Ainsi la série Prison Break a été rétrogradée au mercredi soir. Sur TF1, lorsqu’il y a un changement de cette nature, c’est pour un événement de poids comme l’élection de Miss France ou le Domino Day; on ne déprogramme pas la Star Academy pour n’importe quoi. Je me suis donc demandé quel événement M6 a impérativement voulu diffuser au point de modifier le jeudi soir habituel des fans de la série dont l’un des meilleurs moments est le refrain de la B.O. chantée par une voix féminine qui vole la vedette à la voix masculine, parce qu’elle n’a pas le temps et que son esprit glisse ailleurs. Je m’imaginais passer une agréable soirée devant une fiction événement narrant la vie du Général de Gaulle, ou une catastrophe nucléaire en 2023. Je me suis trompé. L’événement de M6 n’était pas Loft Story 3, ni un Hit Machine Spécial 10 ans et demi, ni Super Daddy, le frère de Super Nanny, spécialisé en nounou pour papas pas gentils, ni même un numéro exceptionnel de D&CO Maison avec l’animatrice blonde et dodue dont-on-ne-sait-pas-d’où-elle-sort-mais-dont-on-se-souvient-dès-la-première-fois-qu’on-la-voit. Rien de tout ça. En guise de compensation, nous avons eu droit à une nouvelle émission au concept très novateur qui n’est pas sans rappeler la défunte Je passe à la télé, avec l’excellent Georges Beller et la non moins excellente Valérie Mairesse:
Incroyable Talent
Si la Nouvelle Star déniche des talents de la musique, des prodiges de la chanson, Incroyable Talent déniche des talents, tout court, des prodiges, tout court. La nouvelle Virginie Efira est Alessandra Sublet, un peu moins blonde à l’extérieur, mais un peu plus à l’intérieur. Les nouveaux Manu, Marianne et André (parce qu’ils n’ont pas trouvé de nouveau Monsavon) sont Jean-Pierre Domboy, Sophie Edelstein et Gilbert Rozon. Les nouveaux carrés bleus et rouges sont des croix rouges éliminatoires: le jury a le droit de buzzer pour allumer la croix, et si les trois croix sont allumées, les éventuels talents sont priés de partir. Vous l’aurez donc compris, comme cela a été répété toute la soirée, l’important est de ne pas se faire buzzer.
Des anonymes, jeunes, vieux, sportifs, comiques, dignes du Guinness Book des records se présentent devant le jury, espérant devenir le plus incroyable des talents. Là où la tâche du jury d’Incroyable Talent est plus ardue que celle du jury de la Nouvelle Star, c’est que leur jugement doit être rapide et efficace. Ils doivent déceler très vite, le temps de l’audition, les meilleurs clients: éliminer les rigolos qui n’ont pas plus de talent que Paris Hilton, et conserver les saltimbanques dont la sagacité, l’originalité ou l’entraînement physique crève l’écran, tout en évitant l’écueil d’une évaluation manichéenne d’un numéro qui consisterait à dire que ce dernier ne peut être que bon ou mauvais, ce qui pourrait éventuellement blesser quelqu’un de néanmoins très nul. (Oui, vous avez le droit de relire plusieurs fois cette phrase)
Nous avons eu droit à des cas qui ont pu perturber certains: Magali, la yodleuse qui se prend pour la femme du tyrolien du Juste Prix que j’adorais voir chuter, 35 athlètes expérimentés bossus du short rouge, un ventriloque de chien (à la différence que le chien n’a pas eu à supporter le bras entier profondément enfoncé tel un méga-suppositoire), un dompteur sans coque et sa femme-tigresse, de sympathiques Beatles et Michael Jackson en marionnettes, un prestidigitateur foldingue à la coiffure drôle mais qui me foutrait la honte en pleine journée si j’avais la même, des Corrs tziganes, une Castafiore renversante, une chanteuse de douze ans qui se ferait prodigieusement casser par la descendance d’Alice Dona sur une chaîne concurrente, un sympathique James Bond qui mime des bruits (observez que les deux seuls numéros que j’ai bien aimés sont qualifiés de « sympathiques »), ou encore un stabylo jaune de mauvaise foi.
Malheureusement, Yvette Leglaire ne sera vraisemblablement pas la nouvelle Christophe Willem, mais si l’émission perdure, durant les six semaines prévues, nous aurons encore moult fois l’occasion de nous faire buzzer…
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