26 févr. 2007

Le courrier des lecteurs (Tome 2)

Salut. Je suis lycéenne dans une ville dont le nom commence par un C. Comme toi. Moi aussi, j’aime les chansons françaises (d’ailleurs, ce serait sympa d’enlever cette horripilante queuleuleu qui démarre à chaque fois que l’on se connecte sur ton blog depuis deux jours, merci). Moi aussi je ris de choses assez futiles. Moi aussi je me trouve belle. Je dis ceci parce que je suis sûre que toi aussi tu te trouves beau. Ça ne veut pas dire que tu l’es. J’imagine même que tu n’es pas beau. J’ai du mal à t’imaginer, avec le peu d’indices que tu nous donnes, mais j’essaie, et j’ai mes petites idées: pas très grand, cheveux bruns et pas trop courts, l’œil malicieux… Me trompe-je? Je me suis longtemps demandé si, par chance, notre ville était la même pour qu’un jour nous puissions enfin nous rencontrer. Mais j’ai réalisé que, comme toi, j’étais timide. Et donc, comme toi, je n’oserai pas me confronter à la réelle réalité de la vraie vie. Je pense que nous avons de nombreux points communs. Par exemple, je suis certaine que tu n’aimes pas téléphoner, comme moi, que tu détestes avoir les vêtements imprégnés de l’odeur de Quick, comme moi, ou bien que tu te sens souvent overbooké, comme moi. Je suis persuadée que nous sommes les mêmes. Mais comment le vérifier?...

Charlène. de C.



Cher Rhum Raisin, je voudrais vous dire que je vous admire. En effet, je vous trouve courageux, et chaque jour, je me dis que j’aimerais bien avoir un peu de votre courage. Je perçois bien quelques lassitudes passagères et quelques déprimes occasionnelles dans ce que vous écrivez. Et pourtant, vous écrivez, régulièrement, comme si tout allait bien, tous les jours. J’ai, pour ma part, assez de mal à faire en sorte que le "paraître" aille bien lorsque l’"être" va mal. Or, pour vous, j’ai l’impression que même si l’"être" est triste, le "paraître" est assez fort pour que l’être ne se voie pas. Je vis très souvent des déprimes passagères, parfois longues, et j’ai beaucoup de mal à construire une vie sociale à cause de cela. J’ai vécu une histoire magnifique il y a maintenant plus de dix ans, et depuis que cette merveilleuse histoire s’est terminée, je ne retrouve plus goût à la vie. A la fin de cette histoire, c’est comme si le monde s’était écroulé autour de moi, me laissant seul, réalisant à peine que le bonheur éphémère était déjà consumé, et que je m’apprêtais à vivre une vie tellement moins belle. Je suis désormais presque dans l’obligation de survivre, et ceci est très difficile. Je suis contraint de vivre dans mon passé glorieux. Vous êtes une sorte d’exemple de sérénité pour moi, cher Rhum Raisin, et je vous remercie de me faire profiter de votre bonne humeur.

Adel d’Hétoubifry



En navigant sur la toile, ma femme et moi sommes tombés sur vos chroniques. D’après vos dires, vous êtes un jeune homme de vingt-et-un ans, vous êtes étudiant, et vous êtes mystérieux. Vous êtes exactement la personne que nous recherchons. Je m’explique. Nous sommes un couple qui s’aime, marié depuis maintenant vingt-cinq ans. Comme le temps passe vite. Parfois, dans un couple, la routine s’installe, le quotidien prend le dessus. Et à cinquante ans, on ne s’émerveille plus autant qu’à vingt-et-un ans. De ce fait, la passion entre un homme et une femme a tendance à s’éteindre sans que l’on parvienne à raviver la flamme. Les relations intimes ne reflètent plus la même lueur qu’autrefois. Toutefois, ma femme et moi savons que cette étincelle peut réapparaître. Pour cela, nous avons contacté un spécialiste qui nous a proposé de chercher ce qui pourrait exciter nos sens. Nous désirons ainsi connaître de nouvelles expériences et les partager ardemment avec une autre personne. Bien sûr, nous comprenons aisément que cette démarche puisse vous choquer, mais essayez tout de même d’y songer. Merci.

