Je ne peux pas vraiment trancher mon opinion quant au fait que Hairspray était meilleur ou moins bon, mais je peux d’ores et déjà affirmer que Mamma Mia ! est bien plus fun que les deux premiers volets de High School Musical. Si je n’ai pas pu attendre la rentrée du cinéma, dès aujourd’hui, avec ses entrées à trois euros cinquante, c’est en partie pour t’orienter, toi, cher lecteur, et toi, chère lectrice, et t’inciter à te précipiter dans ton multiplex favori pour passer deux succulentes heures abbasourdissantes. Je l’avoue, ‘succulentes’ est un peu terme un peu trop dithyrambique pour Mamma Mia !, surtout quand on considère que le début du film est moins succulent que la fin. Le point fort de Mamma Mia ! est le crescendo de plaisir qu’il offre au spectateur.
La critique s’est empressée de dire que le scénario de Mamma Mia ! était vraisemblablement un prétexte pour permettre au quidam confortablement installé sur le siège central de la salle obscure préférée de s’enivrer des tubes d’Abba. La critique a eu raison. Mais le spectateur qui choisit d’aller voir ce film attend-t-il du scénario qu’il soit cohérent et bien ficelé, ou attend-t-il surtout d’écouter les kitschissimes chansons qui ont fait la renommée du groupe suédois ?
Sophie a vingt ans. Elle se marie demain avec Sky. Pour l’occasion, elle a décidé d’inviter son père, qu’elle ne connaît pas, parce que sa mère lui a toujours dit que c’était un homme qui l’avait abandonnée pendant sa grossesse. En tombant sur le journal intime de Donna, sa mère, Sophie comprend que trois hommes peuvent être son père, Donna s’étant amusée avec eux trois l’été de la conception de Sophie. La future mariée décide alors d’inviter ses trois pères potentiels à son mariage afin de découvrir le bon, le tout sans en parler à sa mère. S’ensuivent les situations attendues, habilement tricotées par la mécanique du scénario. Les amateurs et trices de film sentimentaux à l’eau de rose –et je m’en fous de pléonasmer – ne pourront qu’être ravis.
Mais ce n’est finalement pas l’histoire qui est la plus intéressante dans Mamma Mia ! Deux points ont retenu mon attention. Le premier, c’est forcément l’ultra présence des chansons d’Abba. Dès que l’une d’entre elles se termine, on se demande quelle va être la suivante – chacune d’elles collant d’ailleurs parfaitement aux dialogues du film – et on l’attend impatiemment. Les plus drôles sont sans conteste celles qui commencent avec un ou une interprète et qui se terminent avec un chœur improbable de dizaines de personnes en fond, qui dansent et chantent, de préférence sur la plage. Mention spéciale à l’inévitable gay-friendly Dancing Queen, la sympathique Money x 3, et l’inconnue (de moi) Lay all your love on me et ses mâles à palmes très Pet Shop Boys s’éclatant sur les plages grecques.
Le deuxième point à avoir retenu mon attention est le système relationnel joliment dépeint entre les différents personnages du film. Même si Sophie est logiquement l’héroïne du film, Donna, sa mère, tire largement la couverture et devient l’attraction principale. L’intensité du personnage de Meryl Streep s’étoffe tout au long du film, pour atteindre son zénith quelques instants avant le mariage de Sophie. Meryl Streep est sensationnelle face à Pierce Brosnan, lorsque qu’elle lui chante, d’abord doucement, puis puissamment, The winner takes it all, certainement la plus forte des chansons d’Abba, sur le plan émotionnel. La relation mère-fille atteint, elle, son apogée sur Slipping through my fingers, montrant que le temps file inexorablement, et que les enfants grandissent. Ont grandi. Les dernières relations mises en avant sont les relations d’amitié. La fille, comme la mère, ont deux grandes amies, qui les soutiennent. L’humour n’est pas en reste, notamment avec les deux vieilles amies de Donna, qui apportent une touche déjantée à Mamma Mia : Tanya, en plus d’être riche, mange les hommes, mais se méfie des petits blacks, furent-ils excitants, et Rosie, en plus d’être le sosie quasi-parfait de Christine Boutin, est la bonne copine rigolote et contribue au crescendo de plaisir offert par le film, en commençant la chanson finale, Take a chance on me. Puis arrive le bouquet final du film, délicieux. Forcément, Waterloo était difficile à intégrer dans les dialogues du film, alors l’astuce a été trouvée. Thank you for the film. Thank you for the music.
[Source photos : mammamiafans.com]
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