2 févr. 2011

Post mortel (Partie 2)

Je ne sais pas si c’est bien normal, mais souvent j’imagine mon enterrement. J’espère que je ne vais pas mourir demain qu’est-ce qu’on ferait de plus, qu’est-ce qu’on ferait de moins mais cette pensée m’obsède. Si mes comptes sont bons, j’ai assisté à 6 enterrements dans ma vie. Peut-être y en a-t-il eu davantage mais je devais probablement être trop jeune pour en garder des souvenirs.

Quand un proche meurt et que tout le monde se réunit à l’église, puis au cimetière, voire au four, il y a une sorte de communion savamment orchestrée par le recueillement. J’aimerais installer une caméra de surveillance directement reliée à mon urne funéraire, histoire de voir le degré d’amour ou d’amitié il pense à moi je le vois je le sens je le sais que les gens ressentent pour moi.

Si un jour la vie m’arrache à elle, qui serait présent à mon enterrement ? Ma famille proche, sûrement. Ma famille un peu moins proche aussi, certainement. Peut-être pas, en fait. Ma famille est tellement dispersée géographiquement. Quelques amis viendraient aussi pleurer mon absence, à condition qu’ils aient été prévenus de ma disparition. Les gens que j’aime bien ne lisent pas forcément les avis mortuaires du journal local. Il faudrait donc que ma mère pense à prévenir l’un(e) de mes ami(e)s, qui en préviendrait un(e) autre, qui en préviendrait un(e) autre, et ainsi de suite. Mais vu les faibles connexions entre les gens que je connais, je doute que ma mort attire du monde, finalement. Et rien que de savoir qu’il manquerait telle personne ou telle personne me fait de la peine. Peut-être que certains n’auront jamais vent de ma mort.

J’aimerais que le contenu de la messe soit à l’image de mes goûts musicaux. Mais je crains que la grande majorité des chanteurs et teuses que j’aime bien ne s’adaptent pas vraiment à une telle cérémonie. Un Adagio à la rigueur, mais ça ne me satisferait pas entièrement.

Ce serait rigolo aussi qu’on projette des photos de moi sur un écran, un peu comme chez Michel Drucker. « Oh tiens, Rhum à 9 ans, avec sa mère, comme il était mignon. » « Et là, c’est Rhum à 16 ans, sur scène. » « Et là, c’est Rhum quand il avait une coupe pourrie ! »

(En fait, je n’ai jamais eu de coupe pourrie. Elle n’était mal perçue, c’est tout.)

J’ai peur que des personnes pleurent quand je serai mort. Alors, juste pour elles, je voudrais bien ne pas mourir trop tôt.

4 commentaires:

Jay Heime a dit…

Une petite dédicace sortit tout droit de mon cœur (et de l'esprit de Goldman) pour te dire: non, ne meurs pas. Référence clin d'œil aussi à ta propre référence à la grande Céline (il est si près de moi...)


Détourner des rivières, porter des poids
Traverser des mers, je saurais faire
Défier des machines, narguer des lois
Les foudres divines, ça m'effraie pas
J'sais prendre un coup, le rendre aussi
River des clous, ça j'ai appris
J'suis pas victime, j'suis pas colombe
Et pour qu'on m'abîme, faut qu'je tombe
Je sais les hivers, je sais le froid
Mais la vie sans toi, je sais pas
Je savais le silence depuis longtemps
J'en sais la violence, son goût de sang
Rouges colères, sombres douleurs
Je sais ces guerres, j'en ai pas peur
Je sais me défendre, j'ai bien appris
On est pas des tendres par ici
Je sais les hivers, je sais le froid
Mais la vie sans toi, je sais pas
Lutte après lutte, pire après pire
Chaque minute, j'ai cru tenir
J'voudrais apprendre jour après jour
Mais qui commande à nos amours?
Je sais les hivers, je sais le froid
Mais la vie sans toi, je sais pas
Je sais pas
Je sais pas

Anonyme a dit…

Le jour où tu meurs, ce serait sympa que tu me préviennes!

Emmanuelle a dit…

L'anonyme c'est moi.

Rhum Raisin a dit…

Chère Emmanuelle Anonyme, merci pour ton commentaire pertinent qui me rappelle que tu devrais sourire plus souvent.