13 oct. 2006

L'autre dimension

Aux Etats-Unis, le cinéma est capable de tout. Hollywood a d’ores et déjà prévu de porter à l’écran le fait divers qui continue de fasciner l’Autriche: l’histoire hors du commun de Natascha Kampusch.

Natascha Kampusch a été retenue prisonnière pendant huit ans par Wolfgang Prikopil. Elle n’est que très peu sortie d’une pièce à l’abri de tout, véritablement cloîtrée et coupée du monde dans une cave avec une porte de trois quintaux. Elle était à la merci de son bourreau. Nul ne sait aujourd’hui ce qui a bien pu se passer entre le ravisseur et la jeune victime durant huit ans. Elle s’est enfuie en août dernier. Natascha déclare qu’elle ne souhaite en aucun cas évoquer d’éventuels rapports intimes avec Wolfgang. Tout ce que l’on sait, c’est qu’elle avait une vie privée. Privée de tout, certes, mais privée quand même.

Pourquoi de cette histoire sordide faire un film? Probablement parce que c’est davantage vendeur en 2006 qu’un livre. Et pourtant, ce fait divers ressemble étrangement à un livre que j’ai lu l’année dernière: The collector de John Fowles (au cinéma d’ailleurs en 1965, sous le titre français L’obsédé); l’histoire d’un enlèvement, d’une séquestration, de relations platoniques, d’une mort annoncée.

Pour faire un film sur ce sujet, il faut être sacrément vicieux; on aura beau nous dire que c’est pour l’impressionnante obsession de Wolfgang Prikopil, pour l’imaginaire extraordinaire de cette histoire, pour la force de caractère incroyable de Natascha Kampusch, que ce film sera porté à l’écran, et pourtant, je ne peux m’empêcher de penser que cela satisfera surtout les fantasmes de personnages tordus, puisqu’on y verra de la luxure et du trash. Scarlett Johanson et Keira Knightley sont pressenties pour interpréter le rôle de la prisonnière.

La télévision française doit s’en mordre les droits de ne pas avoir eu l’idée plus tôt, d’autant que, niveau moyens financiers, la production aurait pu faire des économies: pas besoin de filmer les extérieurs, ni d’effets spéciaux. Surtout qu’après Marie Besnard, Muriel Robin aurait encore pu être exceptionnelle dans le rôle de Natascha... Mais ne désespérons pas, la France aura peut-être l’idée lumineuse de faire un film sur les deux bébés congelés de Mme Courjault…

Non, du cinéma trash comme ça, pour en mettre plein la vue, c’est surfait, que dis-je, c’est surgelé!

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