24 sept. 2006

Le Caire, nid de star

Parlons d’un mythe. Ne faites pas l’erreur d’adapter le genre de l’article indéfini placé devant le substantif lorsque ledit mythe est féminin, car cela risque de fausser le sens, particulièrement phonétiquement, puisque orthographiquement, la question ne se pose même pas, en raison du i qui remplacerait le y, et du h qui disparaîtrait. Ainsi, même si Dalida est une femme, nous parlons d’un mythe. Lorsque l’on pense à Yolanda Gigliotti, on pense au disco, à cette chevelure d’or, à cette coquetterie dans l’œil, et à tous ces tubes inoubliables. Dalida est l’une des stars francophones qui a le plus de succès posthumément. Il faut dire que son statut de star de la chanson a été excessivement reconnu de son vivant, la poussant à des moments de dépression intense, même lorsqu’elle était en haut de l’affiche. Dalida est devenue une icône pour les mélancoliques, pour les alcooliques, pour les amoureux des chanteuses à accent grotesque, pour les stylistes kitsch, et pour les âmes esseulées.

Avant d’avoir eu la carrière phénoménale qu’on connaît, Dalida a été, en 1954, Miss Egypte. Cela laisse présager une belle carrière en Egypte pour Maréva Galanter d’ici quelques années… Dalida, au fil des années devient tellement star qu’elle est moquée, imitée, parodiée. Des hommes se travestissent en Dalida. Dalida est tellement parodiée qu’elle devient parodisiaque et en vient même à s’auto-parodier. Elle s’attire les foudres en chantant des chansons très populaires comme Gigi l’amoroso, Bambino ou Laissez-moi danser. Et pourtant, tout son répertoire est ponctué de sons et de paroles tristes. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le répertoire de Dalida n’est pas gai, il est marqué de désespoir. La chanteuse n’a pas eu la vie heureuse, et comme Mike Brant, sa fin tragique est à l’image de son inhérente mélancolie. La vie, le temps qui passe, et surtout la mort, sont des thèmes récurrents dans les chansons de Dalida. Elle chante pour vivre et ne pas mourir, alors que vivre et mourir cohabitent si bien dans ses rythmes. Plusieurs chansons sont mélancogaies (Mourir sur scène, Besame Mucho, Le temps des fleurs, J’attendrai, ou Salma ya Salama), et reflètent cet état d’esprit. D’autres chansons, plus lentes et plus exlicitement tristes, montrent à quel point cette femme était blessée au plus profond d’elle-même par les hommes (Paroles, Paroles), par les années qui défilent (Il venait d’avoir 18 ans), et par la solitude (Pour ne pas vivre seul). Et même si aujourd’hui un vilain monsieur gagne des millions sur le dos de sa défunte sœur, Dalida restera un mythe.

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