27 févr. 2011

Toi + moi + eux

C’est vrai que je ne parle pas beaucoup de cinéma sur ces Archives. Beaucoup de blogues remplissent leurs pages et leurs lignes d’avis sur les films qu’ils ont vus récemment. Mais moi, je n’ai souvent pas grand-chose à dire sur les films que je vois au cinéma. Je suis un mauvais critique. Et puis j’ai souvent des goûts discutables, ce que va confirmer la critique qui va suivre, même si le mot « critique » n’est pas le plus adapté. En fait j’aime bien commenter les films qui parlent de chanteurs, ou parler des films musicaux.

Dans Toi, moi, les autres, Gabriel (Benjamin Siksou) se marie dans deux semaines avec Alex (Cécile Cassel). C’est un fils à papa qui joue au poker, qui y perd probablement de l’argent, mais qui s’en fout puisque, de toute façon, Papa gagne beaucoup de sous grâce à son métier de préfet de police. Un matin, alors que Gabriel rentre en (grosse) voiture d’une soirée arrosée, il renverse un jeune garçon d’une dizaine d’années (Emir Seghir). Rien de bien de grave, mais assez pour mettre sa grande sœur Leïla (Leïla Bekhti), qui accompagnait son frère, hors d’elle. Dès la seconde où il la voit, Gabriel tombe amoureux de Leïla, jeune étudiante en droit, d’origine maghrébine, à l’opposé de sa caste sociale. Entre eux deux, mis à part l’amour, on trouve deux familles très différentes, une amie proche de Leïla renvoyée au Sénégal par la France, une future mariée jalouse, la police, une Chantal Lauby parfaite et des chansons. Plein de chansons. C’est donc l’occasion pour moi de parler de ce film au scénario gentillet, mais sauvé par les neuf chansons qui le ponctuent (excepté Laisse pas trainer ton fils qui ne fait l’objet que d’une seule réplique, parlée). Et c’est aussi l’occasion de refaire un Top Nine, pour la première fois depuis… pfiou… au moins quatre ans !

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Leïla Bekhti et Benjamin Siksou

N°9 – Quand on n’a que l’amour (Jacques Brel) – C’est la pire chanson du film, la moins bien adaptée et la plus mal interprétée. Elle arrive à la fin du film et se veut pathos à souhait. Alors que Tina et sa fille sont expulsées de France et sont installées dans le charter, Gabriel et Leïla, et les autres, se mettent à chanter la chanson de Brel, debout dans l’avion. Du coup, le commandant de bord baisse les bras et Tina et sa fille ne sont plus renvoyées. Je sais, je vous ai spoilé la fin, mais l'happy end est tellement improbable de naïveté qu’elle m’a un peu gâché la chanson.

N°8 – Un autre monde (Téléphone) – Là, cette huitième place est surtout due à la chanson elle-même, que je supporte de moins en moins. Tina est en prison et attend qu’on l’expulse au Sénégal. Alors, elle rêve d’un autre monde (avec une voix suave, douce et agréable) et d’une Terre moins terre-à-terre. Et dans la cellule d’à-côté, les gens font les chœurs, déguisés en sorcières et vieux clochards. Assez caricatural.

N°7 – La bonne étoile (M) – Gabriel commence cette chanson dans l’escalier de son immeuble, en emmenant Leïla sur le toit. Et juste avant le refrain de la chanson, une discussion commence entre les deux protagonistes, alors qu’ils sont assis sur le toit (comme c’est ridiculeomantique…). Et, alors que Gabriel veut combler un blanc dans la conversation et se sent sans doute con devant Leïla, il se rappelle qu’il a oublié de finir la chanson commencée dans l’escalier, et entame le refrain en chantant très fort, ce qui aurait très bien pu réveiller tout l’immeuble. Et tels des tourtereaux insouciants et candides, ils dansent sur ce toit de Paris, en pleine nuit, à la belle étoile. L’art de rendre une chanson de M kitsch : j’aime bien.

N°6 – Tout le monde (Zazie) – Pour les amis de Leïla, Gabriel a certainement une carte UMP collée sur le front (alors qu’en fait, non, il s’assoit juste sur des bancs où des autocollants « Jeunes royalistes » sont collés). Cinq ou six wesh-wesh se mettent donc à lui dire au creux de l’oreille des prénoms étrangers. Puis tout le salon de coiffure de Tina se met à chanter des prénoms, jusqu’à la chorégraphie énergique sur Tout le monde il est beauuuuu. Dans les films musicaux, j’adore quand, d’un seul coup, les chorégraphies s’organisent dans un lieu inadapté, comme si tout le monde se prenait pour Sofia Essaïdi ou M Pokora.

