10 oct. 2006

Dévorez-moi des yeux

Chaque être humain a quelque chose de beau dans son visage. J'aime regarder les gens, les dévisager, pour les trouver touchants, tenter de déceler la beauté intérieure de chacun, grâce à une ride sur le front, un petit sourire discret, ou des tâches de rousseur. Tous les hommes et toutes les femmes que l'on croise quotidiennement méritent qu'on leur prête attention. Aucun d'entre eux ne s'en doute, mais quelqu'un qui ne les connaît pas s'intéresse à eux, voit leurs tracas, les imagine à la maison, avec leurs enfants, leurs parents, leur soeur, leur frère, leurs amis: moi. Quelqu'un croit passer inaperçu dans la rue; c'est sans savoir que je l'ai remarqué ou quée: sa vie est singulière, et donc loin d'être inintéressante.
Ce matin, je sentais, alors que j'étais assis à ma place, au mileu dans le sens de la longueur du bus mais à gauche dans le sens de la largeur de ce même bus, un regard insistant en ma direction. Evidemment, j'ai l'habitude d'être scruté (pourquoi les gens s'en priveraient-ils?), mais là, c'était vraiment insistant. Au moment où j'ai levé la tête, une jeune demoiselle a très vite baissé la sienne, feignant de regarder ses pompes pourries; j'ai bien compris qu'elle ne pouvait pas être passionnée par lesdites pompes, puisqu'elle fixait un point particulier, la pointe peut-être, gênée d'être démasquée, honteuse d'être vue en train de me dévisager. Je l'ai donc à mon tour observée: elle avait les cheveux courts, bruns, non teints, les yeux bleus, une bouche quelconque. Mais là n'est pas le problème; son visage ne m'était pas inconnu (le mien ne devait certainement pas lui être inconnu non plus, d'où probablement son insistance de regard à mon égard). Et pourtant, il m'était impossible de me souvenir où j'avais déjà vu ce visage. A l'école? Lors d'une soirée? A Auchan? Au bowling? (Euh, non, ça peut être au bowling, j'y vais jamais)
Néanmoins, son prénom m'est réapparu comme par miracle: Elvire. Bien sûr, c'est un prénom qui marque, un peu comme Magda ou Aliénor, mais quand même, j'ai trouvé cela fort de se souvenir d'un prénom sans se souvenir de la situation dans laquelle on a rencontré le porteur dudit prénom. J'aurais peut-être du lui demander l'origine de notre connaissance, mais je n'ai pas osé. Je suis descendu du bus, et notre échange de regards ratés s'est achevé là.
(Ceci n'a rien à voir, mais je trouve Axelle Red très très très charmante ce soir chez Marc-Olivier. Je suis fatigué.)

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