Parfois je me demande pourquoi je ne suis pas comme les autres. Vous allez me dire que c’est parce que je suis Rhum Raisin, donc par définition unique et inimitable. Certes. Mais quand même. Il m’arrive d’être triste d’être différent. Par exemple, alors que tout le monde a repris le chemin du travail ou de l’école, moi, je suis en vacances depuis le premier septembre. Pas question d’ordonner à mes doigts de pieds de se mettre en éventail, ni à mes doigts de mains de passer la journée à zapper. Alors, fidèle à ma réputation de garçonquifaittoutesleschosesimportantesdelavieenretard, j’ai décidé de me mettre à Facebook, au moment où Facebook commence à perdre tous ses «Ami(e)s»…
Oui, il paraît que Facebook est en perte de vitesse. Le Figaro relatait la semaine dernière que les fans de ce formidable réseau social se désinscrivaient peu à peu. On étale sa vie, à qui veut bien la lire. Pour ne pas vivre seul, on se fait des amis et on les réunit quand viennent les soirs d’ennui. Oui mais voilà, même sur Facebook, on n’est pas à l’abri du pot de colle. Vous savez, le genre de spécimen qui s’incruste dans votre vie virtuelle et qui veut à tout prix, comme Mary, devenir votre ami. C’est pour cette raison que Bill Gates, par exemple, a quitté Facebook. Mais qu’importe, je suis là, maintenant, pour vous faire oublier la morosité de ce site. Même si c’est après tout le monde, Rhum Raisin a désormais sa propre page (à condition de parler du bon Rhum Raisin).
J’étais un peu intrigué par cet engouement suscité par ce site communautaire, comme on dit. Et je ne suis pas déçu: en moins de vingt heures, Rhum Raisin a déjà 27 amis, tous aussi sincères les uns que les autres. Les gens qui ont des vrais amis dans la vraie vie étaient sans doute jaloux des gens qui ont des vrais amis dans la fausse vie, et se sont ainsi créé une fausse vie emplie de vrais amis et de faux amis, sans doute pour pallier le manquer de faux amis dans la fausse vie, si fausse qu’elle en devient vraie par excès de schizophrénie. Je ne sais pas si j’ai été clair, mais en tout cas, c’est ça Facebook. J’ai reconnu des gens dont j’avoue avoir parfois oublié l’existence, des gens que je n’aime pas mais qui risquent de devenir mes amis virtuels, mon prof d’histoire en anglais de Terminale européenne et ma prof d’allemand de prépa…
Si dans la vraie vie, tu n’aimes pas appartenir à des groupes, être mis dans des cases, Facebook t’offre la possibilité de goûter à ces plaisirs et de t’auto-discriminer. Tu peux faire le choix d’appartenir à des groupes tous aussi pathétiques originaux les uns que les autres: Je suis né dans les années 80, Je suis un adepte du Mots Fléchés de 20 minutes en cours, Lutte contre toutes les personnes qui finissent leurs phrases par Ou pas, Je me tape souvent des fous rires tout seul en repensant à un truc, ou encore Chuck Norris ne porte pas de montre, il décide de l’heure qu’il est… Facebook, c’est aussi un excellent moyen pour pourrir ta boîte à mails.
Bref je ne sais pas si je dois me réjouir d’avoir cédé à la folie Facebook, mais en tout cas, ça occupe mes vacances.
(Source: Le Figaro)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire