Il y a des semaines où l'on se retrouve fatigué et épuisé le vendredi soir, à repenser au travail éprouvant qu'on a fourni depuis le lundi matin. On termine difficilement l'après-midi avec une légère migraine accentuée par une exposition impromptue au soleil. Puis on est, malgré soi, par manque de volonté de dire non, invité à aller voir Les beaux gosses.
Les beaux gosses est le film distrayant du moment. Tout à coup, les meilleurs moments des années collège - ou lycée - reviennent avec une douce mélancolie dans une mémoire toujours apte à se remémorer le passé : la violence des mots entre élèves, les cheveux soyeux et gras, les profs, les mères très présentes ou encore les plaisirs solitaires.
Hervé est en troisième. La substance du film, ce n'est pas le fait qu'il soit un élève moyen. Hervé est, avant tout, un loser pas bien beau. Cet ado boutonneux aux dents baguées que tu as été pendant ta scolarité, cher lecteur - la probabilité pour que tu aies été un vrai beau gosse faisant le kéké en troisième est statistiquement assez faible. Les garçons en pleine finition pubère sont rarement des sexy boys. Si ce n'est pas le front à tendance acnéique caché par la mèche épaisse et grasse de cheveux bruns, c'est le pull rayé stylé revêtu tous les jours et subtilement imprégné du doux fûmet dégagé par chaque aisselle non traîtée.
On suit alors la vie absolument banale de Hervé qui déteste son prénom et qui a raison, et on se reconnaît parfois dans ses attitudes qui rappellent parfois qu'on est aussi passé par des moments ingrats lors de l'adolescence. Hervé et son meilleur ami Camel, comme les cigarettes, ont les hormones qui les titillent. Ils veulent, eux aussi, comme Loïc, le vrai beau gosse de la classe, sortir avec des filles, les embrasser avec la langue. Là où Les beaux gosses est un peu plus réaliste que LOL - qui était également plutôt distrayant -, c'est que dans la classe, il y a davantage de thons d'ados physiquement pas trop bien dans leur peau que de vrai(e)s beaux (belles) gosses.
Les personnages permettent donc au spectateur de s'identifier un peu. Bien sûr, tout le monde n'a pas été aussi repoussant durant son adolescence. Tout le monde n'a pas forcément eu de petite amie en troisième. Tout le monde n'a pas obligatoirement fait partie d'un groupe d'amis moches. Tout le monde n'a pas nécessairement utilisé une chaussette pour louer la gloire et la mémoire d'Onan. Tout le monde n'a pas la chance d'avoir une mère étouffante qui décroche la palme de la réplique la plus inattendue, drôle et doûteuse du film en regardant le portrait de son fils, alors enfant, dans le salon. Et pourtant, on se sent proche du jeune garçon. On imagine qu'il sent mauvais avec son vieux pull qu'il remet jour après jour, mais peu importe, il est sympathique. Au final, ça vous réveille une libido incontrôlable qu'on aime assouvir comme en troisième.
Hervé, le héros du film, interprété par Vincent Lacoste
[Photos : allocine.fr]
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