28 déc. 2008

Éternuement rhumanesque

« … en lui tapotant légèrement l’épaule droite. Jackie se retourna, l’air de rien. Le mâle au torse luisant avait une main délicatement posée sur son pectoral gauche. L’autre main, la droite donc, caressait les cheveux de cette garce de Jackie, dont les racines grises créaient une dichotomie disgracieuse avec sa blondeur artificielle.

Tout à coup, Philip frappa de sa main quadridigitale à la porte d’entrée. Ne soupçonnant pas l’absence de Jack en sa propre demeure, il insista. Jackie poussa un cri strident de stupeur spasmodique. Jack déposa son gros index sur les lèvres de Jackie, en lui indiquant de marquer un instant de silence. Mais Jackie ne pouvait plus cesser son cri strident de stupeur spasmodique, car son moignon s’était entre temps embourbé dans le ventilateur qui tournait toujours depuis des mois, Jack n’ayant jamais trouvé l’interrupteur. Le cri strident de stupeur spasmodique de Jackie mit alors la puce à l’oreille de Philip. Fort de son instinct de déduction, son sixième sens à lui, Philip en déduisit que la maison de Jack n’était pas vide. Elle était même présentement habitée d’une voix féminine, celle-ci devant logiquement appartenir à une femme. Philip défonça la porte d’entrée. Malheureusement, l’homme, infirme de guerre, se démit l’épaule droite en voulant jouer au héros. Son omoplate était sortie, et du sang avait giclé sur le carreau de la porte d’entrée. Jack courut auprès de Philip afin de lui venir en aide.

Ayant les facultés auditives annihilées par un concert de métal auquel l’avait amenée Bradley la veille, Jackie n’avait pas du tout entendu l’affreux bruit de cascade ratée de Philip. Elle se précipita vers l’entrée de la villa, son moignon dégoulinant sur le linoléum beige à carreaux. Elle reconnut Philip gisant au sol, et aperçut le sang sur la porte d’entrée. Comme Philip était A positif, comme elle, elle préleva les gouttelettes sur la porte d’entrée, avec sa naïveté légendaire et des cotons-tiges usagés. Jackie croyait bien faire, mais elle ne se doutait pas que… »

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