Dans toute entreprise respectable, chaque nouvel arrivant doit se plier à la règle, et passer par une épreuve incontournable, un passage déstabilisant et humiliant pour le quidam de qualité que je suis : la visite médicale. Je ne sais pas qui a bien pu avoir cette idée folle, un jour d'inventer ce moment d'intimité avec les doigts expertes de la médecine du travail, mais je le maudis du plus profond de mon être, lequel n'est pas si profond que ça, j'en conviens.
Armé de mon plus puissant courage, je suis monté à l'étage du dessus, à la rencontre de la
A peine le temps de déposer mes affaires, que Madame B. me montre de son index la pièce étriquée dans laquelle j'avais pour ordre de libérer ma vessie du maximum d'urée possible. Il a fallu réveiller Dieu, Allah, Bouddha et Jéhovah pour que mon organisme, malgré sa non envie pressante, comprenne qu'il devait absolument m'éviter le ridicule et ne pas gratifier le vulgaire gobelet en plastique de trois malheureuses gouttes précieuses.
La première épreuve passée avec brio (avec qui ? Mouhahaha, elle me fait toujours autant rire), Madame B. m'a fait faire des petits jeux pour tester ma vue. Essayer de lire la ligne de lettres et chiffres avec les caractères les plus petits, distinguer les nombres multicolores écrits sur un fond tout aussi multicolore, c'était plutôt rigolo. Mais c'est après que le pire se produisit. J'ai dû entrer dans la pièce tant crainte, celle qui était l'objet de toute mes peurs et imaginations tordues.
- Alors Rhum, vous allez enlever les chaussures, le pantalon, le polo et...
- Et... ?
- Et je vous attends.
- Ah oui (essuyant la dernière goutte de sueur traumatique), bien sûr.
Ce n'est pas que Madame B. n'était pas gentille, c'est juste qu'elle ne répondait pas forcément à mes critères de séduction. Ses (discrets) poils au menton ne m'émoustillaient guère, et pourtant je me suis mis presque nu devant cette inconnue. Bien qu'ausculter soit le terme le plus adéquat, j'ai plutôt eu l'impression de m'être fait tripoter le gras par ces mains délicates. Dos tapoté, tension mesurée, palpitations comptées, bas du ventre tâté : tout ce que je ne supporte pas m'était réservé.
Je hais les visites médicales, il est vrai, mais elle aura au moins eu l'avantage de confirmer ma pensée : s'il y a bien une chose que je déteste, c'est devoir dévoiler mon corps à l'inconnu(e). Vous imaginez bien que le Rhum Raisin est très attirant en boxer, mais sa pudibonderie l'oblige à rester habillé en communauté. Peut-être ratez-vous un spectacle inouï, certes (non, il n'y aura pas de photo de Rhum Raisin nu à la fin de cette chronique). Je suis désolé.
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