29 mars 2009

Bienvenue au goulag

Quand la fin du week-end est là, c'est que le début de la semaine n'est pas loin. Sur cette maxime hautement philosophique, j'ai envie de faire oublier les tracas des travailleurs du lundi, de rappeler à chacun qu'il y a toujours pire que soi. Même si le moral n'est pas au beau fixe comme à chaque début de semaine, sache, cher lecteur, chère lectrice, que, durant mon stage, j'ai été moins bien loti que toi. Oh non, je ne me plains pas; j'exprime juste au monde entier ma douleur intérieure d'avoir côtoyé de si près un univers professionnel aussi abominable.

Toi qui te sens brimé(e), escroqué(e), écrasé(e), lesé(e) et autres mots en é (à part pâté et kristofmahé), sache que tu n'es pas le (la) seul(e). Le harcèlement au bureau, c'est beaucoup plus commun qu'on ne le pense. Mon stage ayant été horrible, je me permets d'être le saute-ruisseau de mon propre calvaire. Un calvaire qui a duré dix semaines, mais qui, en fait, se résume au premier jour. Ce lundi premier-jour, je reçois le règlement intérieur des mains-mêmes du patron de l'entreprise. Je comprends instantanément que je suis tombé chez les tarés. Je t'offre, cher lecteur, cher lectrice, un petit florilège des articles de ce règlement intérieur.

Article 7 - (...) Dans toutes les hypothèses, les salariés travaillant dans le même espace ne peuvent pas prendre leur pause en même temps. Ils prennent leur pause à tour de rôle en fonction des impératifs de travail énoncés par la direction.

(Forcément, c'est tellement plus sympa de faire une pause seul, de ne parler à personne pendant que tu bois ton café en face de la machine.)

Article 10 - L'espace de travail étant commun et ouvert, les salariés sont priés de réduire leurs bavardages aux échanges verbaux strictement nécessaires à l'exécution de leurs tâches. Ils n'ont pas à étaler leur vie privée, leurs difficultés du jour, leurs états d'âme du moment entre eux.

(Autrement dit, interdiction de parler librement, de demander des nouvelles de ses collègues, limite de dire Bonjour en arrivant le matin, puisque ce n'est pas une paroles "nécessaire à l'exécution [des] tâches". Une vraie bonne ambiance, donc...)

Article 13 - Aucune personnalisation de son bureau n'est autorisée. Aucun affichage sauvage ne sera toléré sur les murs de l'espace de travail ou sur les ordinateurs. Aucun post-it ou autre document ne sera placardé au mur.

(Il va de soi que les fonds d'écran personnels et les économiseurs d'écran étaient également prohibés.)

Article 14 - Les écrans d'ordinateurs devront être toujours face au plan de travail. (...) Ceux-ci ne peuvent pas être disposés en angle mort.

(Cet article implique que les patrons puissent à tout moment jeter un coup d'oeil sur l'écran des employés. On ne sait jamais, des fois que je me sois fait un petit porno au bureau, avec les patrons dans la même pièce que moi.)

Article 16 - L'usage d'un déodorant est obligatoire pour ne pas incommoder ses collègues de bureau.

(Je suis très porté sur l'hygiène. En revanche, je ne crois pas qu'un patron ait le droit d'obliger une telle chose à ses salariés.)

Article 23 - Les chewing-gums sont interdits. Les canettes sont interdites. (...) Aucun consommable utilisé (sachet de thé, emballage lingettes, papier sucre, bâtonnets de sucette...) ne doit traîner sur les bureaux ou dans les tasses et les soucoupes. Les sachets de thé, d'infusions ou autres boissons seront pliés dans un papier avant d'être jetés à la poubelle.

(Oui, je sais, ça donne envie de travailler là-bas...)

Article 24 - Les pauses cigarettes seront prises en-dehors des tranches horaires de présence.

(Fumer une cigarette en-dehors du temps de travail, voilà une belle définition du mot pause...)

Et enfin, j'ai gardé mon passage préféré pour la fin :

Article 12 - (...) Il est interdit de manger ses stylos, attitude qui accélère leur usure et donne une image déplorable aux visiteurs.

(Je l'avoue, j'en suis resté coi.)

