17 août 2010

Ils en font tout un plat

84 % des Français cuisinent « maison », d’après une récente étude TNS-Sofres. La gastronomie « maison » est considérée par bon nombre d’entre nous comme source de plaisir et d’épanouissement. Les chefs en herbe désirent d’abord maîtriser leur alimentation et préserver leur santé. Du coup, les barquettes toutes prêtes de poulet basquaise ou de riz cantonais restent sur les rayons des supermarchés et la cuisine redevient une pièce centrale de la maison.

Le retour aux fourneaux tient au fait que les Français reprennent plaisir à inviter, à dresser une belle table, à concocter un repas aux petits oignons. Et même si, dans la vraie vie, les convives ne vont pas donner une note à leur hôte dans la salle de bains, le succès de l’émission star de M6, « Un dîner presque parfait » n’est pas innocent.

La vente des livres de recettes explose et les cours de cuisine se multiplient. On est encore loin de la blanquette de veau dégustée religieusement en famille chaque dimanche, mais on assiste à un regain d’intérêt pour ce qui se trouve au creux de l’assiette.

Pour s’improviser chefs étoilés, les Français n’hésitent pas à mettre la main à la pâte (à crêpe). Le saumon en papillote et le tiramisu n’ont plus de secrets pour les cuisiniers amateurs. Il faut partir du principe qu’une recette de cuisine, ça ne se rate pas : il suffit de suivre à la lettre les instructions. Un conseil aux néophytes: mieux vaut éviter de commencer par le soufflé au fromage ou le carpaccio de Saint-Jacques. Une recette difficile à réussir est susceptible de vous fâcher définitivement avec la cuisine.

Que signifie « fait maison » exactement ? Ce sont toutes les préparations (plats, pâtisseries, yaourts ou encore boissons) cuisinées à domicile, alors qu’elles auraient pu être achetées déjà prêtes. Par exemple, c’est le cas d’une soupe que l’on fait soi-même, au lieu de l’acheter en brick ou déshydratée dans un sachet. Mais gare désillusions! Celui qui s'imagine être un cordon bleu parce qu'il sait faire cuire un œuf au plat a encore du pain sur la planche avant de recevoir le Bocuse d'or ! Un œuf sur le plat n’est pas considéré comme du « fait maison » parce qu’il ne peut pas s’acheter tout prêt au magasin.

Les Français se proclament boulangers hors-pair en investissant dans une machine à pain, ou deviennent les rois du smoothie en achetant un blender. Ces dernières années voient le retour des yaourtières, cuiseurs vapeur, sorbetières, friteuses et autres presse-agrumes de naguère. Les ventes du petit électroménager s’en trouvent boostées. Entre 65 % et 75 % des gens qui cuisinent ont un batteur, un mixeur ou un robot multi-fonctions.

Plus qu’une simple conséquence de la crise économique qui force les consommateurs à repenser leurs dépenses, cette tendance démontre l’émergence d’une nouvelle catégorie d’individus : les gastrosexuels. Il s’agit de ces hommes modernes qui ne voient plus la cuisine comme une corvée, mais comme un plaisir et un moyen de séduire la gent féminine ! Entre la haute gastronomie et les sandwiches mangés sur le pouce, ces hommes ont coupé la poire en deux : ils cuisinent malin. Des métrosexuels prêts à tout pour « appâter le poisson »…

Mais cette mode ne s’observe pas partout. Le phénomène de la cuisine « maison » est ancré dans les milieux relativement aisés. Dans certains foyers, faire la cuisine reste une corvée. Il est peut-être dommage de cracher dans la soupe et de finir sur une touche moins enthousiaste, mais tant pis, ce sera le mot de la faim!

(Photo chopée sur cuisine-recette.org)

2 commentaires:

Emmanuelle Sauzedde a dit…

J'ai un gastrosexuel à la maison et c'est bien agréable!

Rhum Raisin a dit…

Merci, chère Emmanuelle Sauzedde, d'avoir écrit le tout premier commentaire de ce blogue. Personnellement, je n'aime pas du tout ce terme de gastrosexuel, mais c'est un détail.