24 mai 2009

Chronique d'un bide annoncé

Ils sont trois. Willem, Pagny et Fabian. Trois poids lourds de la scène musicale française à sortir leur nouvel album ce lundi 25 mai 2009. Il faut bien écrire « Trois poids lourds » puisque tout le monde les connaît. En revanche, il est évident que ces trois poids lourds marqueront différemment les ventes de disques en France selon leurs impacts respectifs. Caféine (pour Christophe), C’est comme ça (pour Florent) et Toutes les femmes en moi (pour Lara) vont effectivement être accueillis plus ou moins chaudement dans les bacs.

Pourquoi ? me demanderez-vous. Eh bien parce que chacun de ces trois nouveaux albums ne bénéficie pas de la même attente du public.

Prenons Caféine. Il s’agit probablement de celui qui se vendra le plus, et qui se hissera logiquement en première place du classement albums de Chartsinfrance.net. Christophe Willem propose son deuxième album, deux ans après son frère aîné, Inventaire. Le gagnant 2006 de Nouvelle Star est à la mode. Il soigne son look – au passage, ses cheveux très courts lui vont mille fois mieux que ses cheveux longuets – et son style.

Berlin, le premier extrait de l’album tourne en boucle sur toutes les radios, pour jeunes ou non. Tout est minutieusement calculé pour donner envie à l’acheteur potentiel, d’acheter, justement, ce disque. En outre, ne serait-ce que pour voir si les musiques (et la voix) sont toujours aussi intéressantes et in que dans Inventaire, l’acheteur potentiel sera titillé par le désir de découvrir Caféine. En dehors du fait que Christophe Willem est indéniablement sur le podium qualitatif des artistes ayant gagné une émission de télé-réalité musicale, toute la publicité faite autour de cet album le rend attirant.

L’album de Florent Pagny est quant à lui assez moins attendu. Plusieurs raisons expliquent ce désintérêt relatif. C’est comme ça est le énième album de Florent, ce qui fait que l’acheteur potentiel pense inconsciemment que la majeure partie de sa carrière se conjugue désormais au passé. Il est donc plus intéressant d’acheter un best-of, si tant est qu’on veuille acheter un disque de Florent Pagny, pour retrouver Savoir aimer, Bienvenue chez moi ou Ma liberté de penser, plutôt que des chansons qui ne sont pas connues. Et c’est justement ici le deuxième argument qui fait que C’est comme ça n’est pas réellement attendu, à part pour le noyau dur de fans, noyau que chaque artiste possède heureusement. Les radios diffusent très peu le premier extrait éponyme de l’album. Il faut ajouter à cela que le disque est entièrement (ou presque) en espagnol, ce qui n’incite pas vraiment Josiane, épicière dans sa Lozère natale, à aller courir à son Leclerc le plus proche, pour s’emparer du nouveau Pagny. Néanmoins, les albums de l’artiste atteignent toujours un niveau de ventes honorable, ce qui laisse présager un succès correct.

Là où le bât blesse, c’est quand on arrive au troisième disque important de la journée. Toutes les femmes en moi est un album-concept. Douzième disque de Lara Fabian, il s’annonce aussi comme étant le moins bon. Il est peut-être étrange d’écrire qu’un album n’est pas bien alors qu’il n’est pas encore sorti, mais les extraits entendus sur Internet ne laissent présager rien de bon. Tous les a priori autour de ce disque de reprises risquent de faire payer à Toutes les femmes en moi ce qu’il ne mérite peut-être pas. Lara reprend Barbara, Dalida, Nicoletta et autres chanteuses qui riment en a.

Il suffit en effet d’écouter une seule chanson de cet album pour réaliser que malgré la reprise, Lara Fabian fait du Lara Fabian, parfois même jusqu’à l’extrême, voire jusqu’à la caricature. Elle revient à ses amours naissantes, au temps où elle était moquée à cause de ses décibéliques envolées lyriques. C’est certes ce qui a fait sa notoriété, mais le public n’est pas prêt à recevoir cette nouvelle Lara. Et le disque risque d’en pâtir au niveau des ventes.

Alors que Berlin de Christophe Willem tourne à raison de vingt fois par jour sur NRJ, Soleil Soleil ne passe qu’à raison de deux fois par semaine sur France Bleu pays d’Auvergne. Alors que Florent Pagny fait sa promo dans On n’est pas couché, devant des millions de téléspectateurs, Lara Fabian fait sa promo dans Thé ou café, devant dix-huit téléspectateurs. Malgré le fait que Toutes les femmes en moi soit certainement un album abouti et finalement pas si affreux qu’on le croit, il risque de ne pas faire des étincelles dans les charts. Il n’y a qu’à voir le faible engouement pour la reprise de Nana Mouskouri, qui ne satisfait même pas tous les fans. Contrairement à ce que l’on peut entendre et lire par ci par là, Lara (ni Pascal, d'ailleurs, ni Florent, ni Jean-Jacques, ni Patricia…) n’est pas has-been.

Il suffit juste qu’elle produise un disque original et inédit de qualité pour que les radios le diffusent et que le bouche-à-oreille fonctionne. En attendant, le bide est annoncé. De là à affirmer qu’il se produira…

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