Dans mes portraits de stars de la chanson francophone, j’essaie d’être le plus éclectique possible: hommes, femmes, années 60, années 90, rock, slow… C’est pourquoi avant de parler, la prochaine fois, d’un groupe, dont l’existence a sombré dans l’inconscient collectif, et dont le plus gros succès fut très « bi », je décide aujourd’hui de parler d’un chanteur dont les gens de mon âge se foutent éperdument, si tant est qu’ils le connaissent. C’est un chanteur qui a eu ses heures de gloires dans les années 70/80, mais qui n’a pour ainsi dire jamais eu de groupies, tel un Cloclo ou un Dave une Sylvie Vartan, parce que ses mélodies sont plus proches de celles de Georges Brassens que de celles de Michel Polnareff.
Aujourd’hui ringardisé par mes contemporains, Yves Duteil occupe pourtant une place de choix dans la variété française. C’est un parolier hors pair qui défend la langue française dans ses chansons (La langue de chez nous). Ses albums portent un message d’humanité, de paix, de bonheur et de simplicité, et c’est pour ceci qu’il est apprécié du public. Prendre un enfant est sa plus célèbre chanson; il se porte aux oreilles de tous tel un messager-médiateur entre les enfants, parfois trop peu aimés, et les adultes, parfois impitoyables. Sensiblement le même thème est abordé dans Pour les enfants du monde entier. Yves Duteil est un amoureux des mots, mes également de la musique douce. Aussi est-ce toujours à la guitare qu’il s’accompagne. Il a d’ailleurs montré son attachement profond à cet instrument en composant la chanson J’ai la guitare qui me démange, dans laquelle il ne faut voir aucun double sens. Lorsque la guitare le démange, Yves donne envie de danser, puisque dans La tarentelle, il s’attaque au dur labeur de faire bouger Mesdames et Messieurs. Il y parvient. Et enfin, pour terminer avec ses titres les plus connus, Le petit pont de bois est une ode aux nostalgies et aux souvenirs de la vie passée qu’on voudrait revivre, mais qui font définitivement partie du passé.
Le problème avec Yves Duteil, c’est qu’on a l’impression qu’il n’y a rien de sulfureux ou d’acide, et on peut se dire que c’est un chanteur un peu trop conventionnel. Ceci est bien dommage puisque peu de gens savent qu’il est le maire d’un petit village de Seine-et-Marne, Précy-sur-Marne, et qu’il a collaboré avec Liane Foly, avec Rose Laurens, ou avec Régine. Si ça c’est pas du sulfureux!
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