9 mars 2008

Une longue soirée de Victoires

Tu es peut-être une fille de la haute ou un bobo efféminé, et pourtant tu t'obstines à dire que les cérémonies à la télé sont soporifiques. Zut, ai-je envie de dire : zut! La soirée des Victoires de la musique est faite pour toi. Tout ce qu'il y a de mieux dans le domaine de la branchouille et de la nouvelle scène française se donne rendez-vous lors de cette soirée. Je ne suis ni une fille de la haute, ni un bobo efféminé, mais ce genre de remises de prix, pour moi, c'est planant.
Tu ne peux pas, toi, ne pas avoir exprimé ta joie en voyant Justice recevoir la Victoire de l'artiste de musique electro-dance de l'année. Les fils à papa aux t-shirts moulants n'auront pas manqué de se descendre une bonne petite bouteille de vodka pour fêter ça.
Si tu es romantique, tu ne peux pas ne pas avoir fondu en écoutant Yael Naim chanter son titre après avoir reçu la Victoire de l'album musiques du monde de l'année. Pour la première fois, j'ai trouvé à New soul quelques mesures ressemblant étrangement au très gai Billy Brown du non moins gai Mika. Inutile de préciser que je n'en ai que plus apprécié.
Sincèrement, il faut dire que la soirée était placée sous le signe de l'élégance. Les interprètes - quand ils avaient été préalablement bien briefés - n'arboraient que du noir et blanc. Même le flegmatique Nagui, avec sa cravate blanche sur chemise blanche, faisait preuve de sobriété. C'est une cérémonie qui se veut de qualité. Tout avait pourtant si mal commencé...
L'idée - originale - d'inviter les inclassables Schtroumpfs du Blue Man Group n'a pas permis à l'ouverture de la soirée d'être bonne. Leurs "gestes de Victoires de la musique étaient ratés et pas drôles. Je reste néanmoins fasciné par ce latex bleu si parfaitement réparti sur la tête de ces gens. Je veux qu'on m'explique.
Pourquoi les chanteurs, cette année, étaient-ils si bien habillés ? (ndRR, exception - malheureusement - pour Koxie, qui, boudinée dans sa robe noire, a pris dix ans en une soirée). Dandy Daho a obtenu la Victoire de l'album pop/rock de l'année. Dandy Dutronc a montré son minois. Les sympathiques Hocus Pocus, presqu'aussi pink qu'une veste de Mika aux NRJ Music Awards, bien propres sur eux, ont fait leur show electro/hip-hop et ont même déclenché l'applaudimètre de Patrick de Carolis. Si la musique underground a été reine dans la deuxième partie de l'émission, avec un Jacques Higelin de plus en plus marqué, aux cheveux de plus en plus hirsutes, le début de la soirée était plus fleuri. Zazie a dû prendre une bonne semaine de vacances sous les sunlights des tropiques, tant son visage bronzé hypnotisait le téléspectateur, au détriment de son Je suis un homme. La plus grande nommée de la soirée, revenue bredouille, avait très bonne mine, car là, brunie par le soleil, elle rayonnait. La Tortue, aussi, a brillé par sa prestation, la meilleure depuis ses shows à Baltard. Chemise blanche, cravate noire, veste noire sans manche, jean slim, baskets or, Christophe Willem a livré une prestation parfaite. Son Double je a été servi par un excellent ovni de la chanson française, assumant véritablement pour la première fois une féminité outrageusement libérée. Il est donc normal qu'il ait obtenu la Victoire de la chanson de l'année.
Toi, téléspectateur, peut-être as-tu vu Diam's pleurer, après l'avoir entendu se demander si c'étaient ses dernières Victoires (mauvais pressentiment?). Peut-être as-tu aperçu un Christophe Maé, révélation du public, littéralement s'éclater sur scène. Peut-être encore as-tu kiffé grave l'éminente réécriture de Monsieur Vincent Delerm sur Les filles de 1976 ont trente ans. Tu n'as alors certainement pas été insensible à Michael Youn. Oui, avant d'apprendre furtivement que Maréva Galanter préparait un petit frère à Ukuyéyé, tu n'as pu que tomber des nues en voyant, assis devant la télé, Trankilment en version acoustique, Fous ta cagoule en version traditionnelle, J'aime trop ton boule en version jazzy et Parle à ma main en version psychédélique. Tout n'était pas maîtrisé, mais c'était bien osé!
On était prévenu, des hommages étaient prévus. Il fallait s'y attendre : on est un peu resté sur sa faim. Syracuse par Vanessa Paradis, la chanteuse de l'année (est-ce mérité?) était prévisible et assez bof. Edouard Baer et Julien Doré ont été particulièrement laborieux sur Papayou, ce qui est assez surprenant de la part d'Edouard Baer. la seule vraie surprise est venue de cette invasion de guitaristes jouant du Rita Mitsouko. Ma culture en guitaristes étant limitée, je n'ai reconnu que Thomas Dutronc, Mickey (tout seul) et Eric Serra parmi la quinzaine présente.
J'avoue avoir légèrement décroché à cause d'Emily Loizeau et autres Abd Al Malik, chanteur de l'année, et trouvé la coiffure d'Etienne Daho moche. Mais s'il y a une chose à retenir de cette soirée, c'est le phénomène Renan Luce. Il n'a pas trente ans, et pourtant, il transpire la gentillesse, la tendresse et le talent. Il a reçu deux Victoires : artiste révélation scène de l'année et album révélation de l'année. L'album Repenti est un petit bijou et surtout, surtout, surtout, cette chanson, ce clip :


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