11 mars 2007

Tout l'or d'un homme

Les chanteurs français à voix ont en général une voix aigue. Celui dont je vais parler aujourd’hui a donc une voix aigue. Certes, ma première phrase aurait été plus pertinente si ma deuxième phrase l’avait contredite. Nonobstant cette laborieuse entrée en la matière, je m’en vais vous conter fièrement la fabuleuse histoire de Jean-Jacques Goldman.

Le petit Jean-Jacques naît en 1951. Il obtient son bac à 17 ans, ce qui n’est pas un exploit, c’est une question de date d’anniversaire. Mais, je n’ai pas dit non plus qu’il était idiot; loin de là, puisqu’il fait ses études à l’Ecole Des Hautes Etudes Commerciales du nord. Mais Jean-Jacques est intéressé par la musique. Il chante dans des petits groupes aux noms anglais (Red Mountains Gospellers, The Phallansters), si bien qu’il se fait appeler John-Jack. Mais comme c’est ridicule, il reprend le nom de Jean-Jacques. Et il garde Goldman, parce que Homme en or, c’est ridicule aussi. Puis vient le succès avec un autre groupe, Taï Phong. C’est un succès considérable, formidable, exceptionnel, tellement considérable que je récris considérable une troisième fois. J’essaie d’en faire des tonnes, puisque je suis incapable de citer un tube de Taï Phong, mais comme tout le monde vante le passé glorieux de Jean-Jacques dans son groupe, tout comme celui de Calogero avec les Charts, pour qui rares sont aussi les personnes capables de citer un titre de chanson, comme ça, sans tricher, je fais preuve de fourbitude en bouffonnant.

Jean-Jacques devient véritablement une star avec ses premiers tubes, Il suffira d’un signe, Quand la musique est bonne, Envole-moi, Comme toi, et Au bout de mes rêves. Sa voix haut perchée a tendance à agacer certains détracteurs qui n’hésiteront pas à dénigrer, voire insulter, cette cible considérée comme un castré écervelé. Peu importe, Jean-Jacques continue d’écrire des chansons, et ça marche. Je marche seul devient un tube, La vie par procuration aussi, Pas toi aussi ("Pas toi" étant le titre de la chanson, et non un aparté de l’auteur, autrement dit, moi, destiné à toi, lecteur ou trice, sinon il aurait été grammaticalement plus correct d’écrire "Pas toi non plus", auquel cas, cette proposition indépendante aurait été inutile à cette phrase, entravant peut-être même la bonne compréhension de ladite phrase), tout comme le duo avec Michael Jones-de-la-Star-Academy, repris plus tard par les Worlds Apart, Je te donne. D’ailleurs, si les nuls en anglais pouvaient éviter de choisir cette chanson dans les karaokés, ce serait bien, merci. A noter aussi l’excellente chanson À nos actes manqués. Puis viennent des morceaux plus lents: Puisque tu pars (avec une rime qui est selon moi l’une des meilleures rimes des chansons de Jean-Jacques Goldman: "Et loin de nos villes, comme octobre l’est d’avril") et Là-bas en duo avec Sirima.
Au début des années 1990, le chanteur ouvre une parenthèse dans sa carrière de chanteur solo, et forme un trio avec Michael Jones et Carole Fredericks. Même si ses albums suivants ne semblent pas aussi nerveux que les précédents, la touche Goldman est très reconnaissable. Il signe alors d’autres tubes comme On ira ou Bonne idée. Or depuis six ans et ses Chansons pour les pieds, dont font partie Tournent les violons et Ensemble, pas d’album studio. Et l’on n’y peut rien… Pour occuper son temps, Jean-Jacques organise tous les concerts des Enfoirés, et écrit des chansons pour les autres. Il est de bon ton d’admirer le travail et le talent de Jean-Jacques Goldman. Son talent est indéniable. Il a aussi une grande qualité: la discrétion. Ce n’est pas un people; c’est un artiste. De ce fait, même si on ne l’aime pas, on ne peut pas vraiment lui reprocher quelque chose*.

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*À part peut-être de s’obstiner à travailler avec Céline Dion

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