N°5 – Le temps de l’amour (Françoise Hardy) – Déjà, j’aime cette chanson, son rythme et sa mélancolie. C’est l’insouciance de la jeunesse qui parle. C’est à ce moment, en fait, que Leïla tombe amoureuse de Gabriel, alors qu’ils ne la chantent pas ensemble. Leïla est avec Tina ; Gabriel est avec Alexandra et ses parents. La mère de Gabriel (Chantal Lauby) chantonne même, et c’est très sympathique. Ce passage du film est très fleur bleue, un peu cucul même, mais il donne envie d’être amoureux.

N°4 – Sauver l’amour (Daniel Balavoine) – La chanson est très ralentie et est chantée par un enfant. Le frère de Leïla chante juste et avec une jolie sensibilité. Il est seul et se sent triste et impuissant face au départ de la fille de Tina, de qui il est secrètement amoureux.

N°3 – Pour un flirt (Michel Delpech) – C’est la première chanson du film. Gabriel et Leïla se connaissent à peine et attendent le frère de la jeune demoiselle, assis l’un en face de l’autre dans la salle d’attente de l’hôpital. Il faut se rappeler que Gabriel a encore 2 grammes d’alcool dans le sang et que le coup de foudre l’a frappé quelques minutes auparavant. On sent à ses yeux et sa bouche qu’il a terriblement envie de sauter Leïla et se met à chanter du Michel Delpech, pour un petit tour, au petit jour, entre ses draps, sans aucune pudeur ni honte à l’hôpital, devant tout le monde. Normal, quoi. Les infirmières dansent en patins à roulettes roses et les la la la la la la la la la la du refrain sont remplacés par des la Leïla la Leïla la Leïla la. Délicieux.

N°2 – J’attendrai (Claude François) – Cette chanson-là, c’est définitivement celle de la femme bafouée, trompée, mais qui se la pète un peu trop quand même. Eh oui, Gabriel doit épouser Alex dans peu de temps. Alors que Gabriel s’adonne à son loisir favori, le poker, Alex fait la paonne et déclame son amour en lui assurant qu’elle sera patiente et l’attendra longtemps s’il le faut. Ces paroles chantées sont accompagnées d’une danse énergique et aguicheuse, avec danseurs et danseuses pour théâtraliser le tout. Très agréable.

N°1 – Et si tu n’existais pas (Joe Dassin) – C’est ma chanson préférée du film. C’est aussi l’une de mes préférées de Joe Dassin. (Et aussi de Willy Denzey.) Tous les danseurs sont dans la rue, et se dandinent façon Bollywood. La chorégraphie est très efficace. Et ce qui est très fort, c’est qu’on ressent toute l’émotion et la signification des paroles malgré la rapidité du rythme.

On aurait très bien pu voir les seins de Leïla Bekhti, le torse nu de Benjamin Siksou ou les jambes de Cécile Cassel, mais non. Toi, moi, les autres ne contient aucune scène de sexe inutile comme on en voit désormais souvent dans les films et c'est très bien.

(Photo chopée sur Allociné)

21 févr. 2011

Dans ta bouche sept fois ta langue tu tourneras

Je savais que la dame qui recrute avait le droit de poser des questions qui déstabilisent mais je ne pensais pas qu’une question comme celle-là pouvait me déstabiliser.

J’ai tenté d’éviter tous les pièges, aujourd’hui, lors de l’entretien d’embauche. J’ai détaillé mon parcours, expliqué les incohérences flagrantes et défendu mon ambition et mon désir de travailler ici. J’ai même ri fort, un moment, si bien que ça a résonné dans ma tête. Les 45 minutes d’entretien se sont plutôt bien passées, jusqu’à cette dernière question, last but not least.

Avant de retranscrire la fin de cet entretien, il faut expliquer que mon Curriculum Vitae n’est pas vraiment classique. Outre une photo souriante, un mur de qualités, et une mise en page sobre mais efficace, j’ai tenté une audace à laquelle aucun employeur, jusqu’à aujourd’hui, n’avait prêté attention. Dans un C.V., on affiche usuellement en premier un chapitre « Expériences professionnelles » dans lequel on indique les stages suivis au cours des dernières années, ou, à défaut, les jobs d’été à couper du maïs dans un champ ou à servir du pop-corn dans un cinéma de province. Au-dessous du chapitre « Expériences professionnelles », on détaille le chapitre « Formation », dans lequel on rappelle qu’on a suivi de belles études littéraires après avoir passé un bac S. Au-dessous de « Formation », on intègre généralement un chapitre « Compétences », histoire de caser qu’on sait se servir de Word, voire de Photoshop, et aussi qu’on a un niveau d’allemand scolaire.