23 mars 2009

Enfants, on vous ment !

Je hais les adultes. Ils sont la source de tous les maux de la Terre. Ils sont le déclic de tous les traumatismes infantiles. D'où vient cette manie d'inventer des histoires improbables dignes des histoires extraordinaires de Pierre Bellemarre ? D'où vient cet incroyable besoin de faire croire aux enfants tout et n'importe quoi ? Parce qu'on est candide et naïf aux temps des baby-gros et des fraises Tagada, on gobe tout ce que les adultes nous disent, et ce sont des lésions qui peuvent perdurer la vie durant.

Le premier foutage de gueule est, bien sûr, le père Noël. Faire croire qu'un gros monsieur barbu et dodu qui a cent ans depuis des siècles distribue des cadeaux à tous les enfants de la Terre, en se baladant en traîneau à travers ciel et en passant par la cheminée, ça sent quand même la grosse arnaque. Mais le gamin, doux rêveur qu'il est, y croit. Et lorsqu'en CP, son copain de classe Hugo vient, fier de son scoop, lui dire tout de go que le père Noël n'existe pas, que c'est papa et maman qui achètent des cadeaux et que c'est tonton Marcel qui se déguise en père Noël, c'est un mythe qui s'écroule. C'est comme la petite souris. La petite souris, elle sait que la prémolaire supérieure gauche est tombée dans la journée, et elle va rapporter un petit cadeau. Elle est quand même balèze, la petite souris. Avec ses 150 grammes et ses quatre petites pattes qui servent à marcher, elle est capable de transporter un livre de poche. Si ça, c'est pas abuser de la crédulité des enfants qui ont encore un doudou, je ne sais pas ce que c'est. Ne parlons pas des cloches et du lapin qui se démènent chaque année pour jeter des oeufs en chocolat qu'il faut chercher le dimanche de Pâques. Et comme les cloches sont intelligentes, elles jettent les oeufs en chocolats dans le jardin ou dans la maison, mais jamais en plein milieu de l'autoroute. C'est fort.

Il faut aussi arrêter de faire croire aux enfants que si on fait une grimace et que simultanément - pas de bol - il y a un coup de vent, on gardera cette tête en train de loucher à vie. Parce que déjà que faire une grimace devant ses copains de classe pour les faire rire, c'est ridicule, mais si en plus il faut bien faire attention que le vent ne souffle pas en même temps, ça oblige à le faire dans la salle de classe, et c'est plutôt une mauvaise idée. Et pourquoi répandre cette légende de l'eau de la piscine qui devient rouge ou bleue en cas de contact avec le pipi ? Hein ? C'est encore pour faire peur aux enfants. C'est là qu'on se rend compte qu'avant d'être pris pour des imbéciles par ses supérieurs hiérarchiques dans la vie active, on est déjà pris pour des neuneus par les adultes pendant l'enfance.

Ce qu'on dit à l'école peut également être source de graves chocs. Quand en maternelle ou au primaire, la maîtresse écrit au tableau et se retourne sur Victor qui vient de jeter un avion en papier sur Maéva pour lui dire Attention, je t'ai vu, Victor, j'ai des yeux derrière la tête, on ne peut qu'en déduire que maîtresse Martine est un alien, qui, sous ses cheveux permanentés, a deux gros globes oculaires invisibles que seule elle possède. Pas étonant que la vieille maîtresse fasse peur après. Et quid du jour de la photo de classe ou le vieux photographe moustachu nous dit de dire cheese au moment où le petit oiseau va sortir ? Comme si on était beau en prononçant cheese...

Je voudrais ensuite rendre hommage à tous ces malheureux enfants à qui l'on a forcé d'engloutir des montagnes de carottes pour les rendre aimables. Sans oublier le grand nombre de petits, oui de petits, qui ont été contraints de boire des litres et des litres de soupe pour grandir. Tout ça pour parvenir à faire manger les légumes du potager de pépé. Et puisqu'on est dans les légumes, restons-y. Je voudrais dénoncer cette imbécillité qui consiste à abuser - encore - de la naïveté des enfants en leur faisant croire que les filles naissent dans les roses, et les garçons, dans les choux. Beaucoup moins glam pour les garçons.