Jean-Jacques et Claudine de Nancy

23 févr. 2007

Rire et mourir

En ce joli mois de février, célébrons un homme sympathique et bon vivant: Bézu. De son vrai nom André Bézu, cet homme respirant la bonne humeur est l’un des symboles de la chanson gauloise. Les gens de mon âge se souviennent de Bézu (en supputant qu’ils le connaissent) grâce à ses participations quotidiennes à La Classe, présentée par Fabrice, que les gens de mon âge qui ne connaissent pas Bézu auront tout autant de mal à identifier. La Classe est pourtant cette émission culte de la troisième chaîne que je manquais très rarement, même si les subtilités grivoises récurrentes m’échappaient bien souvent. Cette émission regorgeait des stars de l’humour en herbe des années 90 telles que Vincent Lagaf’, Michèle Laroque, Sophie Forte, Jean-Marie Bigard, Pierre Palmade, Muriel Montossey, Tatayet ou Muriel Robin. Mais les vieux de la vieille étaient aussi quotidiennement présents: Blaise, Pompom, et Bézu. La Classe est devenue une émission culte, notamment grâce à son générique de fin, lui aussi culte, La queuleuleu. Et c’est justement ce fameux Bézu, roi de la fête franchouillarde, qui interprétait cette chanson, à peine inspirée de son aïeule La chenille, chanson indispensable à tous les mariages bien beaufs dont tous le monde se moque mais à laquelle tout le monde se joint dans l’euphorie provoquée par la fanfare, les cotillons, et les effluves de vin rouge.

Bézu n’a pas chanté que ce tube. En effet, il est également l’interprète de dizaines de chansons festives à en faire pâlir Les Musclés, Licence IV, et autres Patrick Sébastien. Il a repris tous les standards de la vieille chanson française pour boire et faire la fête (Ah le petit vin blanc, Le clair de lune à Maubeuge, Frou-Frou…), ainsi que la plupart des plus illustres chansons paillardes (La digue du cul, Bali Balo, La bite à Dudule…). Mais je crois que rien ne vaut cet album datant de 2002, permettant aux novices en maths, à savoir logiquement les enfants, d’apprendre les tables de multiplication en s’amusant. Tiens, j’me ferais bien une ballade! Chouette, je vais me faire la table de quatre! Ça, c’est un album de qualité.

Mais voilà, le 3 février dernier, Bézu nous a quittés dans une indifférence quasi générale. Un homme profondément humain, certes instinctivement attiré par les soirées arrosées, mais gai, et heureux de vivre, s’en est allé. Même si la France aime dorer son image, et se vanter d’être la capitale mondiale du luxe et du raffinement, il ne faut pas oublier que Bézu, c’est aussi ça la France. Soyons aimables! Et son orchestre. (Oui, je sais, il n’y a pas vraiment de rapport, si ce n’est la fête, mais j’avais envie de la faire.)

21 févr. 2007

La puce à l'oreille

Je vous ai déjà parlé de Mika? Parce que je me souviens plus si je vous ai déjà dit à quel point je trouve son album formidable. Heureusement l’excellentissimissimissimissime Relax (Take it easy) passe de plus en plus souvent à la radio pour le plus grand plaisir de mes oreilles, surtout lorsque je suis dans la voiture et que je peux chanter à tue-tête. Mais il n’y a pas que ce titre, non, il y a aussi plein d’autres morceaux tellement sautillants. Bien sûr, d’habitude j’aime le mou. Mais en ce moment, je préfère quand c’est moins mou. Il y a une fraîcheur dans les chansons de Mika, du punch, une touche des sixties/seventies, et c’est absolument enivrant. Pour votre plus grand plaisir, qui est en fait surtout le mien, je vous linke ici son site officiel, même si je sais pertinemment que la majorité de mes lecteurs et trices n’exercera pas une pression particulière sur le bouton gauche de la souris sur le mot ici, qui est effectivement le même ici, et aussi ici, parce que mes lecteurs et trices n’ont vraisemblablement que faire de ce chanteur pétillant, et ainsi, le ici ne sera que peu rarement peloté par le curseur de la souris de mes lecteurs et trices, et c’est fort dommage.

Parlons alors de cette affiche si intrigante qui a fleuri depuis une quatraine de jours dans les abribus, sur les bus, sur les panneaux publicitaires, sur les vitres de bars, et dans le journal hebdomadaire gratuit de C., Info. C’est l’affiche du film Juste une fois!. On aperçoit sur cette affiche une grosse tête de jeune femme; jeune femme qui n’a en fait pas une plus grosse tête qu’une autre, mais sur cette affiche, si.

