8 juin 2007

T'as beau pas être beau

Je m’baladais sur l’avenue le cœur ouvert à l’inconnu au cœur du Jardin L., l’un des uniques jardins de C.. L’air était moite à en faire pleurer n’importe quel diapnophobe. La pollution était élevée à en affoler n’importe quel sinusophobe. Les djeun’s hurlaient à en pousser les acousticophobes au suicide, en conjecturant que ces derniers n’eurent pas été autocheirothanatophobes. Et je voyais tous ces ballons jaunes et bleus fleurir dans la ville, tout ça pour soutenir l’équipe qui disputera la finale du championnat de France de rugby contre le Stade Français demain soir. Evidemment, C. est en ébullition. Il faut dire qu’à part son équipe de rugby, son festival du film court, et éventuellement sa célèbre marque de pneus, C. n’a pas grand-chose. Et au milieu de tous ces énergumènes affichant fièrement leurs ballons bicolores, j’errais tranquillement sans avoir encore remarqué que les beaufs me souriaient à cause de l’assortiment de mon jaune polo et de mon bleu jean, incroyablement mal choisis pour le coup.

J’ai croisé une maman avec son fils. Loin de tout sentiment anabléphobe, j’ai scruté l’enfant avec une discrétion magnifiquement discrète. Quelle horreur! Hormis le petit polo jaune et bleu tout tâché de sauce tomate – à moins que ce ne fût du vomi – le jeune garçon portait une coupe de cheveux à la Yvan Cassar, mais couleur rouille. Et puis il avait des pustules géantes, pas toutes percées, faisait la grimace, avait un appareil dentaire, et ne savait probablement pas que la brosse à dents était indispensable, plus encore dans son cas. Sur le coup, je me suis dit Quel malheur! Quelle injustice d’être aussi moche! J’ai imaginé un instant que ce serait bien si, par un élan de générosité, je pouvais lui donner un peu de beauté rhumanesque. Mais en y réfléchissant, j’aurais peut-être hérité en échange des pustules purulentes, alors, tout compte fait, c’est aussi bien que ce genre d’action soit impossible. C’est égoïste, mais c’est sage. Parfois je me plains, mais après avoir croisé ce truc immonde, je n’en ai plus le droit.

Or en y repensant, il y a peut-être bien eu erreur d’appréciation de ma part. Pas au niveau de la laideur, non, mais en fait, j’ai peut-être croisé une jeune demoiselle, recherche un mec mortel. Et donc, c’est encore pire pour elle. Ses camarades de classe doivent lui pourrir la vie à cause de son physique. Ces petits merdeux doivent lui faire subir un calvaire. Elle doit en prendre plein la tronche par ces glands (phrase à ne pas sortir de son contexte). J’espère qu’elle n’est pas dismorphophobe, parce que sinon, c’est foutu pour son équilibre personnel.

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