Il n’y a rien de glorieux dans la prise de la Bastille. Les émeutiers ont mis le feu au bâtiment, des têtes ont explosé, des jambes ont sauté, le sang a giclé. La démarche révolutionnaire des Parisiens a même été approuvée par les régiments de cavalerie d’infanterie et d’artillerie, puisque les soldats ont préféré ne pas marcher sur les émeutiers. Ils savaient probablement que quatre-vingt-onze ans plus tard, Benjamin Raspail allait proclamer le jour de commémoration de la prise de la Bastille jour de fête nationale française. C’était donc uniquement dans une logique esthétique, puisque les soldats auraient très bien pu repousser les révolutionnaires, sauver le pouvoir monarchique, et continuer à laisser pourrir les cadavres dans les oubliettes de la Bastille. Ils auraient pu attendre que la grogne populaire se nourrisse encore davantage des injustices du pouvoir royal, mais ceci les aurait peut-être menés jusqu’au vingt-cinq juillet, jusqu’au dix-huit août, ou jusqu’au treize septembre, or ces dates n’ont indiscutablement pas la classe d’un quatorze juillet.
Le problème, c’est qu’en ayant fait de cette date de commémoration de la prise de la Bastille le jour de la fête nationale en France, il y a un arrière-goût de sang, de brutalité, et de barbarie, ce qui entache un peu la beauté du "quatorze juillet". Finalement, il aurait peut-être mieux valu ne pas se soucier de la beauté de la date, et choisir une date qui ne sonne pas forcément bien à l’oreille. Au Portugal, par exemple, la fête nationale célèbre curieusement la mort d’un grand poète, Luis de Camões, le dix juin. La France aurait peut-être dû faire de même en choisissant de célébrer une grande figure du pays. Mais laquelle? Napoléon? Victor Hugo? Pasteur? Marie Curie? Mike Brant?... Non, c’est impossible, cela aurait créé des jalousies. Gardons le quatorze juillet, c’est tout.
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