Elle a un visage angélique malgré un œil coquin. Et cet index droit tendu sur la bouche est un signe qu’elle doit se taire. C’est comme lorsqu’en maternelle, nous jouions au jeu palpitant du roi du silence, où nous devions mettre le doigt sur la bouche. Je n’ai jamais compris pourquoi la surveillante, que je n’appelais pas surveillante à l’époque, et encore moins pionne, mais Cécile, puisqu’elle s’appelait Cécile, (et j’ose espérer qu’elle s’appelle toujours d’ailleurs, parce que je l’aimais bien, et donc je l’aime bien devrais-je dire), nous demandait de mettre le doigt sur la bouche pour faire silence; je suis toujours parvenu à émettre des sons malgré mon index sur la bouche, et cette dernière inévitablement un peu aplatie par ledit index. Je peux le dire maintenant à tous mes camarades qui croyaient que le roi du silence était un vrai jeu: Cécile vous a bien pris pour des cons!

Mais revenons-en à ce film, Juste une fois!. Avez-vous lu ce qui est écrit en haut de l’affiche? Nous avons tous un secret… Le sien est encore pire! Avouez que ça intrigue. Premièrement, je ne peux pas laisser passer le Nous avons tous un secret.... Non, moi j’ai plein de secrets, pas qu’un seul. C’est quoi ces généralités? Je pourrais vous en citer de nombreux. Mais je ne le ferai pas. C’est vrai, j’ai déjà fait une digression dans le paragraphe précédent, je ne vais pas recommencer, là, maintenant, seulement pour parler de moi-même, même si cela reste mon sujet de conversation favori, bien que rarement abordé avec les autres. La deuxième partie de l’accroche du film est Le sien est encore pire!. Quel secret peut-être plus difficilement avouable qu’aimer regarder des films pornos, que pratiquer le jeu de la biscotte, qu’avoir déjà embrassé un mort? Non calmez-vous, ce ne sont pas des aveux de ma part (quelles horreurs!), ce sont des exemples de la bande-annonce du film. Puisqu’en effet, j’ai eu envie de regarder la bande-annonce de ce film. Elle est aussi frustrante que ce à quoi je m’attendais. On n’apprend absolument rien sur ce maudit secret inassumé. Je ne voulais pas chercher partout quel pouvait être ce secret, puisque je voulais aller voir ce film au cinéma, et avoir la surprise. N’ayez crainte, je ne dévoilerai en aucun cas ce fameux secret, pour les personnes qui voudraient aller voir ce film. Mais je suis quand même, petit curieux que je suis, allé me renseigner. Rien que l’affiche originale et le titre en anglais peuvent mettre sur la voie. Ce que je ne comprends pas c’est comment une affiche si "Bridget Jones", et une bande annonce si "comédie romantique" peut déboucher sur un sujet aussi répugnant. Je ne sais plus si j’ai bien envie d’aller voir Juste une fois!, même une fois. Parce que d’après ce que j’ai compris, c’est quand même dégueulasse…

18 févr. 2007

Cent-unième chronique

101

Ça rime avec rien…

(- C’est bon, tu vas pas nous faire toutes les déclinaisons jusqu’à 200!

- Hein? Ah pardon. Je me reprends.)

Je n’étais pas plus triste que d’habitude, et pourtant j’ai presque eu envie de pleurer lors des quatre bandes-annonces qui ont précédé le film. J’étais assurément dans un autre état d’esprit que lorsque j’ai ri sans honte aucune, et même avec joie, vendredi à la bande-annonce des Vacances de Mr. Bean. Aujourd’hui, j’étais heureux d’aller au cinéma (ce qui ne veut pas dire que je n’ai éprouvé aucun plaisir à y aller aussi vendredi, puis samedi (ce qui fait donc un total de trois séances en trois jours, chose assez exceptionnelle pour être soulignée)), et je n’étais donc nullement prédisposé à être ému, ni à pleurer. Malgré moi, je sentais les larmes monter, même pendant les bandes-annonces (je sais, je me répète), et j’ai compris qu’il allait falloir faire preuve d’une grande concentration pour ne pas laisser ma sensibilité prendre le dessus, et ainsi bousiller quinze minutes d’étalage consciencieux de crème destiné à doter mon teint d’une luminosité parfaite, à cause d’éventuelles maudites gouttes d’eau salée dégoulinant de mes yeux.

