20 nov. 2010

Sur le banc des coulisses

Ce matin un lapin, comme souvent un 20 novembre, il ne faisait pas beau. Et quand feue une émission vous a accompagné pendant un tiers de votre vie, tous les 20 novembre ou presque, elle vous manque un peu. Comme aujourd’hui.

Heureusement, la télé de 2010 a pitié des nostalgiques et propose un programme qui rappelle, par moments, la Star Academy. Frédéric Joly a eu l’idée de suivre de jeunes artistes, élèves d’une école parisienne de comédie musicale. Alors forcément, des cours, de la danse, des chansons, des profs, des pleurs, une directrice, ça nous rappelle le bon vieux temps. Comme il n’y a que 6 épisodes de 52 minutes, Pleure pas, chante ! À l’école de la comédie musicale se focalise uniquement sur 7 élèves. Déjà, on se dit que Pleure pas, chante ! À l’école de la comédie musicale aurait pu s’appeler juste À l’école de la comédie musicale ou bien Pleure pas, chante ! parce que c’est quand même moins long que Pleure pas, chante ! À l’école de la comédie musicale. Ensuite, on se dit qu’une diffusion le samedi soir, sur France 4, c’est un peu une case de merde. Une case tellement de merde que je vais être obligé d’enregistrer les deux derniers épisodes de ce soir. Autrement dit, Pleure pas, chante ! À l’école de la comédie musicale n’a vraiment aucun atout pour attirer le téléspectateur lambda. Ni d’ailleurs le téléspectateur delta et encore moins le upsilon.

Pourtant, Pleure pas, chante ! À l’école de la comédie musicale regorge de jeunes talents tous plus tête à claques les uns que les autres, ce qui constitue le sel du programme. À côté des durs caractères des élèves, les reportages sont un peu fadasses. Pourquoi s’intéresse-t-on à Myriam, Sandrine, Alban, Natacha, Marc, Karine Myriam et pas autres ? Ce serait totalement désobligeant de croire que les autres sont moches ou que les autres sont bêtes ou que les autres sont lisses. Toujours est-il que j’imagine que la sélection préalable des élèves portraitisés a dû être impitoyable. De toute façon, le métier auquel se destinent ces graines de stars est impitoyable. Les castings se succèdent et les échecs les accompagnent. Marc tente les castings comme Le Roi Lion ou Mamma Mia, où il s’est vautré (comme si chanter Briser mes chaînes de Sofiane était une bonne idée…), tout comme Alban Bartoli (ah… ce nom de famille…) sur celui d’Il était une fois Joe Dassin. Bien sûr, moi, je les ai reconnus, ces deux jeunes garçons. Je peux même vous dire que Marc est aussi sympathique que lors de son passage à N’oubliez pas les paroles ! il y a quelques semaines. Alban, lui, a fait Chante si tu peux ! et ne connaissait pas la moitié des chansons qu’il a chantées à N’oubliez pas les paroles !, ce qui ne l’a porté qu’aux 2500 euros consécutifs à un échec. Enfin, eux, ils ont réussi ce casting et c’est déjà pas mal.

Marc, jeune homme dynamique, qui ne baisse pas les bras malgré les échecs

Dans le corps professoral de Pleure pas, chante ! À l’école de la comédie musicale, on a Martine Curtat-Cadet, l’Alexia Laroche-Joubert, qui est quand même surtout là pour faire sa pub. Et puis on a Arno Monnier, plus Raphie que Milo, qui prend son rôle au sérieux et qui distille le talent des jeunes afin de les pousser à délivrer le meilleur d’eux-mêmes. Loïc Thévenot, le Philippe Lelièvre, leur fait lire du Xavier Durringer en cours d’expression scénique pour les malmener (Sylvie et son épilation des poils sur les seins…).

À côté des cours et des castings, la petite troupe réduite de Pleure pas, chante ! À l’école de la comédie musicale se retrouve chez l’un et chez l’autre pour dîner et se voir, parfois, dans un autre cadre qu’au sein de l’école. Et au vu de la gueule des petits appartements parisiens de tous ces vingtagénaires, on peut subodorer un beau petit coût pour une année scolaire là-bas. Heureusement, on perçoit une certaine solidarité entre les potentiels concurrents. Alban, Ophélie et Myriam, par exemple, semblent assez proches. Alban se dit écorché vif et Myriam a du talent mais bouillonne trop de projets. Du coup, ils ne sont pas assez concentrés sur l’enseignement dont ils disposent à l’école. Ophélie, elle, n’a pas confiance en son physique et s’obstine à laisser passer le temps avant de passer des castings. Du coup, ses deux amis se mettent en tête de lui apporter de l’aide. Et du coup, on voit une séance relooking où Magalie Vaé tente de se transformer en Jenifer. La Star Ac n’est jamais bien loin. Le montage de l’émission tire les ficelles du larmoyant jusqu’au craquage lorsqu’Alban parle de son père absent, de son enterrement et de la fêlure qu’il gardera à jamais dans le cœur. Et bam, la séquence d’après nous montre le cours d’expression scénique où Alban chante Si seulement je pouvais lui manquer, martyrisé par le prof, Arno, qui veut purger le jeune chanteur de tous ses artifices afin de ne récolter que de la sincérité. Heureusement qu’à la Star Ac, on n’a jamais tiré les ficelles du larmoyant avec Si seulement je pouvais lui manquer, sinon on pourrait vraiment croire que les émissions se ressemblent…

Alban, jeune homme tourmenté, qui multiplie les passages télé

La plus chanceuse semble être Natacha. Elle a eu la chance de rencontrer le metteur en scène de Zorro, le musical, Frédéric Baptiste. Et surtout la chance de rencontrer Liza Pastor, dans les coulisses. Et quand même, Liza Pastor, qui n’est pas la fille de Thierry, qui lui-même n’est pas le Père Pastor qui racontait des histoires à Câline, Grignote et Benjamin. Liza a côtoyé Aurélie Konaté dans Belles, Belles, Belles. Elle a aussi côtoyé Alexandre Balduzzi dans un cabaret parisien. On va vraiment finir par croire que le château de Dammarie-lès-Lys (à moins que ce soit le loft de la rue Charlot) hante les esprits de Pleure pas, chante ! À l’école de la comédie musicale, mais heureusement, Liza a aussi côtoyé le vigoureux Amaury Vassili, celui qui chante bien mais qui transpire de la lèvre supérieure, le temps d’un duo. Et Natacha boit les conseils de Liza, qui lui conseille, donc, de passer le casting de Chante !, avec Priscilla. Natacha qui rêve d’une carrière à la Liza Pastor, à la Nourith, à la Sonia Lacen, que dis-je, à la Laura Presgurvic (alors que les garçons, à défaut d’oser espérer une carrière à la Christophe Maé, en rêvent d’une à la Merwan Rim, à la Sébastien Lorca, que dis-je, à la Arno Diem), aura-t-elle la chance de devenir une star des comédies musicales ?

Natacha, jeune fille volontaire, aux faux airs d'Émilie Minatchy

C’est un peu dommage que cette école leur fasse croire à la gloire. Un ou deux réussira peut-être. Et c’est tant mieux ! Mais je crains fort que le public de France 4, tout ingrat qu’il est, aura oublié que ces jeunes gens qui chantaient Good morning Baltimore à l’atelier comédie musicale, dix ans auparavant, rêvaient d’une vie sous les projecteurs.

Karine, jeune fille au sourire communicatif, tente de mettre en scène Hairspray

(Photos chopées sur le site de France 4)

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