De la même manière que je suis allé dans un bal de village pour la première fois de ma vie à 20 ans, je me suis rendu, aujourd'hui, pour la première fois de ma vie, dans une brocante. Attention, je ne parle pas du petit vide-greniers du village, visité au hasard de la promenade du dimanche avec papy et mamy. Oh non. Je parle bien de la bonne vieille brocante couplée au vide-greniers de tous les greniers du coin, organisée sur deux jours. Le truc énorme, quoi. J'en suis encore tout retourné et tout malheureux de ne pas avoir découvert ça plus tôt, comme bien d'autres choses, d'ailleurs.
Avant d'entrer dans la grande salle ruisselant de pépites, on sent déjà qu'on va vivre un moment grandiose. Des dizaines de mamans sont là, à discuter devant la porte d'entrée, la poussette à la main. Le deuxième enfant, étant plus grand, tient la deuxième main de la maman. L'ambiance est conviviale, on parle fort, on discute de ce qu'on a acheté et on rit à gorge déployée. Puis on entre dans la grande salle où sont entassées toutes les vieilleries pour lesquelles on s'est déplacé. On respire un mélange de merguez grillée, de fumée et de café artisanal. C'est normal, le bar/buvette est situé à l'entrée, où sont réunis tous les plus de 70 ans et les maris des mamans de dehors qui en sont probablement tous à leur huitième verre de Beaujolais nouveau. On en zapperait presque qu'on est accueilli par un superbe live de Michèle Torr enregistré à l'Olympia en 2002. Le brouhaha est tel que personne ne prête attention à la musique.
Plus on avance dans la grande salle, plus l'odeur de graille s'atténue. C'est une délicate odeur de vieux et de naphtaline qui vient chatouiller nos frèles narines. On déambule entre les babioles de grand-mère, les services de vaisselle en faïence, les fringues portées par trois générations de grands gaillards, les Paris Match de 1956 aussi grands qu'un Libé d'aujourd'hui, ou encore les machines à écrire désuettes et autres Minitel pour les fétichistes des vieux trucs.
Puis, à force de voir tous ces Jacky gens chiner, j'ai compris la joie qu'ils pouvaient ressentir en voyant un objet. Un simple bibelot peut en effet procurer une joie incommensurable tant il peut raviver des souvenirs d'enfance. C'est là que mon regard moqueur s'est peu à peu transformé en tendresse portée sur ces personnes qui occupent leur dimanche en fouillant dans le passé pour espérer retrouver le goût de leur bonheur perdu. Mon bonheur à moi, c'est d'avoir pu me procurer, pour une modique somme, des 45 tours et des singles. Je suis encore novice, mais je sens déjà que ça va me plaire.
Une chanson culte de la belle Karen
La meilleure chanson de Karen
L'incontournable
Le verso de Bébé Rock de Jeanne Mas (oui, on était moins regardant, avant)
Une petite sélection du meilleur des années 1990
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