Au début, le spectateur français typique, qui a décidé de son plein gré d’aller voir ce film, a forcément de la sympathie, peut-être même de l’admiration pour Edith. Ce n’est pas avec l’attachante Edith enfant que ce spectateur changera d’avis. Il se laissera entraîner par l’atmosphère de la rue, les bonnes goualantes, les passants qui jettent quatre sous à terre, la bonne humeur apparente de cette époque. Même lorsqu’une fille de joie du bordel grand-maternel se charge de la protection de l’enfant et de ses occupations quotidiennes, le spectateur ne pourra pas s’empêcher d’esquisser un sourire de tendresse. Abandonnée par sa mère, Edith mène une vie itinérante. Le film mise sur l’insouciance de la jeune femme, sa tendance à boire pour ne retenir que le meilleur de sa vie, l’euphorie, provoquée par elle-même, des soirées qu’elle passe en compagnie de ses sincères, et parfois moins sincères, amis. Certains seconds rôles ne sont pas exploités à leur juste valeur, mais qu’importe, puisque la magie des chansons transporte le film dans un autre temps.

Si le spectateur français typique voit Edith comme une sainte, il sera quand même un peu déstabilisé. Il supportera peut-être mal de la voir dans la sphère privée, avec un caractère fort, voire autoritaire. Il aura peut-être aussi du mal avec cette débauche, ces soirées arrosées, ces fougues amoureuses. Le film montre finalement relativement peu les beaux côtés du mythe Piaf, mais s’intéresse davantage aux excès de la femme torturée. Il relate, parfois avec peu de pudeur, souvent crûment, la façon dont Edith a détruit sa vie peu à peu à cause de l’alcool et de la drogue, et comment ce bout de femme s’est consumé plus vite que prévu, apparaissant alors, à l’hiver de sa vie, à 48 ans, comme une vieillarde. C’est à cause de l’intensité de ses chansons, celles qui me touchent particulièrement comme La foule ou Non, je ne regrette rien, que les larmes ont failli couler. Les flash-backs incessants tout le long du film sont une bonne idée, peut-être un peu trop récurrents, laissant le spectateur se perdre dans un labyrinthe, alors qu’il n’avait pas besoin de cela pour apprécier la polyvalence et l’ubiquité d’Edith. Le même spectateur se laissera volontiers guider dans la vie tumultueuse de la plus grande chanteuse française du siècle dernier, interprétée par une Marion Cotillard d’une ressemblance surprenante (merci les maquilleurs et illeuses), d’une justesse époustouflante, à mon grand étonnement, belle et touchante. La salle pourra sortir en se disant que, même sans les talons, Edith était une grande.


14 févr. 2007

Les candidats minuscules

Je me creuse la tête. Je me remue les méninges. Mais je ne vois pas. En cette scintillante soirée du 14 février, je ne vois pas ce qui pourrait être plus excitant qu’écrire une chronique politique. Nous sommes le 14 février, soit 67 jours avant le premier tour de l’élection présidentielle, premier tour pour lequel j’aurai l’opportunité de donner mon avis pour la première fois, que l’on peut également décomposer en 1608 heures (qui pourront varier, je vous l’accorde, selon les envies citoyennes plus ou moins pressantes, de 1599 heures à 1608 heures, voire de 1598 heures à 1608 heures, suivant que les bureaux de vote ouvrent à 8h00 ou à 9h00, et même peut-être jusqu’à 1609 heures pour les bureaux de vote qui fermeront à 21h00), voire en 96480 minutes (qui pourront varier, je vous l’accorde aussi, de 95940 minutes à 96480 minutes, voire de 95880 minutes à 96480 minutes, suivant que les bureaux de vote ouvrent à 8h00 ou à 9h00, et même peut-être jusqu’à 96540 minutes pour les bureaux de vote qui fermeront à 21h00), voire même en un nombre encore plus faramineux de secondes, pour lequel j’ai décidé de ne pas faire de calculs, car ce n’est pas parce qu’on est le 14 février et que je n’ai rien d’excitant à faire que je vais passer ma soirée à décomposer des jours en unités de temps toujours plus petites, parce que là, pour le coup, ce ne serait vraiment pas excitant.