Puis vient le dernier chapitre d’un C.V., celui qui ne sert à rien mais qui est bien souvent indispensable pour finir sur une touche de légèreté : « Centres d’intérêt » que certains préfèrent nommer « Hobbies » parce qu’ils se croient bilingues. Plutôt que de mentionner une banale passion pour « Internet », le « cinéma », ou la « planche à voile », j’ai opté pour un « intérêt particulier pour la chanson française de 1920 à nos jours ». Je peux bien avouer que j’avais déjà envisagé une question piège à ce propos. Du coup, je peux facilement tenir une conversation portant sur Fréhel, sur Mistinguett, sur Ray Ventura, sur Edith Piaf ou sur Claude François.

Mais aujourd’hui, j’ai trouvé la dame qui recrute plutôt fourbe.

La dame qui recrute : Avant de nous quitter, j’aimerais vous poser une dernière question. Vous écrivez que vous aimez beaucoup la chanson française. Citez-moi un chanteur français actuel que vous écoutez.

Rhum Raisin : Actuel ?

La dame qui recrute : Oui, actuel.

Rhum Raisin : (Oh putain, qu’est-ce que je vais bien pouvoir lui dire ? Pas Vincent Delerm, c’est trop bobo. Pas Christophe Maé, ce serait mentir. Pas Jean-Jacques Goldman, c’est trop commun… Euh… Mais je sais pas quoi dire, haaaaaaaaaaaaaa…) Alain Souchon. (Mais pourquoi j’ai dit Alain Souchon, bordel ? J’ai même pas un seul disque d’Alain Souchon chez moi, en plus j’aime bien mais sans plus, quoi, Le baiser, Allo maman bobo, oui, mais je déteste Foule sentimentale par exemple… Bref.)

La dame qui recrute
: Et citez-moi maintenant une chanteuse française actuelle que vous écoutez.

Rhum Raisin : (Rhaaa elle me lâchera jamais ! Bon, Rhum, réfléchis vite. T’as déjà dit n’importe quoi avec Souchon, il faut maintenant que tu laisses parler ta spontanéité, ne réfléchis pas.) Amel Bent. (Mais pourquoi j’ai dit Amel Bent, bordel ? Pourquoi je n’ai pas réfléchi ? Et pourquoi c’est Amel Bent qui est sortie de ma bouche comme une éjaculation précoce ? Mon cerveau est un mystère parfois.)

Je crois que mon cœur a parlé. Mes deux chanteurs préférés sont Alain Souchon et Amel Bent.
À mon grand dam.

17 févr. 2011

C'est la même... chanson

Le Flop Ten qui suit a la particularité de ne proposer pratiquement que des chanteurs qui n'ont qu'une seule chanson, qu'ils remodèlent à leur guise en faisant croire qu'elle est nouvelle (un peu comme si Christophe Maé ne chantait qu'On s'attache en faisant croire que parfois, la chanson s'appelle Parce qu'on sait jamais, ou bien Dingue, dingue, dingue, ou même de temps en temps Pourquoi c'est beau).

N°10 - Lady GaGa - Born this way - Bof this time.

N°9 - Jennifer Lopez ft. Pitbull - On the floor - Je ne suis déjà pas un grand fan de la Lambada, alors le sample me procure assez peu de plaisir. Et puis je suis un peu triste de constater qu'à chaque fois qu'une chanson est reprise par un D.J. ou samplée par un rappeur, elle perd de sa saveur originelle.

N°8 - Yannick Noah ft. Asa - Hello - Je reste dubitatif et circonspect face au succès de Yannick Noah. Toutes les paroles sont dégoulinantes de bons sentiments tellement formatés.

N°7 - Rihanna - What's my name - J'ai bien peur que ce classement devienne le pilori des artistes mauvais qui font toujours les mêmes chansons et que je prends du plaisir à placarder sur le mur de ce blogue qui n'a pas plus d'influence qu'un animateur de Direct Star.