Alors oui, chers enfants, on vous ment. Les adultes se moquent de vous. Non, il n'y a pas de monstre-alligator sous le lit qui vous empêche de vous relever le soir avant de dormir. Non, la maison des sorcières au bout de la rue n'existe pas. Non, les chanteurs à la radio ne sont vraiment dans la radio, tout comme les gens à la télé ne sont pas vraiment dans la télé. Non, il n'y a pas de marchand de sable qui passe le soir pour que vous soyez fatigués. Le désert du Sahara ne pleuvra jamais sur votre lit. Il faut arrêter de croire n'importe quoi. C'est en grandissant que l'on comprend certains mensonges. Peut-être ont-ils du bon. Même si les carottes rendent aimable, il n'est pas interdit de ne pas en manger. Même si le vent fige les grimaces, il n'est pas interdit d'en faire. Même si certaines pratiques solitaires rendent sourd, il n'est pas interdit de se laisser tenter.

20 mars 2009

Un Bougnat presque parfait

Impossible de passer sous silence cette semaine gourmande de M6, passée sous la neige hivernale de Clermont-Ferrand. C’est ce soir que s’achève ce détour par l’Auvergne qui, à défaut d’avoir offert des dîners presque parfaits, aura exhibé à la France entière ses Bougnats presque parfaits.

Après des contrées prestigieuses comme Toulouse, Lyon, Strasbourg ou Nice, Un dîner presque parfait a fait escale cette semaine dans le 6-3 qui, en plus d’être un département étiqueté « France profonde » bien ancré en plein milieu de la diagonale du vide, est un département où la légende – souvent vérifiée – veut que les gens soient radins et pas accueillants. Il n’en fut rien cette semaine, où l’avarice a été exorcisée tant bien que mal et où le masque de bonne figure a été revêtu, parce que c’est pas tous les jours qu’on passe à la télé.

Mais le gros problème des Clermontois de la semaine, c’est qu’ils sont difficiles. Des Steevy boulets, en quelque sorte. Forcément, que les convives soient parisiens, nantais ou même bruxellois (voire au féminin, si vous voulez, puisque je découvre à l’instant que convive est un nom sans genre), on trouvera toujours des lourds qui n’aiment pas les carottes, le poulet, le raisin ou les crêtes de coq. Mais cette semaine, pour montrer une bonne image de l’Auvergne, région si souvent mise à l’honneur lors des discussions dans les régions plus peuplées, M6 a dégainé cinq Clermontois baffables.

Lundi, c’est Caroline qui invitait. La trentaine, brune, sympathique. Mardi, c’est Stéphane qui recevait. La trentaine aussi, fleuriste, très à cheval sur la déco. Mercredi, c’est Florence qui était aux fourneaux. Une maman de 37 ans, plutôt ronde, et très critique. Jeudi, c’est Jean-Pierre qui cuisinait. La quarantaine, assez déconneur et fan de karaoké. Et ce soir, donc, c’est Christine, la cinquantaine classe, qui sera l’hôtesse de maison.

A priori, on se dit que les cinq candidats sont faits pour s’entendre aussi bien sur le plan humain que sur le plan gustatif. Pour le côté humain, même si c’est pas la franche camaraderie, de celle qu’on pourrait reconnaître entre les rugbymen de l’ASM qui partagent la douche, c’est une relation cordiale et relativement détendue et joyeuse qui s’est installée. C’est sur le plan gustatif que ça se gâte. Christine aura du pain sur la planche pour séduire ses quatre palais. Elle, tout d’abord. Madame est végétarienne, et a donc stressé ses cuisiniers toute la semaine, prêts à se mettre en quatre pour lui faire du poisson. Mais voilà, les quatre autres sont plutôt des carnivores, pas très fans de la viande de la mer. Sur les quatre, il y en a un qui ne mange qu’avec un litre de crème fraîche dans chaque plat, un qui n’aime pas quand c’est trop épicé, deux qui n’aiment pas l’agneau, un qui n’aime pas les crevettes, le même qui n’aime pas le fromage, ni l’avocat, une autre qui n’aime pas les châtaignes, ni le curry… Une belle brochette, donc. Pour séduire chacun, Christine n’aura qu’à faire des coquillettes, sans beurre et sans sel, je pense.