À côté des dinosaures de l’élection présidentielle de 2007, les candidats minuscules peinent à se faire entendre, un peu comme des Schtroupmfs qui seraient lâchés face aux vachettes d’Intervilles. Je ne parle pas des José Bové, Corinne Lepage, Nicolas Dupont-Aignan, et autres Philippe de Villiers, non; je parle des véritables petits candidats, ceux qui ont dû passer au maximum deux fois à la télévision dans leur vie, bref, comme dirait Kamini, les minuscules candidats «paumés que personne ne connaît, même pas Jean-Pierre Pernaut». Ainsi, Gérard Schivardi est totalement inconnu du grand public, alors qu’il succède à Daniel Glückstein, candidat le plus malchanceux de l’élection de 2002, représentant le parti des travailleurs. Les mauvaises langues diront que c’est à cause du nom du parti; c’est évident qu’à côté des sigles qui en jettent, comme PS, UMP, FN, ou LCR, le pauvre Gérard avec son PT fait tâche. Et quid de Frédéric Nihous? Il représente un parti ayant fait 4,23% lors de la dernière élection présidentielle, lorsque le parti Chasse, Pêche, Nature et Traditions était mené par le fringant Jean Saint-Josse, et il ne participe même pas à la grand-messe pendant-quatre-lundis-qui-nous-prive-des-inédits-de-Joséphine-ange-gardien sur TF1? Mais que fait le CSA? Même chose pour Rachid Nekkaz, qui affirme pourtant posséder 513 promesses de parrainages des maires des communes rurales de France. Même s’il y a une probabilité minime pour que la majorité des nouveaux gaulois votent pour un Rachid, il est évident que les médias, que je devrais écrire media, pluriel de medium, font peu écho de sa candidature.

Enfin, que dire de Cindy Lee, à part que ce n’est pas un nouveau come-back de Lââm dans une comédie musicale de piètre qualité? Certes, Cindy Lee n’a rassemblé pour l’instant qu’une petite cinquantaine de promesses de signatures, mais comme en 2002, elle se bat bec et ongles pour participer à l’élection suprême. Le parti du plaisir entend placer le bien-être de l’individu au centre de la société, et promouvoir les notions de plaisir et de liberté, dans tous les domaines touchant à la vie quotidienne. Cindy Lee refuse la comparaison avec la Cicciolina, et pourtant si l’on regarde de plus près son site Internet de campagne, les ressemblances peuvent frapper. On peut présager de l’absence de Cindy Lee à la candidature définitive à l’élection présidentielle de 2007; le parti du plaisir a assez peu de chances de s’installer à la présidence et de là faire bander la France (vous aurez bien sûr reconnu les mots de Michel Sardou, moi je ne les comprends pas), même avec une promotion intense.

Voilà, rien n’a changé depuis le début de cette chronique: toujours aucune perspective excitante à mon horizon. Je ne vois toujours pas ce qui pourrait me plaire, en cette soirée du 14 février. Il ne me reste plus qu’à formuler moi-même quelques hypothèses, puisque l’adage dit qu’on n’est jamais mieux servi que par soi-même. Qu'est-ce qui est le plus excitant? Regarder France 2... Ecouter Mika... Célébrer Onan... Il ne me reste plus qu'à attendre demain. Ce soir, je vais peut-être me coucher tôt.

11 févr. 2007

Kit de survie

Les exploits d'un chevalier solitaire dans un monde dangereux.
Le chevalier et sa monture ! Un héros des temps modernes,
dernier recours des innocents, des sans-espoirs,
victimes d'un monde cruel et impitoyable.

Au tout début, Michael Long, policier émérite, se fait tirer dessus comme un vulgaire lapin. Il est très mal en point. Il est alors aussitôt recueilli par la fondation Knight, qui prend en charge sa survie. En effet, Michael Long survit. Seulement, ce n’est pas ce qui est officiellement annoncé. Officiellement, le policier est mort. Mais une mission va lui être confiée: combattre le crime. Vague mission… Pour qu’on ne le reconnaisse pas, le visage du faux mort est trafiqué, si bien qu’après, il est méconnaissable, tel un frère Bogdanov. Michael Knight est né, avec son acolyte indispensable, son faux jumeau, son Dupond avec un d: Kitt.

Kitt est une voiture du futur. Même en 2007, elle demeure une voiture du futur, parce qu’aucun robot n’est encore doté d’une vraie intelligence et de réels sentiments. Paradoxalement, elle est démodée avant d’avoir été une voiture de son temps, à cause de sa voix nasillarde et de sa carrure si peu fashion. Kitt est en réalité contrôlée par une intelligence artificielle, comme Haley Joel Osment, et roule sans conducteur, sur demande de son propriétaire, le sus-cité Michael Knight, à sa montre. De plus, Kitt empêche les balles de traverser sa carrosserie, pour préserver la vie à son maître chéri, déjà décédé une fois. Michael Knight peut effectivement parler à sa montre pour attirer Kitt, lorsqu’il est mal pris dans une situation provoquant la sueur tellement elle est risquée. Tout ceci est si crédible.

