Vincent Delerm – dont le dernier disque est formidablement bien critiqué ici – naît à Evreux en 1973 parce que les filles de 1973 ont trente ans. Il vit une enfance heureuse à Deauville, mais sans Trintignant. Un beau matin d’adolescence, alors qu’il se lance dans un slalom géant, il fait la connaissance d’Anita Petersen. Chaque jour, à l’heure du thé, il lui déclame un monologue shakespearien, dans la gare de Milan. Il choisit régulièrement la gare de Milan, parce qu’à Naples, il y a peu d’endroits pour s’asseoir. Or, un soir, en feuilletant un vieux Cosmopolitan, il se rend compte qu’Anita ne lui plait plus. Il rompt et tombe amoureux de Marine.
Il lui fait visiter Monterey, 78543 habitants. « Voici la ville dans laquelle je veux me marier avec toi, avec mes parents et tes parents » lui dit-il en souriant. « Je suis bien dans tes bras, je pense à toi, c’est déjà toi la femme de ma vie, avec ta tête d’ange, il fait si beau ce matin » ajoute-t-il sans se soucier des banalités qu’il déverse. Marine rougit de bonheur quand Vincent lui fait ses déclarations. Elle a les jambes de Steffi Graf et du sépia plein les doigts. C’est normal, puisque Marine est une fille sportive. Et comme le cœur des volleyeuses bat plus fort pour les volleyeurs, la vie est la même. C’est la raison pour laquelle, du 29 avril au 28 mai, Marine fait de la natation synchronisée, avec Charlotte Carrington, à Kensington Square. Mais comme le lui répète sans cesse Vincent, un tacle de Patrick Vieira n’est pas une truite en chocolat.
Vincent décide alors d’emmener Marine au Shea Stadium. Mais ils rencontrent Fanny Ardant. Vincent est alors embarrassé. « Quoi ? Je t’ai même pas dit que Fanny Ardant et moi, on était ensemble ? ». Humiliée, Marine se transforme en espèce de vipère du Gabon et mord Vincent jusqu’au sang, un peu comme un baiser Modiano, mais façon vampire. N’étant allergique qu’aux piqûres d’araignée, Vincent n’en meurt pas.
Il se réfugie à Chatenay-Malabry, seul. Il prend un livre dans sa bibliothèque, catégorie Bukowski, et lit la quatrième de couverture. Le lendemain matin, il se réveille avec Martin Parr, Ambroise Paré et François de Roubaix dans le dos. Et comme il y a un temps pour tout, il leur chante ses favourite songs à l’aide de son deutsche grammophon. Sous une pluie de chagrin, il repense à sa vie. Mélancolique et dépressif puissance quatre, Vincent meurt noyé sous les avalanches de pleurs. Que voulez-vous, tous les acteurs s’appellent Terence.
Cher lecteur, chère lectrice, je te propose de muscler tes zygomatiques en pratiquant la natation synchronisée.
[Précédemment dans Ils ont marqué la chanson française : François Feldman, Ophélie Winter, Claude Nougaro, Bill Baxter, Nicole Croisille]
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