On a tout à fait le droit de faire du cinéma quand on n'est pas beau. Regardez Clovis Cornillac. Mais on a aussi le droit d'en faire quand on n'est vraiment pas beau.
Hier soir, j'ai (assidûment) regardé Les fautes d'orthographe sur France 3. C'est le genre de film qui nous rappelle les douces joies de l'internat et des colonies de vacances. Ces films m'ont toujours plu, parce qu'ils sentent bon l'enfance, les bêtises que l'on fait avec ses copains. Ils me rappellent un côté de mon enfance que je n'ai pas vécu, puisque je n'ai jamais été interne, et je ne suis jamais allé dans une colonie de vacances.
Daniel Massu est le fils du proviseur (son père) et de la directrice (sa mère) de l'internat où il fait ses études. Mais Daniel Massu est gros et moche, et il est très en retard dans son processus de puberté, à tel point que l'odieuse infirmière manque de pouffer de rire devant lui quand il enlève son slip. Si l'infirmière avait été Koxie, elle lui aurait balancé un vulgaire T'as même pas d'poils sur la quéquette, et le pauvre garçon serait allé, malheureux, se pendre à une branche de platane dans la cour de récré. Heureusement, j'ai précisé que Daniel était gros, donc la branche se serait cassée, comme Nolwenn Leroy. Comme une coïncidence, Damien Jouillerot a hérité de ce rôle sur mesure, tiraillé entre ses parents haut placés et ses camarades le traitant de fayot. Quand j'ai appris que Damien Jouillerot était plus vieux que moi, j'étais assez stupéfait. Lui, paraissant si jeune, avec un physique difficile, et moi, paraissant si jeune aussi... Ceci pour dire que je n'ai que peu de chances de faire du cinéma, puisque je ne ressemble pas à Clovis Cornillac. Mais quand même, il a déjà un beau palmarès le Damien, moins prestigieux que celui de Jules Sitruk, mais toujours plus beau que celui de Jérôme Hardelay, qui démontre chaque jour que des yeux rieurs, des tâches de rousseur et un sourire parfait ne suffisent pas toujours pour faire du cinéma.
Peut-être que pour participer au casting des Fautes d'orthographe, il fallait avoir sa carte au CDPD, Club Des Physiques Disgracieux. Franck Bruneau a crié à Khalid Maadour "ça t'aurait plu d'être beau? T'es né comme ça ou on t'a marché dessus?", ce qui est un peu l'hôpital qui se moque de la charité. Peut-être qu'avec Thomas Salsmann, Aurélien Jegou, et l'arrivée de Yoann Sover, KD2A y a gagné au change. Il m'a toujours fait peur ce Franck Bruneau, moins que l'horrible monsieur Orangina rouge, qui n'est pas le même monsieur que Booder, mais quand même. Il me fait autant peur que Michel Polnareff jeune. D'ailleurs, si on occulte la couleur des cheveux, il y a une petite ressemblance, non ? C'est sûrement la globulosité oculaire qui fait ça. Non, il n'y a que dans Trois femmes... Un soir d'été - meilleure saga estivale de France 2, en attendant les performances de Louise Monot, Guillaume Cramoisan, Serge Gisquière, Claude Gensac et Bruno Madinier (encore) dans La prophétie d'Avignon - qu'il est apparu gentil.
Or gentil, ça ne fait pas tout. Le petit Daniel Massu est donc moqué et chahuté par beaucoup de ses camarades, et finit même par perdre l'amitié de l'un de ses seuls soutiens, René Boury. C'est Anthony Decadi qui joue ce rôle. Son visage de petite tête blonde angélique qui a mal tourné m'est totalement antipathique. Même Macaulay Culkin, je le préfère (je pense bien sûr à Macaulay Culkin après avoir été l'adorable Kevin McCallister que tous les gens de mon âge ont connu, c'est-à-dire après avoir sombré dans l'alcool et dans la drogue, et être devenu aussi antipathique que Lorànt Deutsch (je pense bien sûr à Lorànt Deutsch, après avoir été l'adorable intrépide que tous les gens de mon âge ont connu, c'est-à-dire après avoir fait des films à gros budgets, et après être devenu aussi antipathique que Jean-Baptiste Maunier (je pense bien sûr à Jean-Baptiste Maunier, après avoir été l'adorable Pierre Morhange que tous les gens de mon âge ont connu, c'est-à-dire après avoir pris la grosse tête et massacré toutes les chansons des Enfoirés 2007, et être devenu aussi antipathique que les soeurs Olsen (je pense bien sûr que je vais m'arrêter là parce que j'en ai marre de salir ma page de tous ces noms)))).
Par chance, avant de se lier d'amitié à Jean-Claude Griset/Franck Bruneau, Daniel Massu avait un autre pote, Richard Zygelman. Leur amitié voit le jour dans la première partie du film, lorsque le spectateur que je suis découvre tout ce à quoi il a échappé durant son enfance : les cigarettes dans les toilettes, les blagues potaches, les douches communes, les remarques sur les petites bites, les paris pour rouler des pelles à des filles pendant dix minutes quarante-cinq, la franche camaraderie, et j'en passe. Cet ami, Richard Zygelman, chante très bien Donna Donna (Le petit garçon) de Claude François, mais dans sa version d'une autre langue, que je n'ai pas retenue parce que je m'en fous, c'est un Raphaël Goldman méconnaissable. Enfin quand je dis méconnaissable, c'est un peu faux parce qu'on le reconnait quand même... Comment ça Raphaël Qui? Permettez-moi de répondre que je trouve déjà bizarre que vous me demandiez Raphaël Qui? On est en France! Et ça aurait été plus logique de demander Qui Goldman? Ou alors, c'est que vous n'avez aucune culture populaire. Enfin, Raphaël Goldman, quoi! L'un des héros de la saison 1 de Coeur Océan, enfin! L'un des héros des deux premiers épisodes de la saison 2 de Coeur Océan, enfin! Certes, il avait une coupe à la Nicolas d'Hélène et les garçons, mais j'ai envie de dire Et alors? Si, vous le connaissez ; c'est lui qui est à côté de moi, là :
On n'est pas obligé d'être beau pour faire du cinéma, mais je ne sais pas si je l'aurais bien pris si j'avais été au générique des Fautes d'orthographe finalement.