Imaginez un film à gros budget, avec un scénario rocambolesque. Ce serait l’histoire d’un homme. Il serait trésorier du parti majoritaire d’un pays et, en même temps, il serait ministre. La femme du héros s’occuperait à gérer la fortune d’une vieille dame riche. La presse dévoilerait des conflits d’intérêts entre le héros et cette vieille dame à la fortune colossale, laquelle serait en procès avec sa propre fille. Ajoutez à cela quelques seconds rôles savoureux comme un photographe, une comptable et un président de la République et vous obtiendrez une histoire improbable « qui n’arrive que dans les films ».
La réalité n’a parfois rien à envier à la fiction. Alors que depuis plusieurs semaines, l’affaire Woerth-Bettencourt ne cesse de faire les choux gras de la presse, pas moins de cinq réalisateurs français se sont déclarés intéressés par porter cette histoire sur grand écran. Tenants et aboutissants ne sont toujours pas tous connus, et pourtant ils se disent prêts à se lancer dans cette folle aventure.
Jean-Pierre Mocky, grande gueule du cinéma français, se dit « passionné » par l’affaire Bettencourt et se verrait bien en faire un film. Fort du succès de son dernier téléfilm sur France 2, le réalisateur proposera le projet à Rémi Pfimlin, le nouveau patron de France Télévisions. « Le sujet est plus intéressant que l’histoire d’un type qui baise sa femme de ménage ! », a-t-il déclaré avec l’air bougon qu’on lui connaît.
Le réalisateur du succès OSS 117 est quant à lui déjà sur les starting-blocks. Michel Hazanavicius développe le projet avec le producteur Thomas Langmann. « Des scénaristes travaillent déjà sur Parce que je le vaux bien », confie-t-il. Le cinéaste voit les choses façon « comédie italienne, à la fois drôle et cruelle ». L’histoire serait centrée sur les personnages qui gravitent autour de Liliane Bettencourt : « Domestiques la journée, milliardaires le soir ».
Claude Chabrol suit, lui aussi, l’affaire romanesque « de très près » et trouve le sujet « tentant ». Mais avant de se lancer, il préfère attendre « que les choses soient résolues ».
Le réalisateur du film Les Prédateurs, Lucas Belvaux, se concentrerait davantage sur « ce que révèle l’affaire de notre époque et de notre président surtout : l’implication du pouvoir politique dans toutes ces histoires ».
Enfin, Xavier Beauvois, à qui l’on doit Des hommes et des dieux, est plutôt séduit par l’idée de transposer l’action au XVIIIe siècle, à l’époque de Talleyrand. Une façon, pour lui, de montrer que « les hommes ne retiennent rien de l’Histoire. C’est toujours pareil : l’argent, encore l’argent… ».
Même Laurent Ruquier planche sur une version jouée sur scène. Lui, c’est plutôt le personnage de François-Marie Banier qui l’inspire. Parce que je la vole bien devrait raconter l’histoire d’un type qui se fait offrir un milliard d’euros par une vieille dame très riche.
Le problème avec un script aussi riche, à mi-chemin entre un polar d’Agatha Christie et un épisode de Dallas, c’est qu’au niveau du casting, il va falloir assurer ! Michel Hazanavicius imagine Jeanne Moreau en Liliane Bettencourt et Denis Podalydès en François-Marie Banier. Xavier Beauvois pense, lui, à Nathalie Baye, « après quatre heures de maquillage ». Quant à Claude Chabrol, il verrait bien Gisèle Casadesus, « excellente comédienne de 97 ans ». Et ce dernier d’ajouter : « Évidemment, Christian Clavier ferait un très bon Sarkozy ». Tout dépendra, bien sûr, du fin mot de l’histoire.
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