N°6 - Shakira ft. Dizzee Rascal - Loca - En fait, je déteste le tournant musical qu'a pris Shakira avec son dernier album. Il est trop connoté "Coupe du monde" à mes oreilles.

N°5 - Zaz - Le long de la route - Cette chanson n'est pas si mauvaise et je dois reconnaître que Zaz a une voix reconnaissable parmi cent et atypique. Mais je lui fais payer son horripilant premier titre.

N°4 - Katy Perry - Firework - Trop entendue.

N°3 - Magic System - Ambiance à l'africaine - Mais bien sûr qu'il y a une différence entre Zouglou dance, Ki di mié? Bouger, bouger et Ambiance à l'africaine. Le titre n'est pas le même!

N°2 - Anaïs Delva (Dracula) - 1,2,3 - Insupportable copie de Superbus. Même quand elle écrit pour les autres, Jennifer Ayache n'ose pas le renouvellement.

N°1 - Les Enfoirés - On demande pas la lune - En 2009, je pensais que les Enfoirés ne pouvaient pas faire pire que Ici les Enfoirés. En 2010, je pensais que les Enfoirés ne pouvaient pas faire pire que Si l'on s'aimait si. 2011 est là et On demande pas la lune est pondue... Bon, le clip est joli, c'est déjà ça.

11 févr. 2011

Coupé court

Arthur est dans son lit. Il est réveillé par la dame de la radio qui annonce les programmes de la soirée à la télé. Arthur est en retard. Il jette sa couette comme on jette un froid, enfile un jean et met un pull. Puis il court dans les rues de Paris pour arriver à l’heure à son travail. Il est tailleur dans la boutique d’un vieux monsieur qui veut bientôt lui laisser la petite entreprise.

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(Bon, en fait, avant de partir, Arthur (Arthur Igual) prend le temps de rêvasser torse nu sur son balcon)

Cela aurait pu être enfin le film plaisant que je n’osais plus espérer après trois séances de cinéma. Ce n’est pas comme quand je vais au cinéma pour voir un film qui, a priori, me plaît, parce que j’ai lu l’histoire ou parce que j’ai vu la bande-annonce ou parce que j’aime bien le réalisateur et/ou les comédiens. Ici, on choisit les séances un peu au pif, suivant l’endroit de la ville ou l’on se trouve et suivant l’heure. Bien sûr, on évite soigneusement la catégorie Labo parce que c’est franchement zarbi, et que j’aime employer des mots qui étaient trop à la mode en 1993.

Même si je n’ai pas « fait » le court-métrage, comme on dit à C., depuis des années pour causes de non-présence et de non-envie, je sais qu’il ne faut pas se fourvoyer dans la sélection Labo parce qu’on reste 1h30 dans le noir à regarder six films expérimentaux incompréhensibles. Je ne mise désormais que sur les sélections International et France.

Bon, à bien y réfléchir, même en International et en France, il arrive souvent que le public se retrouve 1h30 dans le noir à regarder six films incompréhensibles. Heureusement, ils ne sont pas expérimentaux. Mais quand la séance se déroule dans l’amphi 1 de la fac de lettres et sciences humaines, sur des sièges rouges mais durs, on se dit qu’on préfèrerait finalement assister à une sélection Labo, mais confortablement installé dans l’une des salles du cinéma C., sur la place de J., la place principale de C.

Parce que ce festival a beau être international, reconnu mondialement, très réputé dans son domaine et deuxième plus grand festival de cinéma, après celui de C. (je veux dire, l’autre C., vous me suivez ?), il n’empêche qu’il envoie ses spectateurs voir des films à la fac, ce qui fait un peu mal aux fesses quand on n’est plus habitué. Et aussi au coccyx.

Après les 3 premiers films de cette sélection France, on tombe donc sur cette histoire d’Arthur, pas si éloignée du monde des Grimm. Le film est en noir et blanc. Et on sent immédiatement que ce court-métrage-là se veut artistique avec un grand A. Il se veut Artistique, donc. Quand Arthur rencontre Marie-Julie, on pourrait croire que le film va s’arrêter. Mais non, il faut se taper quarante minutes d’échanges pseudo-philosophiques sur l’amour, la loyauté, le travail. Des plans savamment pensés viennent ralentir l’intrigue, histoire de rappeler une filiation spirituelle avec les grands maîtres de la nouvelle vague.

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(Parfois, il y a des longs plans de Marie-Julie (Léa Seydoux) pour donner de la profondeur à la vacuité)

Arthur est le héros d’un film que les critiques de Télérama et des Inrocks adoreraient forcément, tant il plairait aux théâtreux et aux cinéphiles qui pensent que le cinéma coréen est quand même ce qu’il se fait de mieux. Et pourtant, ce court-métrage est français. Avec des échanges amoureux, des (longs) non-dits, des plans fixes silencieux que beaucoup considèreraient comme chiants, mais qui ne sont en fait que l’expression du génie d’un réalisateur. Un bon film de bobo pour bobos en quelque sorte. Et j’ai presque honte d’avoir un peu aimé.

Puis le générique de fin a commencé. Et j’ai constaté, avec un étonnement finalement pas si étonné que ça, que je venais de visionner un film écrit et réalisé par Louis Garrel.

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(Photo chopées sur Premiere.fr)

4 févr. 2011

Il y a du soleil sur France 3

Certains gens n’ont pas de belles jambes, pas de beaux cheveux, sont petits, ont des poils dans les oreilles et ont des grands pieds avec 6 orteils. Et si la vie ne s’acharnait déjà pas assez sur leur misérable existence, c’est à eux que le destin a choisi de donner une mauvaise haleine permanente.

Cette malchance peut s’appliquer aussi aux chaînes de télévision. Comme si France 3 n’avait déjà pas assez de handicaps comme ça, Rémy Pflimlin et Pierre Sled infligent à la chaîne le maintien de la tête sous l’eau. Pourtant, Laurent Boyer vagabondant de ville en ville, semaine après semaine, est une excellente idée.

Les diffusions de Famille d’accueil, les rediffusions de Derrick, les aventures de Louis la Brocante, les mésaventures du quartier du Mistral, les questions au gouvernement, les champions de Julien Lepers, les Chabada de Daniela, les comptes de Bertrand Renard, les littérettes d’Arielle Boulin-Prat, les chemises pastel d’Henry-Jean Servat, les dents de Karen Chéryl… Sans oublier le couperet fatal, indigne et lâche : Slam et sa grande crevette blonde insipide. Pour tenter de dépoussiérer une grille de programmes qui ressemble fort à celle qu’on pouvait lire dans un Télé Poche de 1989, France 3 a débauché un animateur à la pointe de la branchitude chez les seniors, Laurent Boyer. Oui, parce qu’avant, Laurent Boyer était sur M6, cette chaîne de punks qui diffuse des scopitones toute la journée. C’est bien le seul à avoir donné un peu de bon sens et d’humanité à cette chaine de jeunes. Mais l’animateur blond à laissé sa place à un vivier prometteur, au premier rang duquel Alex Goude, fer de lance de la jeunesse talentueuse de la petite chaîne qui monte tellement qu’elle pourrait dépasser France 3.

Il faut bien avouer que l’animateur blond de M6 avait une blondeur qui virait à la patricelaffonite aigue. Il n’avait donc plus vraiment sa place au cœur de la modernité affichée et revendiquée par Nicolas de Tavernost. Le transfert était donc la conséquence d’une parfaite concordance des temps, entre la popularité stagnante d’un animateur prometteur (et star !) des années 1990 et l’envie de légères injections de Botox d’une chaîne plan-plan. C’est ainsi qu’est née la nouvelle émission Midi en France.

La vieille Gilbert a beau dire que c’est une resucée de Midi première en moins bien, il n’empêche que les moins de trente ans ne connaissent pas cette joie de visiter la province par procuration jour après jour. En regardant Midi en France en direct de Mulhouse, cette semaine, les téléspectateurs pourront penser à 40° à l’ombre ou à C’est au programme, puisque les codes sont repris, jusqu’au générique kitsch qui sent bon la province. Le problème, c’est qu’on s’ennuie un peu. On voudrait que l’émission soit dynamique, on voudrait visiter la ville-hôtesse, mais on reste coincé dans un décor-bulle complètement hermétique à l’extérieur. Et l’une des grosses lacunes, c’est l’absence d’invités. On en viendrait presque à regretter de ne pas voir Stone et Charden débarquer sur le plateau. Et pourtant, je suis sûr que n’importe quel chanteur en manque serait heureux de venir chanter son dernier tube. Tiens, ça me fait penser que j’ai plutôt hâte d’entendre le duo Quentin Mosimann/Sheryfa Luna, mais je m’égare.

