(Bon, en fait, avant de partir, Arthur (Arthur Igual) prend le temps de rêvasser torse nu sur son balcon)
Cela aurait pu être enfin le film plaisant que je n’osais plus espérer après trois séances de cinéma. Ce n’est pas comme quand je vais au cinéma pour voir un film qui, a priori, me plaît, parce que j’ai lu l’histoire ou parce que j’ai vu la bande-annonce ou parce que j’aime bien le réalisateur et/ou les comédiens. Ici, on choisit les séances un peu au pif, suivant l’endroit de la ville ou l’on se trouve et suivant l’heure. Bien sûr, on évite soigneusement la catégorie Labo parce que c’est franchement zarbi, et que j’aime employer des mots qui étaient trop à la mode en 1993.
Même si je n’ai pas « fait » le court-métrage, comme on dit à C., depuis des années pour causes de non-présence et de non-envie, je sais qu’il ne faut pas se fourvoyer dans la sélection Labo parce qu’on reste 1h30 dans le noir à regarder six films expérimentaux incompréhensibles. Je ne mise désormais que sur les sélections International et France.
Bon, à bien y réfléchir, même en International et en France, il arrive souvent que le public se retrouve 1h30 dans le noir à regarder six films incompréhensibles. Heureusement, ils ne sont pas expérimentaux. Mais quand la séance se déroule dans l’amphi 1 de la fac de lettres et sciences humaines, sur des sièges rouges mais durs, on se dit qu’on préfèrerait finalement assister à une sélection Labo, mais confortablement installé dans l’une des salles du cinéma C., sur la place de J., la place principale de C.
Parce que ce festival a beau être international, reconnu mondialement, très réputé dans son domaine et deuxième plus grand festival de cinéma, après celui de C. (je veux dire, l’autre C., vous me suivez ?), il n’empêche qu’il envoie ses spectateurs voir des films à la fac, ce qui fait un peu mal aux fesses quand on n’est plus habitué. Et aussi au coccyx.
Après les 3 premiers films de cette sélection France, on tombe donc sur cette histoire d’Arthur, pas si éloignée du monde des Grimm. Le film est en noir et blanc. Et on sent immédiatement que ce court-métrage-là se veut artistique avec un grand A. Il se veut Artistique, donc. Quand Arthur rencontre Marie-Julie, on pourrait croire que le film va s’arrêter. Mais non, il faut se taper quarante minutes d’échanges pseudo-philosophiques sur l’amour, la loyauté, le travail. Des plans savamment pensés viennent ralentir l’intrigue, histoire de rappeler une filiation spirituelle avec les grands maîtres de la nouvelle vague.
(Parfois, il y a des longs plans de Marie-Julie (Léa Seydoux) pour donner de la profondeur à la vacuité)
Arthur est le héros d’un film que les critiques de Télérama et des Inrocks adoreraient forcément, tant il plairait aux théâtreux et aux cinéphiles qui pensent que le cinéma coréen est quand même ce qu’il se fait de mieux. Et pourtant, ce court-métrage est français. Avec des échanges amoureux, des (longs) non-dits, des plans fixes silencieux que beaucoup considèreraient comme chiants, mais qui ne sont en fait que l’expression du génie d’un réalisateur. Un bon film de bobo pour bobos en quelque sorte. Et j’ai presque honte d’avoir un peu aimé.
Puis le générique de fin a commencé. Et j’ai constaté, avec un étonnement finalement pas si étonné que ça, que je venais de visionner un film écrit et réalisé par Louis Garrel.
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