27 févr. 2011

Toi + moi + eux

C’est vrai que je ne parle pas beaucoup de cinéma sur ces Archives. Beaucoup de blogues remplissent leurs pages et leurs lignes d’avis sur les films qu’ils ont vus récemment. Mais moi, je n’ai souvent pas grand-chose à dire sur les films que je vois au cinéma. Je suis un mauvais critique. Et puis j’ai souvent des goûts discutables, ce que va confirmer la critique qui va suivre, même si le mot « critique » n’est pas le plus adapté. En fait j’aime bien commenter les films qui parlent de chanteurs, ou parler des films musicaux.

Dans Toi, moi, les autres, Gabriel (Benjamin Siksou) se marie dans deux semaines avec Alex (Cécile Cassel). C’est un fils à papa qui joue au poker, qui y perd probablement de l’argent, mais qui s’en fout puisque, de toute façon, Papa gagne beaucoup de sous grâce à son métier de préfet de police. Un matin, alors que Gabriel rentre en (grosse) voiture d’une soirée arrosée, il renverse un jeune garçon d’une dizaine d’années (Emir Seghir). Rien de bien de grave, mais assez pour mettre sa grande sœur Leïla (Leïla Bekhti), qui accompagnait son frère, hors d’elle. Dès la seconde où il la voit, Gabriel tombe amoureux de Leïla, jeune étudiante en droit, d’origine maghrébine, à l’opposé de sa caste sociale. Entre eux deux, mis à part l’amour, on trouve deux familles très différentes, une amie proche de Leïla renvoyée au Sénégal par la France, une future mariée jalouse, la police, une Chantal Lauby parfaite et des chansons. Plein de chansons. C’est donc l’occasion pour moi de parler de ce film au scénario gentillet, mais sauvé par les neuf chansons qui le ponctuent (excepté Laisse pas trainer ton fils qui ne fait l’objet que d’une seule réplique, parlée). Et c’est aussi l’occasion de refaire un Top Nine, pour la première fois depuis… pfiou… au moins quatre ans !

Upload image
Leïla Bekhti et Benjamin Siksou

N°9 – Quand on n’a que l’amour (Jacques Brel) – C’est la pire chanson du film, la moins bien adaptée et la plus mal interprétée. Elle arrive à la fin du film et se veut pathos à souhait. Alors que Tina et sa fille sont expulsées de France et sont installées dans le charter, Gabriel et Leïla, et les autres, se mettent à chanter la chanson de Brel, debout dans l’avion. Du coup, le commandant de bord baisse les bras et Tina et sa fille ne sont plus renvoyées. Je sais, je vous ai spoilé la fin, mais l'happy end est tellement improbable de naïveté qu’elle m’a un peu gâché la chanson.

N°8 – Un autre monde (Téléphone) – Là, cette huitième place est surtout due à la chanson elle-même, que je supporte de moins en moins. Tina est en prison et attend qu’on l’expulse au Sénégal. Alors, elle rêve d’un autre monde (avec une voix suave, douce et agréable) et d’une Terre moins terre-à-terre. Et dans la cellule d’à-côté, les gens font les chœurs, déguisés en sorcières et vieux clochards. Assez caricatural.

N°7 – La bonne étoile (M) – Gabriel commence cette chanson dans l’escalier de son immeuble, en emmenant Leïla sur le toit. Et juste avant le refrain de la chanson, une discussion commence entre les deux protagonistes, alors qu’ils sont assis sur le toit (comme c’est ridiculeomantique…). Et, alors que Gabriel veut combler un blanc dans la conversation et se sent sans doute con devant Leïla, il se rappelle qu’il a oublié de finir la chanson commencée dans l’escalier, et entame le refrain en chantant très fort, ce qui aurait très bien pu réveiller tout l’immeuble. Et tels des tourtereaux insouciants et candides, ils dansent sur ce toit de Paris, en pleine nuit, à la belle étoile. L’art de rendre une chanson de M kitsch : j’aime bien.

