26 janv. 2007

Le patineur qui patinait avec des patins

Evelyne Dhéliat l'a dit: demain, C. sera la ville la plus froide. Là, je vous entends dire Purée (ou Putain, pour les plus rebelles), il n'est pas très imaginatif en ce moment, Rhum Raisin, et vous avez un petit peu raison. Effectivement, la bassesse des températures a tendance à geler les idées. Il n'y a alors rien de mieux que d'aller se réchauffer dans une patinoire, puisqu'il est évident qu'il y fait bien meilleur que dehors. Et après la patinoire, il n'y a rien de mieux que de regarder du patinage à la télévision.
Je ne sais pas si c'est la nostalgie des collants en lycra ou si c'est le plaisir de se sentir naïf de croire que Philippe Candeloro joue un rôle de plus, après avoir incarné Lucky Luke et D'Artagnan, tellement ses commentaires "savoureux" rappellent les répliques de François Pignon, mais je prends toujours autant de plaisir à regarder le patinage à la télévision. Ce soir, les championnats d'Europe pour les hommes se déroulaient à Warsaw, qui se prononce certainement Varzaoo, charmante prononciation pour laquelle je refuse d'écrire le nom en français, dans une patinoire au plafond tendance exposition universelle du début du XXème siècle. Je ne vais pas faire durer le suspense plus longtemps: Brian Joubert est champion d'Europe. Et pourtant...
Brian Joubert a ce soir absolument tout fait pour me déplaire. A commencer par le costume détestable qu'il portait, orné de laides franges mauves et dorées sur l'épaule gauche, de faux tatouages sur le bras droit, et de griffures, également mauves et dorées, hideuses sur la cuisse droite, masquant sa sveltesse. Brian a en outre gardé un air hautain tout le long de ses quatre minutes trente, n'a jamais esquissé de sourire au téléspectateur, ni fait de discret clin d'oeil boccolinien à la caméra. De plus, Brian avait des concurrents non négligeables, bien qu'Evan Lysacek fût absent: l'excellent biélorusse Sergeï Davydov, dont le mètre cinquante-huit aidera à en décomplexer plus d'un, le talentueux "tchèque sans provision" dont je ne me rappelle plus le nom (ce jeu de mot navrant n'est bien sûr pas de moi; c'est une candelorette), le français Alban Préaubert, le prodigieux clown à la grande mâchoire, ou bien le belge Kevin Van der Perren, dont le premier quadruple double piqué fut fort gracieux. Finalement, Brian a écrasé ses adversaires, ce qui lui a permis de play-backer la musique de la Marseillaise, et de presque passer pour un sportif ridicule (évidemment, je dis presque, parce que bon, il était quand même sur la plus haute marche du podium, même si ma mauvaise foi a très envie de nier ce point précis). Voilà. Que pourrais-je ajouter? Brian a gagné...
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