4 nov. 2009

Invincible

Je n'ai pas assez de mots pour décrire l'effet que procurent presque deux heures intimes avec Michael Jackson.

Je n'aime pas trop employer le mot bluffé. Je dirais donc que je suis stupéfait. Le problème, c'est que le mot stupéfait n'a pas une valeur assez élevée pour qualifier mon état d'esprit après ma séance de This is it. Je pourrais dire que je n'ai pas assez de mots pour décrire l'effet que procurent presque deux heures intimes avec Michael Jackson. Je pourrais me ranger derrière l'avis quasi unanime des journalistes ou derrière les dithyrambes exprimés par les spectateurs. Je ne suis pas vraiment capable de juger le film, son montage, son cadrage. Mais voir les répétitions d'un show qui s'annonçait exceptionnel, ça, j'ai adoré.

This is it montre ce que la majorité du public ne peut pas imaginer. Je ne parle pas des fanatiques de MJ, comme on l'appelle dans le film, mais bien des gens pour qui MJ est une star parmi d'autres, rien de plus. Pour certains, MJ est la plus grande star du monde, pour d'autres c'est un chanteur comme les autres, qui a juste eu de la chance d'avoir un succès incomparable. Or c'est faux. À le voir s'entraîner pour ses cinquante shows londoniens, il prouve que c'est un artiste avec un talent - notamment vocal - que même de grands admirateurs ne pouvaient subodorer, une humanité indéniable et un professionalisme inouï.

Je ne suis pas particulièrement fan de MJ. La preuve : ma chanson préférée de lui, c'est Heal the world - qui me ramène décidément à cette encombrante fatalité que je préfère toujours ce qui est mou - et éventuellement Black or white. Je n'aime pas vraiment Beat it, ni Billie Jean et encore moins Thriller. Je suis même incapable de fredonner Smooth criminal, ni Earth song, ni The girl is mine. Bref, MJ avait énormément de secrets pour moi et j'avais assez peur de m'ennuyer pendant ce long documentaire. Il m'a fallu une vingtaine de minutes pour être happé par l'ambiance, et après... je n'ai pas vu le temps passer.

MJ répète, en compagnie de ses danseurs, de ses musiciens et des techniciens, toutes les chansons du spectacle, une par une. Il sait quel pas danser à tel moment précis de sa chanson. Il sait quelle note le choeur devra chanter à tel moment du refrain. Il sait quelle lumière devra être projetée à tel moment du show. Il sait quel regard la jeune femme qui chante en duo avec lui devra lancer au public.


Le chanteur et danseur américain Michael Jackson, ici en 1993.

Le chanteur et danseur américain Michael Jackson, ici en 1993.

MJ est habité par la musique, à un degré inimaginable, toujours en mouvement, limite en transe. Le final de Beat it est majestueux. Le nouveau clip de They don't care about us est génial (extrait à la fin de cette chronique). C'est un artiste d'un professionalisme irréprochable, à qui il manque peut-être, certes, une légère touche d'humour et de convivialité entre lui et son équipe, hormis un ou deux passages. Son énergie est incroyable : il est même plus dynamique que ses danseurs de vingt ans, qui, au passage, ne doivent pas en revenir d'avoir partagé ces quasi-concerts privés avec lui. En fait, il est tellement fascinant que l'on reste scotché devant le grand écran, presque fier de partager ces moments privilégiés à le regarder répéter. On lui pardonne même ses errances vestimentaires : son pantalon orange et ses cuisses dramatiquement fines, son bas de jogging doré à paillettes brillantes et sa veste à épaulettes pointues.

Finalement, le seul défaut que je trouve à This is it, c'est de ne pas laisser le droit d'entendre Heal the world en live (sauf un peu, à la fin, si on reste jusqu'à l'arrêt du générique, ce qui vaut toujours le coup), ni You are not alone. À part ça, le reste est assez génial.

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