N°6 – Tout le monde (Zazie) – Pour les amis de Leïla, Gabriel a certainement une carte UMP collée sur le front (alors qu’en fait, non, il s’assoit juste sur des bancs où des autocollants « Jeunes royalistes » sont collés). Cinq ou six wesh-wesh se mettent donc à lui dire au creux de l’oreille des prénoms étrangers. Puis tout le salon de coiffure de Tina se met à chanter des prénoms, jusqu’à la chorégraphie énergique sur Tout le monde il est beauuuuu. Dans les films musicaux, j’adore quand, d’un seul coup, les chorégraphies s’organisent dans un lieu inadapté, comme si tout le monde se prenait pour Sofia Essaïdi ou M Pokora.

N°5 – Le temps de l’amour (Françoise Hardy) – Déjà, j’aime cette chanson, son rythme et sa mélancolie. C’est l’insouciance de la jeunesse qui parle. C’est à ce moment, en fait, que Leïla tombe amoureuse de Gabriel, alors qu’ils ne la chantent pas ensemble. Leïla est avec Tina ; Gabriel est avec Alexandra et ses parents. La mère de Gabriel (Chantal Lauby) chantonne même, et c’est très sympathique. Ce passage du film est très fleur bleue, un peu cucul même, mais il donne envie d’être amoureux.

N°4 – Sauver l’amour (Daniel Balavoine) – La chanson est très ralentie et est chantée par un enfant. Le frère de Leïla chante juste et avec une jolie sensibilité. Il est seul et se sent triste et impuissant face au départ de la fille de Tina, de qui il est secrètement amoureux.

N°3 – Pour un flirt (Michel Delpech) – C’est la première chanson du film. Gabriel et Leïla se connaissent à peine et attendent le frère de la jeune demoiselle, assis l’un en face de l’autre dans la salle d’attente de l’hôpital. Il faut se rappeler que Gabriel a encore 2 grammes d’alcool dans le sang et que le coup de foudre l’a frappé quelques minutes auparavant. On sent à ses yeux et sa bouche qu’il a terriblement envie de sauter Leïla et se met à chanter du Michel Delpech, pour un petit tour, au petit jour, entre ses draps, sans aucune pudeur ni honte à l’hôpital, devant tout le monde. Normal, quoi. Les infirmières dansent en patins à roulettes roses et les la la la la la la la la la la du refrain sont remplacés par des la Leïla la Leïla la Leïla la. Délicieux.

N°2 – J’attendrai (Claude François) – Cette chanson-là, c’est définitivement celle de la femme bafouée, trompée, mais qui se la pète un peu trop quand même. Eh oui, Gabriel doit épouser Alex dans peu de temps. Alors que Gabriel s’adonne à son loisir favori, le poker, Alex fait la paonne et déclame son amour en lui assurant qu’elle sera patiente et l’attendra longtemps s’il le faut. Ces paroles chantées sont accompagnées d’une danse énergique et aguicheuse, avec danseurs et danseuses pour théâtraliser le tout. Très agréable.

N°1 – Et si tu n’existais pas (Joe Dassin) – C’est ma chanson préférée du film. C’est aussi l’une de mes préférées de Joe Dassin. (Et aussi de Willy Denzey.) Tous les danseurs sont dans la rue, et se dandinent façon Bollywood. La chorégraphie est très efficace. Et ce qui est très fort, c’est qu’on ressent toute l’émotion et la signification des paroles malgré la rapidité du rythme.

On aurait très bien pu voir les seins de Leïla Bekhti, le torse nu de Benjamin Siksou ou les jambes de Cécile Cassel, mais non. Toi, moi, les autres ne contient aucune scène de sexe inutile comme on en voit désormais souvent dans les films et c'est très bien.

(Photo chopée sur Allociné)

Aucun commentaire: