1 nov. 2010

La musique est un cri qui vient de l'intérieur

À chaque fois que j’écoute Il venait d’avoir 18 ans – qui est forcément une chanson que j’écoute très souvent, au moins aussi souvent que T’en va pas, Comme d’habitude ou Tes états d’âme, Éric – je me dis qu’il faudrait que je voie ou que je lise Le blé en herbe. Parce que Le blé en herbe est cité dans la chanson. Bien sûr, ces paroles tombent un peu comme un cheveu de Dalida sur la soupe. En inculte que je suis, j’ai longtemps cru que l’histoire du Blé était l’histoire d’Il venait d’avoir 18 ans. Un beau puceau plein de vitalité couche avec une vieille (enfin, une femme de 2 fois 18 ans), l’emmène au septième ciel, et la largue après la nuit d’amour. La cougar ne s’en remettra jamais. Et en fait, pas du tout. Colette a écrit Le blé en herbe pour raconter les tâtonnements affectifs et sexuels de deux adolescents, lors d’un amour de vacances, une histoire sans lendemain. Le point commun entre le livre et la chanson, c’est qu’il n’y a rien de platonique.

Il y a autre chose que j’ai toujours eu envie de faire et que je n’avais encore jamais fait. C’est tout simple, mais c'était inconnu pour moi. Quand je lis un livre, c’est généralement confortablement installé sur mon lit. Parfois, il m’arrive de lire alors que je suis assis dans un train. Et, sans savoir pourquoi, j’ai toujours eu envie de lire un livre dehors, dans un parc, assis sur un banc, avec les cris des enfants et le bruit du vent en fond sonore. Je suis sorti, mon Blé en herbe sous le coude – bon, en vrai, il n’était pas sous le coude, parce que c’est un peu chiant à tenir sous le coude – prêt à chercher un coin tranquille pour m’installer, un peu isolé, mais pas trop. Je m’baladais sur l’avenue, le cœur ouvert à l’inconnu, quand, sur ma gauche, je l’aperçois. La rue Soufflot. La vraie. L’excitation est montée en moi. Dernière ligne droite, la rue Soufflot, combien seront là, quatre, trois, deux, un, zéro…

Je me suis engouffré dans cette rue, avec cette idée qu’au bout de la rue, j’allais tomber sur cette place-star de la chanson française. Et la voix de Patrick Bruel résonnait en moi. J’avais envie de m’y asseoir, comme la récompense ultime d’avoir marché le long du trottoir de gauche de la rue Soufflot, au moins aussi jouissive que la récompense de déguster un cookie cuisiné par soi-même. Même si la place des Grands Hommes n’existe pas, je me suis quand même installé sur ses marches. Et j’ai lu Le blé en herbe. Un peu.

Je regrette parfois de ne pas savoir jouer de la guitare. Je ne sais jouer que la première minute du prélude de Bach sur le piano de Maman, à C. Alors quand je suis à P., j’aimerais avoir une guitare, pour pouvoir chanter J’ai la guitare qui me démange alors je gratte un petit peu. Et pouvoir me la péter à chanter des génériques de dessins animés comme cette géniale vidéo où l’Inspecteur Gadget côtoie Denver the last dinosaur, les Schtroumpfs en français et nous, merveilleux Moomins.



Après mes rêveries de promeneur solitaire, je suis reparti errer dans les couloirs du métropolitain. Et entre les affiches du nouveau film de Romain – quel beau prénom – Duris et celles des promos Carrefour, j’ai vu celle-ci :

Photo chopée sur le site de l'Olympia

A priori, Otis (qui est bien plus qu’une marque d’ascenseur) et James sont morts. Et pourtant, ils sont en concert. Or en s’approchant un peu, c’est-à-dire en faisant mine de s’être perdu en plein passage souterrain pour ne pas trop montrer qu’on regarde attentivement l’affiche de ce concert à l’Olympia, on remarque que c’est un concert-hommage à Otis Redding et James Brown. Ambiance rythm’n blues et jazz, avec chanteurs noirs et guitares électriques et voix rauques, vous dites-vous ? Il n’y a qu’à voir les artistes présents à ce concert pour s’imaginer que l’âme des deux icônes ne règnera pas vraiment : Michel Jonasz et son sex-appeal, Quentin Mosimann et son charisme et le coup de grâce, Julie « Funky » Piétri. On a échappé de justesse à Lââm. Avant vendredi dernier, j’aurais pu faire une blague sur la présence, aussi, de Gilbert Montagné. Ç’aurait été oublier à quel point Gilbert avait une voix phénoménale. Ce qui était mon cas (l’oubli, hein, pas la voix phénoménale). Dans son N’oubliez pas les paroles ! où il a décroché les 100000 euros, il a interprété L’hymne à l’amour, comme jamais je ne l’ai entendu. Il y a quatre ou cinq chansons qui m’ont déjà fait pleuré. Cette interprétation-là s’ajoute à mon Panthéon. Il ne braille pas (ha ha !), il vit.


Et je vais terminer cette tranche de vie passée en musique avec une émission que j’attends avec impatience : Dans l’univers de… Ce sera mercredi soir. Cette émission, présentée par Laurie « Nulle » Cholewa, brosse le portrait d’une personnalité au gré des chansons qui ont ponctué sa vie. Bien sûr, ça m’embête franchement de devoir me farcir cette animatrice pendant deux heures, mais ça vaut vraiment le coup. (Je me désole déjà de devoir aussi me farcir les deux Dans l’univers de… suivants, m’enfin) Mercredi soir, disais-je, ne manquez-pas le Dans l’univers de… Patrick Sébastien. Karen Cheryl, après s’être professionnellement définitivement enterrée, va renaître de ses cendres, pour chanter L’Avventura avec Fabien Lecoeuvre. Bien sûr, ce n’est pas un de ses tubes, mais c’est un retour à la chanson tout de même. Et ça, c’est un événement intergalactique inratable.

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