Kitt a la possibilité de faire plein de choses très utiles: avec l’anamorphic analyzer, elle peut identifier des gangsters à partir d’une image de mauvaise qualité; avec l’audio-video record, elle peut enregistrer et filmer des conversations, et ça c’est super novateur; avec l’auto cruise, elle peut se transformer en Tom Cruise; avec le convertible mode, elle peut se décapoter; avec l’eject left, elle peut éjecter à gauche (on ne sait pas trop ce qu’elle peut éjecter, mais elle peut le faire); elle peut même éjecter à droite, avec l’eject right; avec l’olfactory detector, elle peut détecter des odeurs suspectes; avec le tear gas, elle peut faire pleurer les gens; ou bien encore avec le zoom-in, elle peut faire des zooms sur les gens. J’aimerais bien avoir le zoom-in en moi; pour observer les gens d’encore plus près, parce que quand je m’approche trop des gens, c’est suspect.

Aujourd’hui, K2000 a mal vieilli. Ce n’est pas de la faute de David Hasselhoff. Non. Lui, c’est un maître en la matière, un professionnel. Ce n’est pas donné à tout acteur américain de jouer dans deux séries avec autant de succès (NdRR: l’autre série étant bien sûr Alerte à Malibu). A part Patrick Duffy, je ne vois pas. Grâce à lui et à sa fidèle partenaire à quatre roues et à ailes invisibles, les méchants étaient toujours les perdants. Mes yeux d’enfant étaient tellement naïfs. C’est fou comme on change en quelques années. Toutefois, il faut bien avouer que maintenant, le pauvre David Hasselhoff n’est plus vraiment la référence. Et, de facto, il n’échappe au destin si tragique, mais si inévitable, des vedettes autrefois adulées: il est ridiculisé, et son héroïsme a désormais, comme Michael Long, un autre visage. La déchéance des idoles, encore et toujours, dirons-nous.

(N'oubliez pas les résultats du Moomin d'honneur de la chanson française)

10 févr. 2007

Petites pensées et transitions pourries

Depuis hier, je fais mon jogging une fois par jour. Ce n’est pas dans une démarche post-réalisatrice d’un surpoids apparent, mais plutôt dans une démarche préventive. Les cercles vertueux ont l’avantage de motiver. Lorsque l’on est heureux, du moins un peu plus que d’habitude, on a envie de préparer le bonheur futur. Or le bonheur futur passe par une hygiène de vie actuelle exemplaire. Et donc je vais faire mon jogging. Par contre, lorsque je sors de chez moi, une seule obsession me hante: baisser la tête accessoirisée de mes lunettes de soleil dans le but d’éviter les éventuelles connaissances croisées sur mon parcours. Mon allure, d’habitude si élégante, est fortement dégradée lorsque je suis vêtu de mon survêtement. J’ai même eu la mauvaise idée de me raser de près ce matin, et je ne me plais pas quand je suis rasé de près. Et donc, si je m’étais croisé ce matin, je me serais dit: Quel plouc! Puisque lorsque je croise des gens dans la rue, ma tendance à observer scrupuleusement tout le monde me pousse à critiquer et trouver le détail qui fait qu’une personne est ridicule. La campagne présidentielle est ridicule aussi. Les prétendants se lancent des piques, aussi futiles que déplacées. Je me demande si c’était aussi flagrant au temps de De Gaulle et Pompidou. A cette époque, les médias étaient moins présents, même si l’expansion commençait. On aimait Claude François et Marylin Monroe parce qu’ils étaient des artistes. Aujourd’hui, on parle de Paris Hilton, comme si elle était artiste. Anna Nicole Smith est morte. A la rentrée dernière, son fils de 20 ans est mort, quelques jours après qu'elle ait accouché d’une petite fille. Ceci est forcément en lien avec la dépression incurable de cette femme de 39 ans. Anna Nicole Smith était cette bimbo, veuve d’un milliardaire américain de 63 ans son aîné. Je ne sais pas si c’est elle qui a cherché à avoir une vie comme celle qu’elle a eue, mais le bilan n’est pas folichon. Evidemment, loin de moi la pensée qu’elle fût vénale, au point d’épouser à 24 ans, un gentleman de 87 ans; non, c’est l’amour. Et l’amour rend aveugle et fait perdre la raison. Aimer à perdre la raison est la nouvelle chanson des Enfoirés. Je dois avouer que j’avais adoré Le temps qui court, l’année dernière, avant de m’en lasser un peu. Mais là, en 2007, ils nous servent une réorchestration complètement anachronique avec la douceur humble de l’originale. Jean Ferrat doit se retourner dans sa tombe où il n’est pas encore entré. Mais bon, d’un autre côté, c’est bien de faire revivre les chansons. Sauf quand on fait revivre I will love again de Lara Fabian (surtout I will love again (quelle idée saugrenue (!))) et que ça ressemble à du Cascada. C’est comme cela qu’on entretient la nostalgie. Les nostalgiques de Dorothée pourront eux apprécier une réorchestration cinématographique de Pas de pitié pour les croissants, prévue pour on-ne-sait-pas-trop-quand-mais-espérons-que-ce-ne-soit-pas-trop-long, avec les mêmes protagonistes qu’à l’époque de la série télévisée. Or pour envisager la nostalgie future, il faut préparer du bonheur aujourd’hui. J’ai passé des bons moments cette semaine. J’ai passé trois soirées agréables, dont les deux dernières furent suivies par des nuits encore plus agréables. Ne cherchez pas à lire entre les lignes. J’en finirais par croire que c’est la nuit que j’aime le mieux, à jouer à la PSP, à raccompagner un individu perdu jusqu’au boulevard Lafayette, à tomber innocemment sur Les filles d’à-côté sur TMC, à créer une chanson avec plein de rimes en ine, à cultiver le regard léonardien, à croiser un inconnu au grand sourire rue du Port, à embrasser des gens sur la bouche, et à chanter du Elton John. C’est quand même mieux de chanter du Elton John que du Mika, parce que Mika, personne ne connaît. Et pourtant, c’est si bon. J’ai acheté l’album aujourd’hui à la fnac de C., au prix de 14€50. Si par chance, vous étiez à la fnac de C. entre 14h53 et 15h25, vous m’avez croisé… Ah oui, Mika est un artiste formidable, dont l’album Life in cartoon motion est également formidable. Grace Kelly est formidable, Lollipop est délicieuse, My interpretation est excellente, Relax (Take it easy) est une merveille, Any other world est grandiose, Billy Brown est jubilatoire, Big girl (You are beautiful) est savoureuse, Stuck in the middle est géniale, et Happy ending termine l’album en beauté, avec un titre caché en prime. À l’arrivée, seule Love today est qualitativement en dessous du reste. Pour la peine, je vous relinke son myspace. Peut-être que Mika attirera des googleurs chez moi. Enfin, il en attirera certainement moins que Miguel Angel Munoz qui détient en ce moment le record de requêtes absolu qui permettent d’atterrir ici. Alors ne nous privons pas de quelques visites: Miguel Angel Munoz torse nu, Miguel Angel Munoz travesti, Miguel Angel Munoz fesses nues. Et puis dans un autre genre, si j’osais… Allez… Arielle Dombasle seins nus dans Paris Match.