A croire que le Bougnat n’est finalement pas uniquement un moustachu rustre qui vit au fin fond de sa maison rurale fabriquée en pierre de Volvic et qui aime manger à la bonne franquette du saucisson et du saint-nectaire. Aux yeux de la France entière, il devient quelqu’un de difficile et parfois raffiné. Mais surtout très chiant.

15 mars 2009

Mélodies marsiennes

Avec ce pré-printemps délicieux où les jeunes filles en fleurs bourgeonnent et où les jeunes garçons (dé)boutonnent, on a envie de sortir et courir dehors comme Laura Ingalls, de danser et chanter gaiement par ce beau soleil (soleil). Oui mais voilà, la moisson musicale radiophonique et télévisuelle de ce mois de mars 2009 est bien maigre. Tellement maigre que Imagine de John Lennon était à deux doigts d'intégrer le nouveau Top Ten...

N°10 - Adulte et sexy - Emmanuel Moire - Cette toute nouvelle chanson d'Emmanuel Moire n'est pas exactement formidable. Il n'empêche que l'ex Roi Soleil ose le changement de cap. Et rien que pour cette audace, il mérite cette place dans le Top Ten.

N°9 - Broken strings - James Morrison - C'est typiquement le genre de mélodies qui plaisent au printemps. Une jolie ballade qui n'a rien d'exceptionnel, mais qui rend les oreilles heureuses.

N°8 - Ce qu'ils aiment - Sheryfa Luna - Elle le sait, parfois elle abuse et quand elle fait sa relou, et jamais elle ne s'excuse, elle n'a qu'à nous faire les yeux doux, et ça marche.

N°7 - Sans armure - Martin Rappeneau - Sans armure est loin d'égaler Julien, mais Martin nous offre là un morceau très écoutable qui mériterait de passer davantage sur les ondes.

N°6 - Mon p'tit gars - Christophe Maé - Énorme chute de Christophe qui est littéralement expulsé du trio de tête. Il n'empêche que cette chanson reste excellente, notamment ce petit rire de bébé au début et à la fin, qui est rigolo.

N°5 - Rue des étoiles - Grégoire - Si cet extrait a du succès, c'est certainement dû à sa mélodie. Il semble que Grégoire soit un faiseur de musiques entêtantes. Comme Toi + moi, le texte de Rue des étoiles est un peu... niais?

N°4 - Lucky - Jason Mraz feat. Colbie Caillat - Là encore, un titre destiné à la légèreté, au bien-être et à la gaîté du printemps. Cette chanson est fraîche et les deux voix se marient plutôt bien.

N°3 - Like a hobo - Charlie Winston - Ce jeune vagabond est encensé par la critique. Je pense que c'est un peu exagéré, même si Like a hobo est plutôt sympathique, en particulier grâce à son sifflotement redondant facile à mémoriser.

N°2 - C'est dit - Calogero - Désormais incontournable de la variété française, Calogero me sidère. A l'écoute de ses différentes chansons, on se dit que c'est sympa, mais sans plus. Et pourtant, mine de rien, il a une puissance tubesque incroyable. C'est dit ressemble vaguement au Temps de l'hiver de Raphaël, mais avec une dimension mélancolique scotchante.

N°1 - The boy does nothing - Alesha Dixon - Cette chanteuse est de nature drôle et spontanée. C'est donc sûrement cette fraîcheur qui lui permet de signer cette petite friandise qu'est The boy does nothing. Cette chanson est rythmée et a du caractère. Bref, un bon Carambar qu'on aimerait sucer plus longtemps.

9 mars 2009

Encore des mots, toujours des mots, les mêmes mots

Alors que certains se lancent des défis exaltants, j'ai enfin décidé de m'en lancer un. Cela n'aura échappé à personne (enfin si, mais bon, passons), mais les vacances scolaires sont terminées dans les trois zones. Et pourtant, N'oubliez pas les paroles ! est encore programmé à la place de Service maximum, avec un Nagui plus moqueur que jamais. Il faut bien dire que cette émission a tout pour plaire: l'ambiance Qui veut gagner des millions ? mêlée à l'ambiance Fa si la chanter. Nagui, ce Jean-Pierre Brunner des temps modernes, est là pour guider les candidats venus de leur province natale, tous incollables en Jerk, en Macumba ou en Lucie.

Oui mais voilà, depuis le début de cette session hivernale, aucun candidat n'a atteint les 50 000 euros, ceux qui font bien plus rêver que les inaccessibles 100 000 euros. Tout le monde chute sur un banal Allo maman bobo, un improbable Vive le douanier Rousseau ou un impossible Aujourd'hui peut-être. C'est la raison pour laquelle je lance officiellement, ce soir, ma grande opération « Rhum Raisin chez Nagui ».

Attention, autant le dire tout de suite, j'ai décidé de ne pas me contenter de la modique somme de 2 500 euros. Je veux aller plus haut et dessiner des souvenirs. Or atteindre les 50 000 euros et avoir l'opportunité de dire Non, Nagui, 50 000 euros, c'est déjà une rès belle somme, donc je ne tente pas la chanson à 100 000 euros, ça se mérite. Faire rêver la ménagère - ou le ménager - de moins de cinquante ans en chantant Les lacs du Connemara n'est pas à la portée de la main du quelconque quidam, celui qui n'aime chanter que le refrain d'On va s'aimer bourré à minuit et demi dans un bar-karaoké de Saint-Brévin-les-Pins.

Pour cela, une méthode imparable: le travail. Autrement dit, j'ai décidé, tel un garçon besogneux, de me faire un petit classeur regroupant toutes les stars de la chanson française, de Larusso à Patrick Juvet, en passant par Didier Barbelivien et Isabelle Adjani. J'ai délégué volontiers Téléphone et Yannick Noah à mes jokers et me suis lancé ce week end dans l'élaboration de ce fastidieux memento où tous les interprètes - et leurs tubes respectifs - sont classés par ordre alphabétique.

Je sens que ça va me prendre du temps.

J'en suis déjà à Anggun.

5 mars 2009

Les temps sont (balla) durs

Edouard B. doit rendre ce jeudi à Nicolas S. son rapport sur la réforme des collectivités locales. En ces premiers jours de mars, alors qu'on ne parle toujours, au grand dam de tous, de la Nouvelle Star crise économique et financière qui achève bien les chevaux, ce rapport risque de ne pas faire que du bien au pays de Marianne James. Le mille-feuilles light d'Edouard B. semble, certes, indispensable, mais...

Nicolas Sarkozy et Edouard Balladur.

Premier point noir: Onze communautés urbaines ou d'agglomérations de plus de 400 000 habitants vont devenir LES grandes métropoles française. THE places to be, en quelque sorte. Autrement dit, ces onze villes devraient être sur-puissantes, et vont littéralement écraser les autres, dont seul Jean-Pierre Pernaut saura redorer le blason.

Et pourquoi avoir choisi Lyon, Lille, Marseille, Bordeaux, Toulouse, Nantes, Nice, Strasbourg, Rouen, Toulon et Rennes ? Pourquoi elles et pas d'autres. Diantre. Poullignac (16), Eybouleuf (87) ou Nébouzat (63) avaient pourtant, elles aussi, toutes leurs chances.

Deuxième point noir: Certaines régions pourraient fusionner. Les Nanterriens (92), les Balbyniens (93) et les Cristoliens (94) pourraient devenir des Grands Parisiens; la Picardie pourrait être démantelée; les deux Normandie pourraient être pieds et poings liés; les régions Rhône-Alpes et Auvergne pourraient avoir à cohabiter au sein d'une seule et même région.

Qu'en est-il de l'identité d'un jeune Bas-Normand qui aurait assimilé son voisin haut-normand comme un frère ennemi? Qu'en est-il d'un bobo parisien qui voit débarquer chez lui - horreur, malheur - des provinciaux du 9-3? Qu'en est-il du petit Auvergnat qui sans façon m'a donné quatre bouts de bois? Cette réforme aboutit à une mise à mal totale des longues semaines passées en CE2 à apprendre la géographie de la France.

