Se projeter dans l’avenir, rêver d’un futur excitant, se plaire à imaginer une belle vie… Cela est plaisant. Oui, mais après ? Je veux dire, après la belle vie, après les années en pleine forme, après les années de travail bien payé, que reste-t-il ? Pour le peu que l’on se retrouve seul, il y a Internet pour faire des rencontres, mais il y a aussi les bals et les thés dansants, où chantent les chanteurs qui n’ont pas réussi à percer outre leur département. C’est le thème du film français Quand j’étais chanteur.
Je ne pouvais pas rater ce film, puisque j’allais pendant près de deux heures savourer des chansons françaises des années 70. Toutes n’y passent pas, mais on peut entrécouter des morceaux piochés dans les discographies de Christophe, Michel Delpech ou Sylvie Vartan. C’est une ambiance particulière que d’écouter des vieux slows, dans un casino à la lumière feutrée, peuplé de femmes et hommes très mûrs, ces derniers dansant langoureusement ensemble : les messieurs se balancent de droite à gauche, puis de gauche à droite, leurs mais posées délicatement sur les prothèses de hanches de ces dames.
L’attrait principal de ce film, qui peut également être une dissuasion, est sans conteste Gérard Depardieu. Il est entré dans la peau d’Alain Moreau assez facilement et est touchant. Le chanteur de bal fait rêver les gens qui apprécient les danses de salon, qui regardent Julien Lepers tous les soirs, qui achètent les fauteuils Stana, qui jouent à la belotte tous les mercredis après-midi au club, ou encore qui possèdent l’intégrale de Franck Michael en version remasterisée. Gérard Depardieu est juste et n’en fait pas trop cette fois-ci. Et puis il y a les chansons. C’était quand même un peu pour ça que j’y suis allé. Gérard Depardieu n’est pas un bon chanteur, mais il se la joue crooner. Des tubes tels que Comme un garçon, Señorita, ou Pauvres Diables rythment les scènes mélancoliques. Les silences sont beaux. Le film a parfois quelques longueurs, mais tout est sauvé par les chansons.
Mais un film ne ferait pas rêver la ménagère de plus ou moins cinquante ans sans une histoire d’amour. Le chanteur ringard est en très charmante compagnie : Cécile de France. Tout au long du film, ces deux-là se cherchent, se questionnent, s’aiment, s’engueulent, se sourient. Une romance entre une trentenaire pétillante et un sexagénaire bedonnant, et le tour est joué… C’est beau l’amour.
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