5 févr. 2007

Cérémonie du Moomin d'honneur de la chanson française - N°1

Certain[s] blog[s] organise[nt] des élections entre quinze candidats. Chacun peut voter, et l'artiste qui est le plus plébiscité remporte l'élection et obtient ainsi les honneurs de la blogosphère.
Quelle coïncidence! Je vous ai présenté quinze interprètes francophones depuis le début des chroniques de Rhum Raisin. C'est donc en total accord avec moi-même, et sans aucun sentiment de spoliation d'idée, que je soumets mes interprètes à vos votes. Je vous propose de faire un classement (parce que c'est toujours mieux les classements, peu me contrediront) de vos cinq interprètes préférés. J'attribuerai ensuite au premier, au deuxième, au troisième, au quatrième, puis au cinquième de chacun et cune de mes lecteurs et trices, qui seront nombreux et breuses à participer, je l'espère, respectivement cinq points, quatre points, trois points, deux points, et un point.
Voici les nominés (terme tellement plus joli que les nommés) en lice pour remporter le premier Moomin d'honneur de la chanson française:
  1. Elsa
  2. Julien Clerc
  3. Laurent Voulzy
  4. Axelle Red
  5. Dalida
  6. Rita Mitsouko
  7. Yves Duteil
  8. Benoit
  9. Jeanne Moreau
  10. Eddy Mitchell
  11. Diam's
  12. Tino Rossi
  13. L5
  14. Richard Anthony
  15. Dani

Vous avez toutes les cartes entre les mains, et avez un choix assez varié, du mou, du rock, du mielleux, du tendance, du rap, du simple, du kitsch...


