10 avr. 2007

Recyclage

Sur TF1, on a le droit à la différence. On a le droit d’être vieux, nain, ou crétin sans se sentir discriminé. On a le droit d’avoir quatre-vingts ans et d’être commissaire de police, on a le droit d’être bonne sœur et flic à ses heures perdues, on a le droit d’être ange gardien. C’est une bonne chose, me direz-vous (ou pas), mais le problème, c’est que la crédulité du téléspectateur est en péril. Voir un Roger Hanin – qui commence enfin à prendre du recul – s’époumoner dès qu’il doit prononcer son célèbre Navarro, j’écoute parce qu’il n’a plus assez de souffle pour aller jusqu’au bout de ces cinq syllabes à prononcer, c’est particulièrement intriguant. Est-ce que Dominique Lavanant est crédible en tant que sœur-flic ? Est-ce que Natacha Amal est crédible en tant que juge-femme-fatale dont le visage commence à confirmer que les crèmes anti-rides à trop forte dose sont nocives pour la peau ? Est-ce qu’Ingrid Chauvin est crédible tout court ? Dans la maison TF1, on ne s’en soucie pas, du moment que ça marche.

Or parfois, ça ne marche pas trop côté audience, et pourtant, moi, j’ai passé une bonne soirée en regardant Pierre Mondy dans Bac +70, hier soir. En réalité, on ne peut pas dire que l’histoire était très crédible, puisque Louis Morlet, le personnage interprété par l’acteur qui interprète le commissaire Cordier dans une autre série, était à la tête d’une boulangerie. Et du haut de ses bien-plus-que-soixante-dix-ans, tel un fringant lycéen de Terminale S, il se met en tête de repasser son bac pour prendre une revanche sur la vie et impressionner sa petite fille. Là où l’incohérence est au summum, c’est lorsqu’il vient prendre place au sein de l’établissement scolaire, avec ses jeunes camarades de classe. C’est gentillet, certes, mais peu crédible.

Mais heureusement, TF1 n’est pas trop pointilleuse à propos de ces minuscules détails invraisemblables, et nous prépare encore de nombreux téléfilms savoureux, dont le prochain numéro louera les talents de comédien d’un Christophe Dechavanne très convaincant, paraît-il. Tout ceci avant d’apprécier dans un futur encore plus lointain les performances de Jean-Luc Reichmann (oui, lui aussi…) dans un téléfilm pour TF1.

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