré, à peu près autant que lorsque j'ai appris que Cyril allait chanter avec Lara Fabian. Les corps s'enchevêtraient, impatients, se mouvaient à travers les membres fermes et humides, la lumière orangée éclairant à peine, mais faisant augmenter la température de la pièce.

On m'a fait signe de venir. Je devais me laisser faire. Mais j'ai ma dignité. Je ne veux pas être perverti et donc je suis parti.

16 oct. 2006

Des mots et une guitare

Dans mes portraits de stars de la chanson francophone, j’essaie d’être le plus éclectique possible: hommes, femmes, années 60, années 90, rock, slow… C’est pourquoi avant de parler, la prochaine fois, d’un groupe, dont l’existence a sombré dans l’inconscient collectif, et dont le plus gros succès fut très « bi », je décide aujourd’hui de parler d’un chanteur dont les gens de mon âge se foutent éperdument, si tant est qu’ils le connaissent. C’est un chanteur qui a eu ses heures de gloires dans les années 70/80, mais qui n’a pour ainsi dire jamais eu de groupies, tel un Cloclo ou un Dave une Sylvie Vartan, parce que ses mélodies sont plus proches de celles de Georges Brassens que de celles de Michel Polnareff.

Aujourd’hui ringardisé par mes contemporains, Yves Duteil occupe pourtant une place de choix dans la variété française. C’est un parolier hors pair qui défend la langue française dans ses chansons (La langue de chez nous). Ses albums portent un message d’humanité, de paix, de bonheur et de simplicité, et c’est pour ceci qu’il est apprécié du public. Prendre un enfant est sa plus célèbre chanson; il se porte aux oreilles de tous tel un messager-médiateur entre les enfants, parfois trop peu aimés, et les adultes, parfois impitoyables. Sensiblement le même thème est abordé dans Pour les enfants du monde entier. Yves Duteil est un amoureux des mots, mes également de la musique douce. Aussi est-ce toujours à la guitare qu’il s’accompagne. Il a d’ailleurs montré son attachement profond à cet instrument en composant la chanson J’ai la guitare qui me démange, dans laquelle il ne faut voir aucun double sens. Lorsque la guitare le démange, Yves donne envie de danser, puisque dans La tarentelle, il s’attaque au dur labeur de faire bouger Mesdames et Messieurs. Il y parvient. Et enfin, pour terminer avec ses titres les plus connus, Le petit pont de bois est une ode aux nostalgies et aux souvenirs de la vie passée qu’on voudrait revivre, mais qui font définitivement partie du passé.

Le problème avec Yves Duteil, c’est qu’on a l’impression qu’il n’y a rien de sulfureux ou d’acide, et on peut se dire que c’est un chanteur un peu trop conventionnel. Ceci est bien dommage puisque peu de gens savent qu’il est le maire d’un petit village de Seine-et-Marne, Précy-sur-Marne, et qu’il a collaboré avec Liane Foly, avec Rose Laurens, ou avec Régine. Si ça c’est pas du sulfureux!