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D’autres têtes connues alourdissent la caution audimat de la nouvelle émission de France 3. Nathalie Simon, que je ne peux m’empêcher d’associer à Olivier Chiabodo, même si ce temps est révolu depuis longtemps, Jean-Marc Lubin (Lulu sans Charly), autre marque de fabrique de M6, Dorothée Kristy, talentueuse mais avec un lourd bagage puisqu’elle vient tout droit de chez Morandini, sans oublier le gros monsieur qui parle toujours de cuisine dans les émissions de France 2 mais qui est moins connu que Jean-Pierre Coffe, Jean-Luc Petitrenaud et David Martin et dont j’ai donc oublié le nom. Et puis Évelyne Thomas, bien sûr, qui a le droit de se balader, elle, sans intervenir en plateau.

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Pour être plus proche des Français et attirer des parts de marché, Laurent Boyer et ses chroniqueurs jouent aux touristes dans les villes de France. Pour cette première semaine à Mulhouse, les Mulhousiens ont pu rester sur le faim. Bien sûr, on a parlé choucroute et pain d’épices, on a parlé histoire de l’Alsace, on a parlé rennes, neige et froid, mais on n’a pas vraiment vu la ville vivre et bouger. Peut-être finalement que, comme beaucoup de villes en M, Mulhouse est une ville un peu morne ? Il n’y a plus qu’à espérer que les prochaines villes-étapes de Midi en France donnent une impression de vitalité plus éclatante. Nul doute que l’équipe de production a fait le bon choix pour attirer les téléspectateurs. Et quelle ville vient immédiatement à l’esprit quand on parle de vitalité éclatante ? Quelle ville qui bouge peut être mise à l’honneur pour doper les audiences ? Quelle carrefour attrayant et attractif peut booster les chômeurs à regarder France 3 à 10h45 et à 13 heures ? Marseille la populaire ? Nice l’ensoleillée ? Lyon la belle ? Lille la festive ?

Tadam…

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La semaine prochaine, Laurent Boyer et ses chroniqueurs seront à Clermont-Ferrand…

2 févr. 2011

Post mortel (Partie 2)

Je ne sais pas si c’est bien normal, mais souvent j’imagine mon enterrement. J’espère que je ne vais pas mourir demain qu’est-ce qu’on ferait de plus, qu’est-ce qu’on ferait de moins mais cette pensée m’obsède. Si mes comptes sont bons, j’ai assisté à 6 enterrements dans ma vie. Peut-être y en a-t-il eu davantage mais je devais probablement être trop jeune pour en garder des souvenirs.

Quand un proche meurt et que tout le monde se réunit à l’église, puis au cimetière, voire au four, il y a une sorte de communion savamment orchestrée par le recueillement. J’aimerais installer une caméra de surveillance directement reliée à mon urne funéraire, histoire de voir le degré d’amour ou d’amitié il pense à moi je le vois je le sens je le sais que les gens ressentent pour moi.

Si un jour la vie m’arrache à elle, qui serait présent à mon enterrement ? Ma famille proche, sûrement. Ma famille un peu moins proche aussi, certainement. Peut-être pas, en fait. Ma famille est tellement dispersée géographiquement. Quelques amis viendraient aussi pleurer mon absence, à condition qu’ils aient été prévenus de ma disparition. Les gens que j’aime bien ne lisent pas forcément les avis mortuaires du journal local. Il faudrait donc que ma mère pense à prévenir l’un(e) de mes ami(e)s, qui en préviendrait un(e) autre, qui en préviendrait un(e) autre, et ainsi de suite. Mais vu les faibles connexions entre les gens que je connais, je doute que ma mort attire du monde, finalement. Et rien que de savoir qu’il manquerait telle personne ou telle personne me fait de la peine. Peut-être que certains n’auront jamais vent de ma mort.

J’aimerais que le contenu de la messe soit à l’image de mes goûts musicaux. Mais je crains que la grande majorité des chanteurs et teuses que j’aime bien ne s’adaptent pas vraiment à une telle cérémonie. Un Adagio à la rigueur, mais ça ne me satisferait pas entièrement.

Ce serait rigolo aussi qu’on projette des photos de moi sur un écran, un peu comme chez Michel Drucker. « Oh tiens, Rhum à 9 ans, avec sa mère, comme il était mignon. » « Et là, c’est Rhum à 16 ans, sur scène. » « Et là, c’est Rhum quand il avait une coupe pourrie ! »

(En fait, je n’ai jamais eu de coupe pourrie. Elle n’était mal perçue, c’est tout.)

J’ai peur que des personnes pleurent quand je serai mort. Alors, juste pour elles, je voudrais bien ne pas mourir trop tôt.