Moomin d'honneur de la chanson française - Elsa (24 points)

Première dauphine d'honneur - Axelle Red (21 points)

Premier dauphin d'honneur - Julien Clerc (17 points)

Flipper d'honneur - Rita Mitsouko / L5 (13 points)

Viennent ensuite Diam's (je ne pensais pas qu'elle arriverait si haut, et j'en suis ravi) avec 11 points; Yves Duteil (c'est une place honorable, et j'en suis ravi) avec 9 points; avec 7 points, cinq interprètes très différents, Laurent Voulzy, Dalida, Benoit, Eddy Mitchell et Dani; puis Jeanne Moreau avec 5 points; et enfin Richard Anthony (j'ai été surpris de voir qu'il avait quand même obtenu 2 points, et j'en suis ravi) avec 2 points. A noter que seul Tino Rossi n'a reçu aucun point. Ceci me conforte donc dans l'idée que l'éclectisme est nécessaire pour satisfaire tous les goûts musicaux... Certes, ce ne sont pas vos goûts premiers, comme j'ai pu le comprendre, mais je prends un plaisir immense - le mot est peut-être un peu trop fort - à vous présenter tous ces artistes si différents. La deuxième saison arrive prochainement.

3 févr. 2007

La tribu de Dani

Au programme aujourd’hui, une nouvelle chronique sur une star de la chanson française. C’est ce que j’avais prévu, donc même s’il m’est possible de ne pas m’y tenir, je préfère ne pas renoncer à mes plans. Parce que si je ne publie pas une chronique sur ce que j’avais prévu de chroniquer, sous prétexte que je n’ai pas le temps, la rigueur de mon cerveau sera dérangée, et j’aurai le sentiment d’avoir failli, et ce ne sera pas clair dans ma petite tête. Et en plus, je suis quand même fier de mon titre. Ma vie est un peu bousculée en ce moment, du fait de l’événement d’avant-hier, du fait d’un projet qui rame, du fait de quelques problèmes relationnels. Et résultat, ce qui suit sera probablement la chronique la moins documentée sur une artiste, et pour couronner le tout, elle ne sera pas accompagnée de chanson. C’est comme ça.

Dani est une chanteuse et une actrice française. Elle s’appelle Danielle Graule en vrai. Elle a une voix grave. Elle fume. Elle est énigmatique. Elle a travaillé avec Serge Gainsbourg. L’un de ses plus grands succès est Papa vient d’épouser la bonne. Elle devient une icône dans les années 1960/1970. Elle a des grandes dents. C’est pour mieux te croquer mon enfant. Elle rate l’Eurovision à cause de Georges Pompidou qui est mort. Son deuxième grand succès est le duo Comme un boomerang avec Etienne Daho. Elle a récemment été une guest de Sous le soleil, aux côtés de la star Jessica. Voilà.

1 févr. 2007

Le premier jour du reste de la vie

Vous vous demandez certainement pourquoi je ne vous ai pas souhaité Bonne Année sur ce blog. Vous avez probablement attendu jusqu’à hier soir, 23h59, espérant voir un message de sympathie de ma part, vous souhaitant une bonne année, pleine de bonheurs et de réussite, puisqu’il est de coutume d’avoir tout le mois de janvier pour exprimer ses vœux aux personnes qu’on estime. Parce que oui, chers lecteurs et trices, je peux effectivement vous dire que j’ai une certaine forme d’estime pour vous. Non, ceci n’est absolument pas démagogique.

Or nous voilà le 1er février 2007, et je ne vous ai toujours pas souhaité une bonne année. La raison est pourtant simple: j’aurais pu vous écrire mes bons vœux pour l’année 2007, autrement dit en me référant au calendrier grégorien; j’aurais pu me référer au calendrier chinois, et de ce fait, attendre le 18 février pour vous souhaiter une bonne année cochonne (ne voyez pas de sous-entendu salace; ce nouvel an chinois se fera sous le signe du cochon); j’aurais également pu me référer au calendrier persan, au calendrier haab, au calendrier tamoul, ou même au calendrier badi, qui n’a rien à voir avec Chimène, puisque cette dernière n’a pas encore de calendrier à son nom. Mais ces références auraient été vides de sens.

Aujourd’hui, 1er février, c’est le premier jour de l’année rhumanesque. C’est facile à retenir, puisque c’est exactement un mois après le premier jour de l’année grégorienne, dignement célébré en France. C’est aussi le premier jour du mois le plus court de l’année, même lorsqu’il est prolongé d’un jour, ce qui en fait un mois mignon, puisque comme le dit proverbe, tout ce qui est petit est mignon. Le calendrier rhumanesque correspond donc au calendrier grégorien, mais avec un mois de décalage. Il m’apparaissait donc plus normal d’attendre ce jour de fête pour vous souhaiter beaucoup de joie et de plaisirs pour les douze prochains mois.

Bonne Année, mes chers Moomins