Parce qu’on parle trop souvent de Bill Gates, Bill Clinton, Bill Murray, Bill Cosby, Bill Éboule, ou bien Bill Dubigdil, il est bon de se souvenir d’un autre Bill et de lui rendre hommage. Dans l’un de ses tubes, ces derniers s’élevant à environ un, Bill Baxter chante avec une voix d’homme et une voix de femme. Or la femme chante le refrain exclusivement, ce qui m’a valu de vivre dans l’ignorance pendant environ vingt-deux ans : Bill Baxter n’est pas une femme. Tout citoyen ayant la tête sur les épaules peut aisément imaginer qu’avec un prénom pareil, Bill pouvait être une femme, à l’instar de George Sand ou Jil Caplan, ce que j’ai toujours cru. Mais Bill n’est pas une femme.
Ce n’est pas un homme non plus, puisque ladite chanson, unique véritable tube de Bill Baxter, possède justement une voix de femme dans le refrain, le pont musical, et quelques cris parcimonieusement distillés, validant ainsi ma théorie sus développée. En réalité, Bill Baxter est un groupe, ce qui en fait était très simple à deviner, mais que mon absence d’intérêt pour lui m’a malheureusement conduit à ignorer. Bill Baxter, c’est Joe Cool, Louis Primo et Bo Geste. Or aujourd’hui cette injustice est réparée puisqu’il faut rendre à Baxter ce qui lui appartient.
Et ce qui lui appartient, c’est avant tout ce tube, d’une originalité très discutable, d’une musicalité simpliste, mais qui a le mérite d’avoir un titre savoureusement intelligent : Embrasse moi idiot !. Cette chanson, ce sont en fait les trois hommes qui recensent leurs défauts, et leurs craintes face à leurs belles demoiselles respectives avec qui ils sont en couple. D’où les toniques Embrasse moi idiot ! lancés par la gent féminine pour insister sur le fait que le contact physique vaut parfois bien plus que des discours, aussi éloquents et flatteurs soient-ils.
Mais Bill Baxter, ce n’est pas seulement Embrasse moi idiot !, chanson, au passage, tirée – qui l’eut cru ? – d’un spectacle musical mis en scène par Patrick Timsit, sorte d’aïeul improbable des Aventures de Rabbi Jacob. C’est aussi Bienvenue à Paris, en 1987, un duo avec Trippa Irie, ainsi que quelques blagounettes musicales pour les Guignols de Canal. Mais Bill Baxter, c’est surtout un véritable trésor oublié de la chanson française – expression qui, heureusement pour moi, n’a pas (encore) été déposée – que dis-je, une délicieuse pépite musicale si chère à Flavie F., que le jeune Quentin M. a récemment su sortir de l’ombre (et toucher la lumière), quelque temps après, certes, les Laids crétins des Alpes. Petit avec des grandes oreilles est un petit bijou sorti tout droit des studios de Bill Baxter en 1982, soit trois ans avant Embrasse moi idiot !. Je ne m’en lasse pas.
Cher lecteur, chère lectrice, je te propose donc d’écouter Petit avec des grandes oreilles, doté d’un clip que je n’ai pas choisi, mais que je laisse quand même puisque je n’en ai pas trouvé d’autre. Et comme tu es gentil, et tille, je t’offre aussi Embrasse moi idiot !.
[Précédemment dans Ils ont marqué la chanson française : François Feldman, Ophélie Winter, Claude Nougaro]
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