22 déc. 2006

C'est bon d'attendre

Noël n’est plus une fête que j’aime beaucoup. Cette tradition consistant à offrir et à recevoir des cadeaux me gêne. Pourquoi faire comme tout le monde? Bien sûr, je rentre dans le moule, mais je préfère offrir des cadeaux ou en demander n’importe quand dans l’année, pas le 25 décembre en particulier. En fait, ce que je préfère dans Noël, c’est l’attente: les quelques jours qui précèdent le 24 décembre. On regarde la ville scintiller, on écoute la musique des guirlandes qui brillent, on observe les gens qui se dépêchent d’acheter les derniers cadeaux, dans le froid. On imagine que tous les gens sont heureux, et pourtant, il y a tellement plus de gens seuls et malheureux. Le bonheur des uns éclabousse la tristesse des autres. C’est faux, le Père Noël ne donne pas du bonheur à tout le monde, et évite certaines cheminées; à croire que c’est vraiment une ordure. Et résultat, si les 21, 22, 23, 24 décembre peuvent être agréables, le 25 est parfois triste.

C’est avant la date butoir que l’on prend du plaisir à vivre: on s’imagine que l’on va passer un moment beau et bon avec les gens qu’on aime. Puis arrive le jour J, on le voit à peine passer, et la routine revient vite, la monotonie, et la tristesse de ne plus avoir de date butoir. C’est l’attente qui nous fait vivre. Prenons l’exemple de la Star Academy (oui, sans transition, c’est brutal, je l’admets), c’est excitant de se dire Waouh, c’est ce soir la finale, j’ai hâte. Oui, mais demain? Demain, il faudra en racheter. Non, je veux dire, demain, ce sera fini, et ce n’est plus intéressant. C’est pareil, pour un acteur de théâtre ou pour un musicien, les heures les plus excitantes sont l’avant-représentation, quand le trac emplit tout le corps. Le trac est une sensation de stress, mais un stress étonnamment positif: c’est une pré-jouissance. Sauf que Noël, ce n’est pas une jouissance. Et de ce fait, on ne peut même pas se dire, après coup, Mmm, c’était bon. Après l’acte, tout retombe. On sait que c’est fini, que c’est éphémère, et que ça laisse un goût amer. C’est comme les galettes des rois: pourquoi n’en manger qu’en janvier? C’est ridicule, ce n’est pas plus un dessert d’hiver qu’un dessert d’automne. Alors on déguste l’attente de la galette, parfois davantage que la galette elle-même, et puis après l’arrivée des rois, après leur retour, c’est fini pour un an. C’est bête. Le contenu de cette chronique n’est pas un habile subterfuge pour en arriver aux trois phrases sur les galettes, destinées à me déculpabiliser d’avoir acheté une galette des rois avant Noël.

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