(image reprise sur Ouest-France)

Troisième point noir: Le passage de 22 à 15 régions modifiera complètement nos habitudes. Si cette réforme se précise, c'est la fin programmée d'À prendre ou à laisser. Finies les sommes intermédiaires, entre le mouchoir et les 500 000 euros. Quinze régions, ça fait sept boîtes du côté gauche de l'écran, et sept boîtes du côté droit de l'écran. La dramatisation et la théâtralisation de l'émission tombent alors à l'eau puisque le temps du suspense est réduit. Et qui dit disparition d'À prendre ou à laisser, dit beaucoup plus de temps à Arthur pour préparer son prochain spectacle. Si ça, c'est pas un argument imparable pour abandonner cette réforme...

1 mars 2009

Petites Victoires et grandes défaites

Nagui présentait hier soir un nouveau numéro de Taratata la vingt-quatrième cérémonie des Victoires de la musique. Chaque année, cette grande soirée est placée sous le signe de la lenteur, limite de l'ennui, et 2009 n'aura pas dérogé à la règle, légitimant même les propos de Philippe Manoeuvre.

S'il faut retenir un gagnant de ces Victoires, ce sera sans conteste Alain Bashung, qui remporte la Victoire de l'artiste interprète masculin, de l'album de chanson variétés pour Bleu pétrole, et de la tournée de l'année pour le Bleu pétrole Tour. Tout le monde notera que la profession récompense, certes un artiste notoire de la scène française, mais dont les refrains des dernières chansons sont sur peu de lèvres...

Du côté féminin, c'est Camille qui a volé la vedette à Catherine Ringer en remportant la Victoire de l'artiste féminine de l'année. Camille, dès la deuxième chanson de la soirée, a littéralement enflammé la scène avec une interprétation magistrale de Cats and dogs. La seconde interprétation magistrale de la soirée fut celle de Martin Solveig sur Beauty False. Sa moue et son flegme so british ont payé puisqu'il remporte la Victoire du meilleur album electro.

La chanson de l'année est le dernier Thomas Dutronc, Comme un manouche sans guitare. L'artiste Révélation du public est le rappeur Sefyu qui n'a pas manqué de remercier "RR" en recevant son trophée. Je te remercierai, moi aussi, cher Sefyu, quand ce sera mon tour d'être Victorieux. L'album pop/rock de l'année est celui d'Arthur H, L'homme du monde. Les BB Brunes, dark éphèbes, sont la Révélation Scène de l'année. La Victoire de l'album de musiques urbaines revient à Abd al Malik pour Dante, alors que celle de l'album de musiques du monde revient à Rokia Traoré pour Tchamantché. Vanessa Paradis obtient la Victoire du meilleur DVD musical, tandis que le meilleur clip de l'année est celui qui illustre Les limites.

Deux Victoires d'honneur ont été remises au Taulier et à Jean-Loup Dabadie, ce qui a permis de voir des gens un peu en décalage avec le style de la soirée : Emma Daumas, la conne, sur Holidays, Patrick Fiori sur L'italien, Martin Rappeneau sur Dans la maison vide, Elodie Frégé sur Le coeur trop grand pour moi et Julien Clerc sur Partir. Je décerne, quant à moi, à Nagui, la Victoire de la blague la plus pourrie dont on voyait venir la chute à cent kilomètres à la ronde, en s'auto-remettant la Victoire de celui qui est "là tous les ans mais pas l'année prochaine".

Bien sûr, cette looooooongue soirée fut également le théâtre d'une interminable série de chansons permettant à tous les grands loosers de la soirée d'avoir leurs cinq minutes de gloire. Le beau Christophe Maé a fait le kéké. Renan Luce s'est longuement repenti. Stanislas est venu planer sur la soirée. Micky Green s'est déguisée en arc-en-ciel. Cali a séché la Star Academy québécoise. William Baldé a rendu hommage à Myriam Makéba, à moins que ce ne fut à Coumba Gawlo. Anaïs s'est crue au Salon de l'Agriculture. Il ne manquait plus que Seal pour faire fuir les derniers téléspectateurs.

Au final, la soirée a largement dépassé minuit. Et on l'a bien senti. Si tu as raté ces Victoires de la musique, cher lecteur, cher lectrice, je te propose de regarder la chanson de l'année : Comme un manouche sans guitare.