Impossible de passer sous silence cette semaine gourmande de M6, passée sous la neige hivernale de Clermont-Ferrand. C’est ce soir que s’achève ce détour par l’Auvergne qui, à défaut d’avoir offert des dîners presque parfaits, aura exhibé à la France entière ses Bougnats presque parfaits.
Après des contrées prestigieuses comme Toulouse, Lyon, Strasbourg ou Nice, Un dîner presque parfait a fait escale cette semaine dans le 6-3 qui, en plus d’être un département étiqueté « France profonde » bien ancré en plein milieu de la diagonale du vide, est un département où la légende – souvent vérifiée – veut que les gens soient radins et pas accueillants. Il n’en fut rien cette semaine, où l’avarice a été exorcisée tant bien que mal et où le masque de bonne figure a été revêtu, parce que c’est pas tous les jours qu’on passe à la télé.
Mais le gros problème des Clermontois de la semaine, c’est qu’ils sont difficiles. Des Steevy boulets, en quelque sorte. Forcément, que les convives soient parisiens, nantais ou même bruxellois (voire au féminin, si vous voulez, puisque je découvre à l’instant que convive est un nom sans genre), on trouvera toujours des lourds qui n’aiment pas les carottes, le poulet, le raisin ou les crêtes de coq. Mais cette semaine, pour montrer une bonne image de l’Auvergne, région si souvent mise à l’honneur lors des discussions dans les régions plus peuplées, M6 a dégainé cinq Clermontois baffables.
Lundi, c’est Caroline qui invitait. La trentaine, brune, sympathique. Mardi, c’est Stéphane qui recevait. La trentaine aussi, fleuriste, très à cheval sur la déco. Mercredi, c’est Florence qui était aux fourneaux. Une maman de 37 ans, plutôt ronde, et très critique. Jeudi, c’est Jean-Pierre qui cuisinait. La quarantaine, assez déconneur et fan de karaoké. Et ce soir, donc, c’est Christine, la cinquantaine classe, qui sera l’hôtesse de maison.
A priori, on se dit que les cinq candidats sont faits pour s’entendre aussi bien sur le plan humain que sur le plan gustatif. Pour le côté humain, même si c’est pas la franche camaraderie, de celle qu’on pourrait reconnaître entre les rugbymen de l’ASM qui partagent la douche, c’est une relation cordiale et relativement détendue et joyeuse qui s’est installée. C’est sur le plan gustatif que ça se gâte. Christine aura du pain sur la planche pour séduire ses quatre palais. Elle, tout d’abord. Madame est végétarienne, et a donc stressé ses cuisiniers toute la semaine, prêts à se mettre en quatre pour lui faire du poisson. Mais voilà, les quatre autres sont plutôt des carnivores, pas très fans de la viande de la mer. Sur les quatre, il y en a un qui ne mange qu’avec un litre de crème fraîche dans chaque plat, un qui n’aime pas quand c’est trop épicé, deux qui n’aiment pas l’agneau, un qui n’aime pas les crevettes, le même qui n’aime pas le fromage, ni l’avocat, une autre qui n’aime pas les châtaignes, ni le curry… Une belle brochette, donc. Pour séduire chacun, Christine n’aura qu’à faire des coquillettes, sans beurre et sans sel, je pense.
A croire que le Bougnat n’est finalement pas uniquement un moustachu rustre qui vit au fin fond de sa maison rurale fabriquée en pierre de Volvic et qui aime manger à la bonne franquette du saucisson et du saint-nectaire. Aux yeux de la France entière, il devient quelqu’un de difficile et parfois raffiné. Mais surtout très chiant.
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